
Silencieux jusqu’à présent, le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, a annoncé mardi 29 janvier son opposition à la hausse des frais d’inscription pour les étudiants non-européens. La direction entend appliquer les mêmes droits d’inscription à tous à la rentrée.
Tout a commencé par l’annonce faite le 19 novembre par le Premier ministre Édouard Philippe d’un plan visant à accroître l’attractivité des universités françaises à l’international. La « stratégie Bienvenue en France » consiste à renforcer l’enseignement du français langue étrangère, à faciliter l’accès aux logements étudiants pour les étrangers et à simplifier des demandes de visa.
Mais surtout, elle implique une multiplication par 16 des frais d’inscriptions à l’université pour les étudiants extra-européens. Alors qu’ils payaient autant que leurs homologues français non-boursiers, ils se verront demander 2 770 euros en licence (contre 170€ aujourd’hui) et 3 770 euros en master et doctorat (contre 243 et 380€).
Strasbourg rejoint la contestation
Ces hausses des frais brutales et inattendues par la communauté universitaire ont provoqué une réponse des étudiants mais, c’est plus rare, une levée de boucliers de la part de plusieurs présidences d’universités. Treize d’entre elles avaient déjà affirmé publiquement leur franche opposition à ces augmentations. La dernière en date à rejoindre ce front est l’Université de Strasbourg, pourtant peu habituée à contester les décisions gouvernementales. Son président Michel Deneken a déclaré mardi 29 janvier qu’il « s’engage à appliquer les mêmes droits d’inscriptions pour tous » à la rentrée 2019.
Michel Deneken a pris cette position alors que le congrès de l’Université de Strasbourg était réuni et que sous les fenêtres, une soixantaine d’étudiants et d’enseignants l’appelaient à rejoindre le front du refus aux hausses des frais d’inscription.

Le président de l’Université de Strasbourg prend enfin position publiquement sur les frais d’inscriptions pour les étrangers (crédit c.schröder/unistra )
Le gouvernement tergiverse
L’opposition qui se développe avait déjà fait réagir le gouvernement, forçant la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, à lancer une consultation sur le sujet, qui devrait s’achever fin février. Mais ces discussions n’impliquent pas de changement de calendrier pour l’instant. L’augmentation des frais pour les étudiants extra-européens est toujours prévue pour septembre 2019.
Selon Michel Deneken, cette timide réponse ne change rien aux inquiétudes des étudiants :
« Nous ne pouvons imposer aux services de scolarité et des relations internationales, ni aux enseignants un calendrier d’ores et déjà intenable. En l’état, la hausse des droits est contre-productive, et déjà le nombre de demandes campus-France est en baisse. »
Si le calendrier est maintenu, l’équipe de direction prévoit de contourner la mesure :
« Je m’engage à soumettre au vote du conseil d’administration des dispositions permettant aux étudiants internationaux de se voir appliquer les mêmes droits que les étudiants nationaux. »
Le président de l’Université ajoute que son établissement accueille « un des plus fort taux d’étudiants internationaux ».
Ce qu’Édouard Philippe décrit comme « un choix responsable et mesuré » risque de changer complètement le profil des étudiants étrangers venant étudier en France. Actuellement, la majorité d’entre eux (44,8% pour la période 2016-2017) est originaire d’Afrique selon Campus France, l’organisme qui se charge de l’accueil. Un chiffre qui peut s’expliquer par le faible coût des études publiques françaises et par la maîtrise du français par les habitants de l’Ouest du continent.
Ils prétendent lutter contre les injustices sociales mais ils les fabriquent.
"Silencieux jusqu’à présent, le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken a annoncé mardi 29 janvier son opposition à la hausse des frais d’inscription pour les étudiants non-européens."
Un billet publié il y a quasiment deux mois sur le blog du Monde montre que c'est faux : http://orientation.blog.lemonde.fr/2018/12/06/etudiants-etrangers-les-droits-de-scolarites-explosent-pour-quels-resultats/
"J’y suis réticent. Pas parce que je serais plus social que les autres mais parce que cela pourrait nuire à notre attractivité internationale. Les études c’est ce qu’il y a de plus universel et ce serait lamentable de faire payer plus les étrangers" (06/12/2018)
Evitons les raccourcis sensationnalistes...
1) Les élus d'Alternatives 2017 ("l'opposition" de l'Université) avaient demandé à Michel Deneken d'inscrire cette question à l'ordre du jour du Congrès, une demande restée sans réponse ; de même, DICENSUS avait demandé à Michel Deneken d'inscrire la question des conditions de travail déplorables des enseignants vacataires à l'ordre du jour, une demande sans réponse également.
2) Il aura fallu dès lors que DICENSUS appelle à un rassemblement devant le Congrès, avec le soutien des organisations syndicales, contre la hausse des frais d'inscription et contre la précarité à l'Université de Strasbourg.
Sans la centaine de personnes présentes et la prise de parole de nos représentants au début du Congrès, une telle prise de décision de la part de Michel Denken ne serait sans doute pas advenue de sitôt.
En matière d'engagement social, on a donc connu des Présidents d'université qui avaient plus la foi et qui avait le prêche public plus libéré en la matière...
DICENSUS (Défense et Information des Chercheurs et Enseignants Non Statutaires de l'Université de Strasbourg)
Cette phrase n'a évidemment absolument aucun relent anticlérical... Il serait bon de dépersonnaliser les débats de temps à autres, d'être factuel et d'éviter les travers de la subjectivité ("on a connu" : qui ?, "des présidents" : lesquels ?, etc.) N'est-ce pas le fondement de la démarche scientifique ?
Bref, l'équation Président = Université repose sur un raisonnement qui est faux. En ce sens, des phrases comme "Le président de l’Université de Strasbourg prend enfin position" ou "Silencieux jusqu’à présent, le président de l’université de Strasbourg..." mériteraient donc, à mon sens, d'être corrigées.
Très cher collègue, une pétition pour soutenir vos collègues non fonctionnaires SVP. Ils sont là (las aussi), travaillent dans vos labos, font tourner la boite...