
Plusieurs collectifs appellent à se mobiliser samedi 15 octobre, pour soutenir les populations sans-papiers. Le départ de la manifestation est prévu à 14h, place de l’Étoile.
« Les frontières tuent ! Construisons des ponts, détruisons les murs ! » C’est avec ce slogan que veulent mobiliser l’Action Antifasciste de Strasbourg, le NPA Strasbourg, le syndicat étudiant Solidaires Alsace et le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici 67 ce samedi 15 octobre. Les quatre organisations veulent maintenir l’attention sur le camp de l’étoile et ses tentes toujours plus nombreuses à quelques mètres du centre administratif.
La montée de l’extrême droite partout en Europe
Sur la page facebook de l’évènement, les organisateurs résument leur engagement dans un texte qui dénonce d’abord l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie, mais aussi la montée en puissance des idées extrémistes en France :
« En France aussi, l’extrême-droite fasciste et raciste progresse électoralement, faisant de la préférence nationale la pierre angulaire de son programme (pour le RN) ou agitant le danger du « Grand Remplacement » pour Zemmour. Cette polarisation du débat politico-médiatique autour des thèmes et idées de l’extrême-droite est accompagnée législativement par les lois racistes du premier quinquennat Macron (Asile et immigration, loi séparatisme, etc.) lors de son premier quinquennat. »
Un nouveau projet de loi Asile-Immigration qui inquiète
Dans leur manifeste, les quatre organisations expliquent qu’un nouveau projet de loi Asile-Immigration est prévu en 2023 : accélération des procédures d’expulsion du territoire, diminution des voies et des délais de recours, dispersion des réfugiés sur l’ensemble du territoire français… Un avenir qui inquiète et interroge ces militants :
« Cet environnement hostile aux étrangers nous fragilise toutes et tous. En plus d’unir ceux qui devraient être divisés (les travailleurs et les exploiteurs blancs) et de diviser ceux qui devraient être unis, ce régime d’exception fait office de laboratoire pour des arsenaux répressifs, judiciaires, pour des contre-réformes sociales qui pourraient nous affecter toutes et tous. »
Une manif en soutien aux migrants du Parc de l’Etoile
La mobilisation a également pour but de venir en soutien aux migrants du parc de l’Étoile, à Strasbourg :
« Principalement (issus) d’Europe de l’Est, (ils) fuient la pauvreté, le chômage, les discriminations, la corruption ou les persécutions politiques de leur pays d’origine. Depuis plusieurs mois, ils et elles continuent de vivre dehors, dans le plus strict dénuement, dépendant de la solidarité du voisinage et des associations et vivant dans l’angoisse permanente des contrôles de police. Pour la mairie, la situation est un problème politique à régler plus que des vies humaines (dont des dizaines d’enfants) à protéger. »
Mais il y a aussi des tentes isolées, disséminées dans toute la ville : celles qui sont près du café Brant. Celles sous un pont, un peu plus loin, et bien d'autres.
En bas de chez moi, un homme dort depuis des années dans une sorte de recoin. Deux hommes se sont rajoutés dernièrement...
Je trouve ça très bien, cette manif'. Mais quand va-t-on parler des autres, de cette misère qui s'étale aux yeux de tous ?!
Pour en revenir au sujet qui nous concerne...
Ni la République française ni Strasbourg n'ont pour vocation d'accueillir et de gérer toute la misère du monde.
Avant d'élargir la solidarité aux étrangers et réfugiés en situation irrégulière, elles seraient bien inspirées de commencer déjà par se préoccuper du sort des centaines des milliers de citoyens, françaises et français, dont le quotidien devient de plus en plus précaire. La palette est large, croyez-moi, du smicard humilié qui n'arrive plus à joindre les deux bouts, au diplômé de l'enseignement supérieur qui se sent déclassé, contraint d'accepter des "bullshit jobs" (navré pour cet anglicisme) et de se lever très tôt et parfois de finir sa journée très tard pour une paye dérisoire !
Sans doute cela ne vous parle pas...bien installé que vous êtes peut être, derrière votre petit confort bourgeois et à l'abri des soucis matériels.
En attendant, restez sur votre élan et donnez donc l'exemple en rejoignant les rangs des gentils antifas' et/ou accueillez à bras ouverts et à votre domicile, l'étranger reconnaissant et plein de bonne volonté !
À méditer...la prochaine fois que vous aurez envie de vous fendre d'un de ces commentaires dont vous avez le secret.
Bien le bonjour chez vous ;-)
Merci pour votre " bonjour" que je reçois ce soir.
Vos propos sont simplificateurs et caricaturaux.
Je parle " du terrain" que j'occupe depuis plus de 40 ans , comme je peux, mais en donnant aussi souvent que possible le meilleur de moi.
L'accueil de l'étranger est un modèle d'action.
En effet , la manière dont on traite l'étranger ne se fait pas au détriment de l'accueil des " indigènes" mais au contraire nous aide à mieux les soigner.
Pourquoi voulez-vous que ces actions s'excluent?
Elles se complètent bien au contraire.
Mes premiers patients ont été les "toxicomanes", les SDF et les psychotiques " faits maison" et le restent.
Voilà comment je décrivais il y a 20 ans : "
Car nous ne voulons pas voir certains visages de la misère et acceptons que des patients (qui souffrent à nos portes et qui pourraient bénéficier de la continuité de nos soins et de notre attention) ne parviennent pas à écrire leur histoire médico-sociale.
En effet, le médecin libéral a admit trop souvent que ces patients ne font plus partie de son champ de compétence, et force est de constater que certaines « catégories » d’usagers dépendent entièrement des associations caritatives ou de l’assistance hospitalière.
Les personnes sans domicile fixe ou en situation irrégulière, surtout lorsque leur état impose des prescriptions, des examens et des traitements réguliers ; les chômeurs (qui ne bénéficient plus de la médecine préventive du travail) ; de nombreuses mères célibataires ; les personnes au seuil de pauvreté ; les toxicomanes, les travailleurs de force immigrés victimes d’accident du travail dont les conséquences psychiques sont parfois sans commune mesure avec le caractère en apparence anodin du traumatisme en cause sont victimes de cet état de fait.
Tous ces usagers qui vivent à nos portes, dans nos banlieues, sont les principales cibles et victimes des menaces sociales, psychologiques et politiques qui se traduisent par des difficultés d’accès au logement, au travail, aux soins médicaux, aux conseils juridiques et à la régularisation de titre de séjour, dans un « monde » de plus en plus riche ou l’ultra-libéralisme a remplacé le politique et l’éthique médicale.
Or ils ont mal, ils souffrent, souvent isolés. Les somatisations, l’hypochondrie, l’insomnie et la consommation abusive de psychotropes en automédication peuvent faire fonction d’affirmation identitaire, de sentiment d’appartenance au groupe des-personnes-consommant-des-psychotropes-et-des-antalgiques-et-engagés-dans-les-rituels-d’achat.
Bien sûr, ces stratégies de lutte et de survie psychologiques sont vouées à « l’échec » et source d’insatisfaction profonde mais elles ont été minutieusement élaborées et permettent aussi résistance, survie et résilience.
Comment pourrions-nous soutenir, nous médecins libéraux, notre incapacité à reconnaître ces souffrances dues à l’atteinte des « liens sociaux » (précarisation du salariat, menaces sur la sécurité sociale, délocalisations, dégraissages de personnels dans les sociétés anonymes …faisant des bénéfices) sauf à être prisonnier nous-même d’une pathologie liée au rapport au temps qui nous aveuglerait à force de nous pousser à la précipitation (la durée moyenne d’une consultation de généraliste n’excède pas 10 minutes ; le médecin coupe régulièrement et rapidement la parole de son patient) et à intégrer une sorte de fantasme de toute puissance qui consisterait à contrôler la Douleur, les Emotions, l’Inconfort et même la Mort par la grâce du progrès technique et de la recherche pharmaceutique sans prendre conscience que se serait au prix du renoncement à l’écoute …"
Enfin, si je devais héberger les gens que je soutiens , il me faudrait, depuis 40 ans, le parc locatif du tiers de Bishheim ou la moitié de Hoenheim: ce que je n'ai pas encore atteint malgré ma persévérance professionnelle....
Bonsoir et maintenons le dialogue au service de l' Humain ...
L' Etranger,
C’est l’exotisme des aventures de Tintin au Congo ou de la figure bon enfant des boîtes de Banania d’antant.
C’est le côté sombre du livre éponyme de Camus .
C’est le repoussoir constitué par les vagues de migrants assimilées à une sorte de flux inexorable et dévastateur tel un tsunami.
C’est un statut que les étrangers peuvent avoir en France ou celui d’expatriés pour 3 millions de français de l’ étranger.
C’est le rêve de « l’oncle d’ Amérique ».
C’est une nécessité quand on doit fuir la guerre, la famine ou les changements climatiques brutaux pour sauver sa peau et celle de ses enfants.
C’est une forme d’égalité quand on paye à l’identique la TVA et qu’on est soumis aux mêmes risques écologiques.
C’est le bouc émissaire que l’on va brûler Place de la république le 14 février 1349.
C’est la manne providentielle quand il subventionne le PSG ou Barcelone et achète nos Mirages.
C’est une injustice si on ne peut pas voter aux élections municipales alors que l’on participe entièrement à la vie de la cité et que ses enfants sont scolarisés.
L’étranger c’est celui qui est catégorisé, « essentialisé » ou diagnostiqué.
L’étranger, c’est le malgré nous, dans l’armée ennemie durant la guerre et chez lui quand il revient, dévasté et abandonné.
C’est un indicateur d’avenir et un « prophète », d’une certaine manière, dans la mesure où ce qui arrive aujourd’hui aux étrangers dans une société donnée ( en termes politique, social, économique et symbolique) représente ce qui pourrait toucher les autochtones, les « nationaux », les indigènes, autrement dit les propres enfants de la société en question, d’ici un , deux ou trois générations.
L’étranger, c’est aussi ce qui nous permet de penser la frontière, l’altérité, le lieu et la limite.
C’est une expérience spirituelle pour les figures tutélaires des 3 monothéismes : Abraham fut étranger au pays de Canaan (( Gn 23.4) ; Moïse fut étranger au pays de Madian ( Ex 2.22)
« J’étais étranger et vous m’avez accueilli » ( Mathieu 25, 31-46).
C’est la situation dans laquelle les Rois mages et Jésus se retrouveraient s’ils avaient la mauvaise idée ( pour eux) de revenir parmi nous, aujourd’hui.
C’est une nécessité, particulièrement en ces temps de célébration religieuse ( Souccot, bientôt Hanouka et Noël,...) au risque , alors, de (ne pas) se reconnaître étranger …à soi-même
Rêvons à un monde, où il y a de plus en plus en plus d’étranger, reconnaissons-le ( 70 millions de français pour 8 milliards de terriens) où l’ étranger serait chez lui partout.
Nous pourrions commencer à Strasbourg pour le prochain Noël de la solidarité effective.
Laissons opérer la magie....