Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Pour le libéral Institut Montaigne, la municipalité écologiste a trop « dégradé les comptes publics »

L’Institut Montaigne, un laboratoire d’idées libérales, relève que la municipalité écologiste a augmenté la dette publique, sans vraiment faire progresser la ville sur les marqueurs écologistes. Un bilan auquel réplique Syamak Agha-Babaei, premier adjoint à la maire en charge des Finances.

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Pour le libéral Institut Montaigne, la municipalité écologiste a trop « dégradé les comptes publics »

Dans un rapport publié mardi 18 juillet sur les bilans à mi-mandat des principales municipalités de France, le think-tank libéral Institut Montaigne dresse un état sévère de l’action des écologistes aux commandes de la Ville de Strasbourg depuis 2020.

Pour l’Institut Montaigne, les principales réalisations de l’équipe menée par Jeanne Barseghian sont la « gratuité des transports pour les jeunes », bien qu’il s’agisse d’une mesure mise en œuvre par l’Eurométropole, et « le lancement de la Zone à faible émission » (ZFE), une mesure également pilotée par l’Eurométropole mais surtout imposée par l’État. L’Institut Montaigne reconnaît « certaines avancées environnementales », dont le plan Canopée, crédité de 3 000 arbres plantés en « conformité avec l’objectif annoncé de 10 000 arbres », et la végétalisation de certaines cours d’écoles.

Pour l’Institut Montaigne, Jeanne Barseghian a trop dépensé depuis son élection (Photo Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg).

Habituel rapport libéral à la dette publique

Mais l’Institut libéral trouve surtout inquiétante la « dégradation des comptes » de la Ville. Les auteurs déplorent que la municipalité écologiste ait « augmenté la dette de la collectivité de 11,7% », alors qu’elle avait « diminué de 5,6% en moyenne entre 2016 et 2019 ». L’Institut admet cependant que la dette par habitant de Strasbourg en 2021 est toujours « nettement en-dessous de celle des autres communes de la même taille ». Mais les auteurs s’alarment à propos de la capacité de désendettement de la collectivité, qui est passée selon eux de 5 années en 2019 à 7 années en 2021. Les auteurs estiment qu’en 2023, elle pourrait se rapprocher du « seuil d’alerte » de 12 années ! Dans leur conclusion, les auteurs du rapport estiment que « les dégradations de capacité de financement et la hausse prévue de la dette constituent un important point négatif du mandat de Jeanne Barseghian ».

Ces éléments font bondir Syamak Agha-Babaei, premier adjoint à la maire, en charge des Finances :

« Ce rapport est truffé d’erreurs et d’approximations, les auteurs ont confondu des chiffres et utilisé des méthodologies qui ne permettent pas d’effectuer des comparaisons. Sur la capacité de désendettement par exemple, personne ne projette des investissements à venir pour la calculer. Bien au contraire, on s’appuie sur les investissements réalisés, souvent inférieurs aux prévisions. Et notre capacité est dans la norme des villes de notre catégorie. »

Pour l’Institut, la municipalité ne prend pas assez en compte la dégradation sociale qui frappe les habitants de Strasbourg, avec « le troisième taux de chômage le plus élevé parmi les grandes métropoles de France (12,1%), l’augmentation des vols et violences dans les transports en commun (+8%, deux fois plus que la moyenne nationale) ». Une remarque qui permet à Syamak Agha-Babaei de pointer les incohérences du rapport :

« D’un côté, l’Institut Montaigne nous dit qu’on dépense trop et de l’autre, il nous accuse de ne pas aider les ménages les plus modestes. Nous avons investi beaucoup plus que l’équipe précédente, c’est un fait car nous pensons qu’il vaut mieux avoir une dette financière aujourd’hui qu’une dette sociale et écologique demain. »

Dernière du classement pour le bio dans les cantines

L’Institut Montaigne s’est aussi intéressé aux efforts des municipalités françaises pour augmenter la part d’ingrédients biologiques dans leurs cantines. Et là, « Strasbourg se classe dernière, loin derrière les autres villes » relate le document, alors même que « Jeanne Barseghian promettait dans son programme une alimentation 100% biologique et locale dans les cantines scolaires ».

Selon l’Institut, la part de bio servi dans les cantines strasbourgeoises n’est que de 30% en 2021, soit « le plus faible ratio des villes » analysées. Ouch. En outre, l’Institut relève que « le prix d’un repas en cantine pour une famille moyenne s’élève à 5,80€. Si ce prix est exactement le même qu’en 2020, au moment de l’élection, il n’en reste pas moins le plus cher de toutes les villes analysées. Un coût près de deux fois plus élevé qu’à Lille (2,61€), Nice (3,15€) ou Bordeaux (3,32€) ».

Syamak Agha-Babaei conteste ces calculs :

« Il y a dix tranches de prix, selon les revenus des familles, soit de 1,5€ à 6,5€ par repas. Le vrai prix moyen est de 3,49€. En outre, plus de la moitié des enfants de Strasbourg paient moins de 3,25€. Quant à la part de bio dans l’alimentation, elle progresse selon les capacités du marché. Nous ne faisons pas du bio s’il faut faire venir les ingrédients de l’autre bout de l’Europe. À la rentrée 2023, ce sera 50% des aliments et 100% du pain servis aux enfants. »

Quant à la transformation écologique de la ville, l’Institut Montaigne n’en voit guère les effets. « Entre 2020 et 2021, 1,7 hectares ont été artificialisés » à Strasbourg, le « chiffre le plus important de toutes les mairies EE-LV » – notent les auteurs, qui reconnaissent toutefois que ce chiffre « est en nette amélioration : une moyenne de 12,7 hectares avaient été artificialisés entre 2017 et 2019 ».

Dans les chapitres consacrés aux autres villes, les auteurs ont inclus des « commentaires de l’équipe municipale ». Strasbourg n’en a pas envoyé car, indique Syamak Agha-Babaei, « quand on a reçu leur questions, on a compris que le rapport était écrit à l’avance, avec des chiffres faux et une méthodologie douteuse. »


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