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« Fort soupçon » de corruption par l’Azerbaïdjan au Conseil de l’Europe

Les conclusions de trois experts indépendants sont étudiées lundi sur les accusations de corruption de plusieurs membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), une instance qui siège quatre semaine par an à Strasbourg. L’affaire avait éclaté en septembre 2017 : plusieurs médias ont montré comment l’Azerbaïdjan arrosait nombres d’associations et de structures pour s’attacher …

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En 2011, le président de l'Azerbaïdjan, Ilhan Alyev, avait rencontré le président du Conseil de l'Europe, Erman Von Ronpuy (Photo CoE / cc)

Les conclusions de trois experts indépendants sont étudiées lundi sur les accusations de corruption de plusieurs membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), une instance qui siège quatre semaine par an à Strasbourg. L’affaire avait éclaté en septembre 2017 : plusieurs médias ont montré comment l’Azerbaïdjan arrosait nombres d’associations et de structures pour s’attacher les services ou le soutien de ces élus européens, issus des 47 parlements nationaux membres du Conseil de l’Europe. Les médias avaient alors parlé de la « diplomatie du caviar » (Caviargate).

Près d’un an après, l’ex-juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, le Britannique Nicolas Bratza et la juriste suédoise Elisabet Fura font état de « fort soupçons activités corruptrices en faveur de l’Azerbaïdjan » au sein de l’APCE dans un rapport de plus de 200 pages. Certains élus avaient voté contre un rapport du Conseil de l’Europe en janvier 2013, dénonçant la situation des prisonniers politiques dans cette ex-république soviétique. L’affaire avait provoqué la démission du président de l’APCE d’alors, l’Espagnol Pedro Agramunt.

En 2011, le président de l'Azerbaïdjan, Ilhan Alyev, avait rencontré le président du Conseil de l'Europe, Erman Von Ronpuy (Photo CoE / cc)
En 2011, le président de l’Azerbaïdjan, Ilhan Aliyev, avait rencontré le président du Conseil européen, Erman Von Ronpuy (Photo European Council / cc)

Millions d’euros et hôtels de luxe

Le nouveau président de l’APCE, Michele Nicoletti, a indiqué dimanche soir que « les parlementaires impliqués sont invités à suspendre leur activité pendant qu’une commission examine leur situation au cas par cas. » Parmi ces élus se trouve notamment Eduard Lintner (CSU), soupçonné d’avoir reçu environ 800 000 euros via des sociétés écrans. Karin Strenz (CDU) a été rémunérée par la société d’Eduard Lintner.

Le parlementaire italien de droite, Luca Volontè, est soupçonné d’avoir accepté près de 2,4 millions d’euros de la part de Bakou. Selon les enquêteurs, Luca Volontè « a joué un rôle important dans le travail de sape » visant à rejeter le rapport de 2013 et aurait reçu de nombreux versements « en provenance d’Azerbaïdjan par l’intermédiaire de sociétés écrans britanniques. »

Parmi les parlementaires français, l’enquête du Monde avait montré que le principal instrument d’influence de Bakou en France est l’Association des amis de l’Azerbaïdjan (AAA), où siègent André Villiers, Jean-Marie Bockel, Rachida Dati et Thierry Mariani à son conseil d’administration.

L’APCE n’a pas de pouvoirs législatifs, elle a été créée par le Conseil de l’Europe pour débattre de la défense des droits de l’homme et… de la lutte contre la corruption. Sa session de printemps doit se tenir jusqu’au 27 avril.


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