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Festival Strasbourg-Méditerranée, chœur de femmes ukrainiennes… Six recommandations culturelles pour octobre

Pour ce mois d’octobre, la sélection culture fait voyager. De la littérature italienne ou algérienne aux chants ukrainiens en passant par du cinéma espagnol et un festival de photographie à Mulhouse.

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Festival Strasbourg-Méditerranée, chœur de femmes ukrainiennes… Six recommandations culturelles pour octobre

Festival européen du film fantastique, Musica, Bibliothèques idéales… Les grands rendez-vous culturels de la rentrée sont passés. Mais le mois d’octobre est aussi marqué par son lot de festivals et autres spectacles prometteurs. Le festival de cultures urbaines Opération Quartiers Populaires (OQP) a déjà commencé au Point d’Eau à Ostwald. S’ensuivent les journées de l’architecture les 13, 14 et 15 octobre, puis par la 32e édition nationale de la Fête de la science du 6 au 16 octobre. Ci-dessous, notre sélection culturelle du mois, qui prend des airs de voyage, de la littérature italienne ou algérienne aux chants ukrainiens en passant par le dixième anniversaire de la biennale de photographie de Mulhouse.

FemiGouin’Fest met à l’honneur le cinéma queer et feministe

Le festival du film lesbien et féministe strasbourgeois est programmé du 4 au 10 octobre aux Cinémas Star et au Cosmos. L’occasion de se refaire quelques classiques, mais aussi de découvrir des pépites. À commencer par le film d’ouverture, Orlando, ma biographie politique, réalisé par Paul B. Preceiado. Ce documentaire expérimental, réalisé par un incontournable artiste et penseur queer, s’inspire du roman de Virginia Woolf, Orlando. Dans cet ouvrage, le personnage principal change de genre. Le documentaire de Paul B. Preceiado poursuit cette histoire hors de la fiction. Vingt-six personnes trans et non-binaires, âgées de 8 à 70 ans, y incarnent le personnage d’Orlando au cours du récit. Une des actrices, Naelle Dariya, sera présente pour l’occasion !

Le FemiGouin’ Fest se tient cette année 4 au 10 octobre aux Cinémas Star et au Cosmos Photo : ACC / Rue89 Strasbourg

En plus des films, le festival se diversifie cette année en proposant des rencontres, notamment avec Alice Coffin samedi 7 octobre à 17h30 pour une conférence intitulée Histoire, perspectives et enjeux de la visibilité lesbienne au cinéma

La journée du dimanche se déroulera sous le signe de l’astrologie au Cosmos. Avec un astro bingo animé par Madame de Kurbis, drag monster et Mizkeen, drag-queer, à réaliser en regardant le film Girlfriends and girlfriends de la réalisatrice espagnole Zaida Carmona. 

Le Maillon donne la parole aux femmes victimes de guerre dans Mothers

Pour inaugurer sa saison, le Maillon propose une œuvre particulièrement ancrée dans l’actualité. Mothers. A song for wartime de Marta Górnicka, jouée dans la grande salle du théâtre les 4, 5 et 6 octobre, donne la parole aux victimes de la guerre en Ukraine. Prenant la forme d’un chœur chantant, 25 mères ukrainiennes, biélorusses et polonaises racontent dans leur langue (le spectacle sera surtitré en français) leur vécu, mais aussi leur lutte contre la destruction. Le chœur prend une dimension politique tout en rappelant les chansons populaires ukrainiennes comme le chtchedryck.

Mothers. A song for wartime de Marta Górnicka sera jouée dans la grande salle du théâtre les 4, 5 et 6 octobre, Photo : Michał Rumas

Ce n’est pas la première fois que Marta Górnicka, chanteuse et metteuse en scène, est programmée au Maillon. Elle y a déjà présenté Magnificat en 2012, Requiemmachine en 2014 et Hymn to love en 2018. Pour ce spectacle, elle s’est nourrie d’une expérience personnelle récente. Pendant plusieurs mois, l’artiste a organisé des ateliers à Varsovie avec des Ukrainiennes exilées, victimes de la guerre et des Biélorusses et des Polonaises qui les accueillent dans leur pays. En a émergé l’importance de la voix, de la culture et des chants ukrainiens, notamment comme moyen d’expression. 

« Elles sont réfugiées, témoins de la violence et des bombardements. Celles qui ont fui avec leurs enfants en Pologne, à Varsovie ou dans d’autres villes d’Europe et d’ailleurs, veulent parler aujourd’hui, utiliser le pouvoir de leur voix pour nommer ce qui ne peut l’être », explique-t-elle dans une interview réalisée dans le cadre du festival d’Avignon. Mothers. A song for wartime, a été réalisé en coproduction avec le Maillon, qui accueille en octobre sa première française.

Au TNS, La Tendresse questionne la masculinité

« Qu’ont hérité les jeunes hommes des modes de pensée et d’éducation de leurs pères ? Quels rapports ont-ils avec les femmes, notamment après le mouvement #MeToo ? Quelles injonctions contradictoires pèsent sur eux ? » Voici une partie des questions qu’aborde La Tendresse, le premier spectacle de la saison 2023 proposé par le TNS, du 4 au 14 octobre. Dans cette pièce mise en scène par Julie Berès, huit acteurs et danseurs tentent de découvrir ensemble, avec leurs mots et leurs corps, ce que signifie appartenir au « groupe des hommes » aujourd’hui.

La Tendresse se joue au TNS du 4 au 14 octobre Photo : Axelle De Russé

Pratiquante de l’écriture de plateau et de la collaboration avec des dramaturges, des écrivains et des chorégraphes, Julie Berès a fait appel aux dramaturges Kevin Keiss et Lisa Guez ainsi qu’à l’autrice Alice Zeniter. Ensemble, ils se sont d’abord nourris d’essais sociologiques, philosophiques, de documentaires interrogeant les différentes masculinités. Ils ont ensuite rencontré une quarantaine de jeunes hommes issus de différents milieux. Il a été question de désir, de sexualité, d’héritage, d’argent, de sentiments, de tendresse… Puis l’écriture s’est finie sur le plateau, après avoir choisi huit interprètes. 

« La Tendresse est un spectacle politique mais pas militant. Il parle d’une volonté de cette génération d’avoir le droit d’accéder à sa tendresse, sa faiblesse, l’aveu de ses échecs, sa fragilité, son émotion – le droit de pouvoir avouer ce qui la fait souffrir. » 

Julie Berès, dans un entretien de Fanny Mentré

Deuxième édition du festival de lutte contre le harcèlement de rue

Discussions, ateliers, moments festifs… Pour la deuxième année, la militante féministe Emanouela Todorova propose cinq jours de festival contre le harcèlement dans l’espace public, du 9 au 13 octobre. Celle qui tient le compte DisBonjourSalePute sur Instagram, devenu une association de lutte contre le sexisme, propose une deuxième édition de son festival après le succès de la première dédiée au consentement. Un stand mobile évoluera au fil des jours du quartier de Krutenau à la gare en passant par Cronenbourg, l’orangerie et le campus d’Illkirch-Graffenstaden.

L’autrice et incluenceuse Camille Aumont Carnel sera présente le 12 octobre. L’année dernière, elle avait fait salle comble avec une rencontre riche en discussion avec le public. Photo : ACC / Rue89 Strasbourg

Parmi les rendez-vous à ne pas manquer, le drag show de la House of Marley qui aura lieu lors de la cérémonie d’ouverture à 20h au Milano Torino Mito, la table ronde Quelles sont les mesures appliquées en Europe le jeudi 12 octobre à 18 h et la lecture / rencontre avec Emanouela Todorova autour de son livre Dis Bonjour Sale Pute. Si la plupart des événements sont gratuits ou à prix libre, il est vivement conseillé de réserver chaque événement sur helloasso. La plupart des rendez-vous de l’année précédente étaient complets ! 

Le Festival Strasbourg – Méditerrannée évoque la littérature de l’exil

L’association Stras-Méd propose jusqu’en décembre une vingtaine d’événements pour mettre en lumière la culture méditerranéenne et les traditions orales ainsi que la littérature de l’exil dans une série de rencontres, promenades et spectacles.

Cette année, Sedef Ecer, Assia Djebar, Hala Mohammad et Frantz Fanon seront mis à l’honneur. Photo : DR Stras-Med

À ne pas manquer, le spectacle autour du livre Trésor national, de la romancière franco-turque Sedef Ecer. Il aura lieu le 5 octobre à 20h30 au Cheval Blanc à Schiltigheim et proposera une plongée dans l’âge d’or du cinéma d’Istanbul, sur les traces d’une actrice et d’un pays marqué, entre 1960 et 2016, par quatre coups d’État. 

Puis, direction l’Italie le 20 octobre, avec la rencontre proposée à l’Institut culturel italien et la poétesse, enseignante et traductrice Rossana Jemma. Dans son recueil La strada verso il canto, elle évoque le déracinement, le risque de perdre son identité, mais aussi le pouvoir cathartique de la poésie. 

Enfin, à réaliser en autonomie, le parcours dans Strasbourg proposé pour rendre hommage à l’Algérienne Assia Djebar, académicienne et femme de lettres ayant été en résidence à Strasbourg. Tombée amoureuse de la ville, elle en a fait l’objet d’un roman, Les nuits de Strasbourg, paru chez Actes Sud. Le festival propose de revenir sur les pas de son héroïne avec un circuit, de l’ancienne prison de la rue du Fil à la flèche de la Cathédrale.

Exposition sur le rapport entre la photo et le monde contemporain à Mulhouse

Pour les dix ans de la Biennale de la photographie de Mulhouse (BPM), l’exposition « 10 ans / 10 photographes » débutera le samedi 7 octobre à la Maison des Bergers, le long du quai des Cigognes à Mulhouse. Jusqu’au 13 novembre, elle réunira dix photographes ayant participé aux cinq éditions précédentes du festival. Pour le vernissage samedi à 14h, une visite permettra de rencontrer les photographes Pascal Amoyel, Christophe Bourguedieu, Nathalie Wolff et Matthias Bumiller. L’organisation d’une table-ronde à 16h à la bibliothèque Grand’Rue questionnera ensuite les enjeux et perspectives des festivals photographiques.

Les visiteurs pourront notamment observer l’exposition de Céline Clanet, Les Îlots farouches à la Maison des Bergers à Mulhouse. Photo : Céline Clanet

La ligne directrice de l’évènement : la possibilité ou l’impossibilité d’habiter le monde transformé par l’activité humaine. Selon Anne Immelé, directrice artistique de la BPM, la programmation soulignera « le rapport de la production photographique à sa contemporanéité ». Les photographies exposées proposeront « des approches sensibles et politiques du monde contemporain », elles interrogeront « la tension entre la nature et l’humain, les frontières et contradictions de la société post-capitaliste ou encore la relation des individus à leur territoire de vie ».


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