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Jean-Baptiste Gernet : « La coalition de l’Eurométropole s’exclut elle-même de la gauche »

En vue des élections municipales de 2020, le président de l’Eurométropole Robert Herrmann rejette la possibilité de faire alliance avec Paul Meyer « pour des raisons de comportement ». Face à ces propos, Jean-Baptiste Gernet, membre du groupe politique strasbourgeois « La Coopérative » défend son président de groupe dans une tribune et étrille la coalition gauche-droite de l’assemblée des 33 communes.

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Jean-Baptiste Gernet a été élu pour la première fois en 2014, c'est l'un des plus jeunes élus à Strasbourg (photo Facebook)

De déclarations d’intention en courses à l’investiture, de clubs en think-tanks prétextes, les candidatures issues d’une prétendue gauche eurométropolitaine se multiplient. Même maquillées de collectif, ces initiatives individualistes sont la marque d’un système poussé à bout où l’on se répartit les postes, où l’on prévoit des alliances, où la vanité des destins individuels montre combien certains sont étrangers à la gravité de la période que vivent nos concitoyens : leur exaspération face aux élites, leur attente légitime d’une plus grande efficacité des services publics qui font leur cadre de vie, leur aspiration à revenir à l’essentiel après le drame subi à Strasbourg à la fin de l’année 2018, cela devrait rappeler tous les élu.es à leurs devoirs, pas à leurs ambitions personnelles et au nombrilisme.

Soutien de Benoît Hamon depuis plus de dix ans, membre du mouvement Génération.s et parmi les premiers signataires de l’appel de Place Publique, je pense néanmoins que les étiquettes ne suffisent plus, et qu’un engagement ne peut se mesurer qu’à l’aune de sa cohérence dans le temps et des actes au pouvoir. Il devrait d’abord être question de notre ville, malheureusement dans les déclarations de ces derniers jours, il est d’abord question d’étiquettes et chacun cherche un appareil, existant ou à créer, pour exister.

Les uns veulent à tout prix faire du premier tour un temps pour exister et mesurer le poids d’une étiquette ; les autres veulent trouver la meilleure recette d’une soupe aux étiquettes qui se veut parfois l’artifice d’une union de la gauche, parfois l’artifice d’une capacité à rassembler et à gouverner dans la diversité. Le point commun de ce petit monde est qu’il y aura toujours un moyen de s’accorder pour préserver l’essentiel : le pouvoir et les places au sein d’un système établi.

Au-delà de la droite à Macron

Cette tambouille est d’autant plus indécente de la part de vice-présidents ou anciens vice-présidents de l’Eurométropole qui se prétendent de gauche, mais gouvernent dans une union au-delà de la droite du gouvernement Macron. Un exécutif où les complicités personnelles l’emportent sur des divergences de valeurs que le sens de la démocratie commanderait pourtant d’assumer. Ils sont la caution d’un président conservateur, libéral et pro-voiture, qui joue des pulsions anti-Strasbourg de certaines communes pour renforcer une alliance politicienne dont l’unanimisme sert à épargner les manquements des uns et des autres.

Certains de ces manquements font craquer le vernis de gauche : quand dans une ville où les inégalités augmentent et où les 10% des ménages les plus pauvres ont vu leur revenu annuel disponible baisser de 20% ces dernières années, on augmente le prix du logement social pour les habitants sans répondre aux enjeux de dignité des moisissures et invasions de puces de lit, on s’exclut soi-même du champ de la gauche ; quand, dans une agglomération où les données statistiques mettent à jour une ségrégation ethnique des habitants des logements sociaux, on refuse d’anonymiser les dossiers des candidats pour éviter toute discrimination de la part des élu.es et bailleurs sociaux dans l’attribution des logements, on s’exclut soi-même de la gauche.

De grands schémas qui ne répondent pas aux urgences

Un des problèmes du personnel politique d’aujourd’hui, c’est aussi de se cacher derrière de grands schémas, des plans ou à l’inverse de larmoyantes déclarations sur les réseaux sociaux, sans répondre à l’urgence sociale concrète et quotidienne des habitants. Cette distance de ceux qui ne voient la ville qu’à travers des dossiers froids ou des tweets indignés, produit une violence institutionnelle envers les plus fragiles et les plus discriminés, et c’est une priorité de la faire cesser.

Jean-Baptiste Gernet a été élu pour la première fois en 2014, c'est l'un des plus jeunes élus à Strasbourg (photo Facebook)
Jean-Baptiste Gernet a été élu pour la première fois en 2014, c’est l’un des plus jeunes élus à Strasbourg (photo Facebook)

Je n’oublierai pas qu’à ces défaillances et à cette violence institutionnelle, des élu.es ont ajouté le sabotage de projets de gauche et d’intérêt général, d’abord parce que l’idée ne venait pas d’eux, que le crédit ne pourrait leur en être attribué, mais surtout parce que ces projets étaient portés et incarnés par Paul Meyer dont la cohérence à gauche et la liberté que lui confère son lien direct avec les Strasbourgeois.es, y compris dans les quartiers populaires, inquiètent ceux qui n’ont jamais raisonné qu’à travers des appareils politiciens. Cela a été le cas pour les débuts du marché de Noël Off, comme pour la mise en place d’un périmètre de sauvegarde permettant d’encadrer les évolutions des baux commerciaux, dans l’opposition à l’extension de la zone commerciale nord, etc.

Une alliance pour éviter les écologistes

Le président de l’Eurométropole a déclaré sa candidature et ne connaît, semble-t-il, aucune frontière vers sa droite pour gouverner. En revanche, il attaque une fois de plus Paul Meyer en parlant de « problèmes de comportement » pour stigmatiser le seul leader de gauche qui aura eu la cohérence de s’opposer à son alliance jusqu’à la droite de la droite à l’Eurométropole, alliance qui visait surtout à éviter une majorité de gauche écologiste, aux orientations progressistes et qui se serait opposée au GCO. Cette attitude trahit ni plus ni moins que de l’ostracisme. Une peur de la jeunesse, une peur de la différence, une peur de voir s’effondrer un système à bout de souffle dans lequel il évolue depuis les années 1980.

Le temps de la campagne électorale n’est pas encore venu, et ceux qui nous y précipitent pour tenter d’exister ont oublié qu’il sont d’abord élu.es pour servir.

Dans ce contexte, nous tenterons de ne pas répondre aux coups qui nous sont portés et tiendrons ce qui est notre ligne de conduite : servir les Strasbourgeois.es qui nous ont élu.es, partager plus largement avec eux l’action politique municipale, et préparer l’avenir en profitant du lien privilégié et direct que nous construisons avec les Strasbourgeois.es depuis de nombreuses années.


#élections municipales 2020

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