

La route du Polygone, artère centrale de Neudorf (Photo PF)
La deuxième circonscription du Bas-Rhin, Strasbourg-sud, est un fief de la droite depuis 1958. Mais les socialistes se prennent à espérer « un changement » en juin, car les suffrages exprimés par les cinq cantons confondus penchent vers la gauche. Les comptes sont bons pour le candidat socialiste, Philippe Bies. Quant au député sortant, l’UMP Jean-Philippe Maurer, il mise sur son travail de terrain et sur l’attachement des habitants à son style.
Mathématiquement, la deuxième circonscription est déjà passée à gauche. Dimanche, il y a eu entre Neudorf et Illkirch-Graffenstaden 26 660 voix pour Hollande contre 25 051 pour Sarkozy, soit un écart de 1609 voix en faveur de la gauche. Dans cette circonscription tenue par la droite depuis 1958, mis à part une interruption en 1981, ces 1600 voix et quelques pourraient bien provoquer un mini-séisme électoral le 17 juin 2012.
C’est que la 2e circonscription du Bas-Rhin n’est pas n’importe quelle circonscription : elle a lancé les carrières d’André Bord (ancien président du Conseil régional et ministre sous Giscard d’Estaing) et de Marcel Rudloff (ancien maire de Strasbourg et président du Conseil régional). Leur successeur, Marc Reymann, est resté député de 1986 à 2007, cinq mandats continus que même des poids lourds socialistes tels que Catherine Trautmann et Roland Ries n’ont pas réussi à interrompre. En 2007, l’ancien suppléant de Marc Reymann, Jean-Philippe Maurer s’installe dans ce siège de député mais il ne l’obtient qu’avec 681 voix d’avance contre Philippe Bies, adjoint au maire et de nouveau candidat à la députation.
Alors aujourd’hui que les électeurs de gauche sont 1609 de plus que ceux de droite au dernier suffrage, Philippe Bies espère bien mettre à profit la dynamique de la victoire de François Hollande pour creuser l’écart et l’emporter. Mais est-ce si simple ?
Jean-Philippe Maurer n’est pas inquiet. Dans son bureau de la route du Polygone couvert de coupures de presse, le député rappelle que chaque élection est différente :
« Cette élection présidentielle s’est transformée en un référendum pro ou anti-Sarkozy. Il y a eu un effet défouloir dans une large partie des votes pour Hollande. L’élection législative, c’est un scrutin local, où intervient la personnalité du candidat, ses relations personnelles, son ancrage… Les gens font la part des choses entre Nicolas Sarkozy et ma personne. Je fête le nouvel an 4 ou 5 fois par an: avec les catholiques, les juifs, les bouddhistes, les musulmans, même avec les tamouls ! »
Pascale-Jurdant Pfeiffer jette l’éponge
Ses adversaires comme ses proches reconnaissent que Jean-Philippe Maurer a un talent particulier pour être de toutes les fêtes de quartier, de tous les rassemblements de communautés. Il a d’ailleurs porté le dialogue inter-religieux tout au long de son mandat, un sérieux atout dans cette circonscription qui compte les cantons de la Meinau et du Neuhof. Autre avantage pour Maurer, il n’aura pas à gérer d’encombrant candidat du centre cette fois. En 2007, Pascale Jurdant-Pfeiffer avait obtenu 13,68% des voix mais en 2012, l’élue centriste ne sera pas candidate :
« Je ne me présenterai pas à l’élection législative de la deuxième circonscription cette fois. D’une part, parce que le score du MoDem n’a pas été très bon dimanche 22 avril, et d’autre part, pour ne pas gêner Jean-Philippe Maurer qui va mener une campagne difficile. Je me rappelle qu’il m’a bien aidée en 2011 aux Cantonales, qu’il est issu de l’UDF et que c’est un centriste. J’appelle donc à voter pour lui. »
Jean-Philippe Maurer peut aussi se féliciter du redécoupage des circonscriptions opéré en 2010 par Alain Marleix. La deuxième circonscription du Bas-Rhin a intégré la ville d’Illkirch-Graffenstaden dont la particularité est d’avoir un maire de gauche, Jacques Bigot, président de la CUS, et de voter à droite aux élections nationales. Et ça n’a pas raté, à Illkirch dimanche, le différentiel de voix en faveur de Nicolas Sarkozy a été de 2423 voix (3941 en 2007). La gauche y progresse, mais lentement. Sans l’ajout d’Illkirch, le différentiel en faveur de la gauche aurait été de 4032 voix ! Jean-Philippe Maurer peut dire merci à Alain Marleix ; s’il sauve son siège, le redécoupage y sera certainement pour quelque chose.
La surprise est plutôt venue de la Meinau. Le canton votait habituellement à droite aux élections locales, le voilà dimanche avec 807 voix en faveur de Hollande. Pour Philippe Bies, c’est la mobilisation de la campagne qui a payé :
« On avait senti des frémissements à la Meinau, aux cantonales, Mathieu Cahn y avait réalisé un bon score (46,08% mais toujours 300 voix derrière Maurer, ndlr). Nous avons concentré notre campagne sur les quartiers populaires et ils sont allés voter massivement. C’est bien la preuve qu’il fallait le faire et qu’on a eu raison de dépenser autant d’énergie. La clé du scrutin de juin, c’est la mobilisation. En 2007, il y avait eu beaucoup d’abstention à l’issue de la défaite de Ségolène Royal mais cette fois, on espère bien profiter de la victoire de François Hollande pour mobiliser. «
Eric Schultz, adjoint au maire de Strasbourg et candidat d’Europe-Ecologie, est moins enthousiaste :
« Ça va être très difficile quand même. Car une bonne part du score de François Hollande provient des électeurs de François Bayrou. Or ces électeurs ne votent pas à gauche aux élections locales, ils préfèrent le centre-droit. J’ai regardé les derniers chiffres des votes et cette circonscription est toujours à droite. Les clés du scrutin seront au centre, et à Illkirch, Jacques Bigot doit inverser la tendance. »
Il reste cinq semaines aux candidats pour faire la différence. Philippe Bies et Jean-Philippe Maurer ont tous les deux opté pour une campagne « de proximité ». Marchés animés garantis le mardi matin à Neudorf.
Sur le bilan Bies est pas très bon (on ne se gare plus à Neudorf, la ville a vendu tous ses terrains aux grands investisseurs immobiliers pour faire des logements chic bobo à souhait) tandis que Maurer a fait un travail parlementaire intéressant.
Je ne connais pas le candidat du Front de gauche mais il est AMHA plus intéressant que Bies.
M. Maurer a déclaré aux DNA.fr (publié le 07/05/2012 à 05:00) : "François Bayrou a renié sa famille d’origine. Je ne sais pas s’il y a des miroirs chez lui, mais il aura du mal à se regarder. Il ne trouvera plus son reflet."
Bayrouiste, j'ai voté contre M. Sarkozy en 2007 et 2012. Pourquoi ?
1. Pour une Présidence normale et contre une hyperprésidence (comment s’appelle un régime où un homme décide seul de tout et où les parlementaires se couchent pendant 5 ans ?).
2. Pour des valeurs plus humaines et plus porteuses de créativité, en rupture avec l’obsession de la satisfaction de la Bourse et des amis.
3. Pour nos enfants (et nous) qui ont envie d’espoir et refusent ce discours politique basé sur la peur depuis 10 ans (avec la complicité naïve des médias).
4. Pour l’image de l’Alsace, contre les 22% du FN et contre ses élus UMP, qui en privé disent ne pas être d’accord avec M. Sarkozy et qui en public en font l’éloge permanent. Quel courage ! Reconnaissons cette vertu aux Socialistes de s’exprimer librement et de savoir se rassembler !
5. Enfin, l’insulte inadmissible “Casse-toi pauv’con”, qui à elle seule justifiait le vote contre M. Sarkozy ET ceux qui n'ont pas osé le quitter à ce moment, plus soucieux de leur carrière politique que de leurs idées..
Devant notre miroir, nous avons beaucoup de fierté d'avoir fait le choix de M. Hollande. Vous, en revanche, M. Maurer, arrêtez de regarder les miroirs et écoutez les Centristes et la jeunesse !
Je ne suis pourtant pas vraiment un partisan convaincu de François Hollande, même s'il a des qualités indéniables, et j'attends de le voir à l'oeuvre. Mais alors les pseudo-leçons de morale des élus UMP et Nouveau Centre à Bayrou sont typiques d'une logique uniquement partisane qui préférera toujours ses intérêts personnels aux valeurs de la République.
Bayrou a certes fait un sacrifice important, qui lui coûtera peut-être sa carrière, mais il peut se regarder dans la glace, lui. L'histoire retiendra son geste.
Qu'en est-il de tous ces "centristes" comme Maurer qui se prétendent "humanistes" (!!) et ont soutenu la dérive de N.S. jusqu'au bout sans broncher, tels des godillots?