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« Freaks » fait émerger les premiers monstres sublimes du Giboul’Off
Le Ptit Giboul
Une semaine marionnettes et rock'n'roll pour explorer le Giboul'Off, ce festival unique, monté en collectif, côté scène et côté coulisse. Pour les petits et les grands poissons.
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« Freaks » fait émerger les premiers monstres sublimes du Giboul’Off

par Marie Bohner.
Publié le 24 mars 2017.
Imprimé le 30 mai 2023 à 03:28
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Le Giboul’Off est lancé à Strasbourg. C’était jeudi soir à la Graffeteria avec le très beau spectacle Freaks – marionnettes de bar – de la Compagnie Les Rémouleurs. Un spectacle hors les murs du Giboul’Off qui sera également accueilli au Gobelet d’Or et au Molodoï. Une perle de poésie – avec du brutal.

Dans le décor très hype de la Graffeteria de l’hôtel Graffalgar à Strasbourg, le spectacle est incongru mais le public au rendez-vous. Pour fort coquet qu’il soit le bar a, en soirée, quelque chose d’absent. Nous sommes loin du rade poisseux et tagué qui garde les traces fatiguées des buveurs. Le lieu a quelque chose de pour le moins aseptisé en regard du Molodoï et des décors habituels du Giboul’Off.

Pourtant Freaks fonctionne, là comme ailleurs, en installant une proximité. Un bar comme une scène miniature, des marionnettes comme des émanations de personnages que l’on croit reconnaître. Elles sont monstrueuses, bien sûr, les créatures de Freaks. Comme au cirque, comme dans les rêves, comme à certaines heures de la nuit où les fantômes font loi.

Souvent, lorsque l’on parle de monstres en art, l’objectif est d’éveiller des familiarités et une certaine forme de bienveillance. Les textes de Freaks, tout comme les personnages, sont travaillés avec subtilité et tendresse. Ils évitent les écueils des caricatures grossières pour toucher à une humanité drôle et puissante. Car, à l’image de la Complainte des filles de joie de Brassens, il faut se souvenir que nul n’est à l’abri d’être le monstre de l’autre. Et que ça mérite bien un petit câlin.

Anne Bitran de la Cie Les Rémouleurs à la sortie de "Freaks" (Photo SD / Rue89 Strasbourg)

Anne Bitran de la Cie Les Rémouleurs à la sortie de « Freaks » (Photo SD / Rue89 Strasbourg)


Pour le « non-public »

Lorsque l’on interroge Anne Bitran, metteure en scène, comédienne et marionnettiste de la Cie Les Rémouleurs, au sujet de la volonté de jouer ce spectacle dans les bars, la réponse sonne comme une évidence :

« C’est vraiment écrit pour être joué dans les cafés. Ici le contexte est un peu différent parce que ce n’est pas un café au sens propre du terme. Là où ça a le plus de sens, c’est dans les vrais bistros avec les habitués, le patron qui connaît tout le monde… Le petit rade du coin de la rue. Parce qu’en fait dans les cafés il y a plein de freaks. Plein de gens qui n’ont de place nulle part et qui se retrouvent là. Les cafés sont des lieux très importants où les gens se rencontrent, se confient les uns aux autres, se confient au patron.

Il y a une soif de ce public-là – qu’on appelle le « non-public » dans les institutions, les gens qui ne vont pas au théâtre – pour le sens, les textes. Une soif de thèmes sur lesquels débattre. Ce spectacle-là est vraiment fait pour ça. »

Détail de l'affiche du spectacle "Freaks", vendue à prix libre à la fin du spectacle (Image Cie Les Rémouleurs - Photo MB/Rue89 Strasbourg)

Détail de l’affiche du spectacle « Freaks », vendue à prix libre à la fin du spectacle (Image Cie Les Rémouleurs – Photo MB/Rue89 Strasbourg)


À taille humaine, comme le festival

On retrouve aussi, dans le spectacle Freaks, une communauté d’esprit et de façonnage avec le Giboul’Off. Un label « fait à la main » et « non-vu à la télé » qui créée de la magie à partir de matières brutes et faites maison. La curiosité, la façon de partir de idées avant de se poser la question de moyens.

« Je suis autodidacte. Je n’ai pas fait d’école, j’ai appris sur le tas. À chaque fois que je monte un spectacle je vais inventer les techniques pour faire parvenir ce que j’ai envie de dire. Je vais donc puiser ici et là. Là nous avons utilisé du latex, du stuc, différentes techniques qui correspondaient vraiment à l’univers qu’on avait envie de créer. On n’hésite pas à s’attaquer à des techniques qu’on ne connait pas. »

Il va sans dire que l’on attend avec impatience Les imagiers ambulants de la même compagnie, c’est à dire la déambulation qui commencera ce samedi à 21h Quai de Turckheim. La poésie sans complaisance générée par l’univers graphique des Rémouleurs devrait trouver un écho étonnant sur les façades de Strasbourg. Affaire à suivre !

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L'AUTEUR
Marie Bohner
Marie Bohner
Indépendante, coordinatrice de projets et rédactrice, je travaille dans le champs des droits humains, du développement et de la culture, au niveau international mais aussi en local à Strasbourg.

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