
Près d’un an après, l’ex-juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, le Britannique Nicolas Bratza et la juriste suédoise Elisabet Fura font état de « fort soupçons activités corruptrices en faveur de l’Azerbaïdjan » au sein de l’APCE dans un rapport de plus de 200 pages. Certains élus avaient voté contre un rapport du Conseil de l’Europe en janvier 2013, dénonçant la situation des prisonniers politiques dans cette ex-république soviétique. L’affaire avait provoqué la démission du président de l’APCE d’alors, l’Espagnol Pedro Agramunt.

En 2011, le président de l’Azerbaïdjan, Ilhan Aliyev, avait rencontré le président du Conseil européen, Erman Von Ronpuy (Photo European Council / cc)
Millions d’euros et hôtels de luxe
Le nouveau président de l’APCE, Michele Nicoletti, a indiqué dimanche soir que « les parlementaires impliqués sont invités à suspendre leur activité pendant qu’une commission examine leur situation au cas par cas. » Parmi ces élus se trouve notamment Eduard Lintner (CSU), soupçonné d’avoir reçu environ 800 000 euros via des sociétés écrans. Karin Strenz (CDU) a été rémunérée par la société d’Eduard Lintner.
Le parlementaire italien de droite, Luca Volontè, est soupçonné d’avoir accepté près de 2,4 millions d’euros de la part de Bakou. Selon les enquêteurs, Luca Volontè « a joué un rôle important dans le travail de sape » visant à rejeter le rapport de 2013 et aurait reçu de nombreux versements « en provenance d’Azerbaïdjan par l’intermédiaire de sociétés écrans britanniques. »
Parmi les parlementaires français, l’enquête du Monde avait montré que le principal instrument d’influence de Bakou en France est l’Association des amis de l’Azerbaïdjan (AAA), où siègent André Villiers, Jean-Marie Bockel, Rachida Dati et Thierry Mariani à son conseil d’administration.
L’APCE n’a pas de pouvoirs législatifs, elle a été créée par le Conseil de l’Europe pour débattre de la défense des droits de l’homme et… de la lutte contre la corruption. Sa session de printemps doit se tenir jusqu’au 27 avril.