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Grève invisible des médecins hospitaliers : de la difficulté de se faire entendre

Ce lundi 3 et mardi 4 juillet, les syndicats des médecins de l’hôpital public appellent à une grève. Ils revendiquent une revalorisation des gardes de nuit et de meilleures conditions de travail. Les négociations avec le ministère de la Santé sont au point mort tandis que les médecins peinent à se faire entendre.

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Grève invisible des médecins hospitaliers : de la difficulté de se faire entendre

Bien qu’ils soient en grève à plus de 50% selon les syndicats à l’origine de ce mouvement social, visant à revaloriser les gardes de nuit et les salaires, les médecins hospitaliers sont très peu nombreux à arrêter de travailler. Car dès que les médecins posent leur préavis de grève, des assignations leur sont attribuées : ils doivent travailler.

« On a une obligation de service public et c’est normal, on ne la remet pas en cause », explique Pierre Wach, secrétaire général du syndicat CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), mais cela réduit à néant le pouvoir de blocage des professions de santé :

« Quand des syndicats dans d’autres secteurs économiques bloquent, ça peut avoir des conséquences sur tout un pays et ils obtiennent gain de cause. Nous n’avons pas ce pouvoir et c’est pour ça qu’on n’obtient jamais rien. »

Les médecins demandent que les primes pour les gardes de nuit s’élèvent à 600€ bruts pour 12 heures de service. Ces primes sont à 400€ bruts, mais en bénéficiant d’une mesure de revalorisation temporaire qui doit prendre fin en août.

Gilles Thiam, secrétaire du syndicat Force ouvrière des paramédicaux strasbourgeois, reconnait aussi qu’il est complexe de mobiliser les personnels de santé :

« La mobilisation est relative, car, une fois que les patients sont à l’hôpital, il est difficile de leur dire de faire demi-tour. C’est humainement impossible. »

Le docteur Harscoat, médecin hospitalier engagé dans la défense de l’hôpital public, à l’initiative de la « minute de silence en hommage à la mort de l’hôpital public« , estime qu’il faut aller plus loin :

« Il faudrait qu’on puisse bloquer l’hôpital, que les gens trouvent porte close pour que le message envoyé soit : “regardez, c’est ça qui vous attend”. Malheureusement, c’est difficile à faire. Nous sommes un peu coincés. C’est difficile de se faire entendre. »

Une opinion publique bien atone

Mais surtout, les syndicats de personnels soignants ne se sentent pas soutenus par l’opinion publique. Du moins, pas assez. Une situation qui effraie Pierre Wash de CGT qui confie :

« L’opinion publique soutiendra massivement les revendications dès qu’elle prendra conscience de la situation réelle de l’hôpital. Mais si elle ne suit pas, alors j’ai vraiment peur pour le futur de l’hôpital public ».

D’après Gilles Thiam, si les gens ne soutiennent pas les médecins hospitaliers grévistes et autres personnels de santé, c’est parce qu’ils ne se sentent pas concernés : « C’est souvent quand les gens deviennent patients qu’ils se rendent compte, pas avant ».

Mais les personnes mobilisées restent combatives. Le Dr Harscoat parle d’un « frémissement » qui se ferait remarquer, Pierre Wash observe que « de semaines en semaines, on a de plus en plus de nos concitoyens qui se rendent compte qu’il y a un réel souci ».


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