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Fatigué du bruit ambiant et des invectives, Piet a cherché le consensus cette semaine. Vos asperges, vous les aimez blanches ou vertes ? En ballotins ou dans un risotto ? Au mois d’avril, elle ravit tout le monde, impossible de se disputer sur ce sujet. Encore que… Vous les mangez plutôt en regardant Jean-Pierre Pernaut ou Pascal Praud ?

Retrouvez cet article sur notre site !
https://www.rue89strasbourg.com/la-saison-des-asperges-205310
merci beaucoup pour cet échange de haut vol quoique un peu vif, c'était infiniment plus enrichissant que les commentaires que j'ai pu lire en dessous de mon dessin sur Facebook.
Bien à vous,
Piet
Mais j'oublie sans doute encore des choses. Bref, bonne lecture.
Seb s.
Je viens de lire votre commentaire ( vous n'avez pas la prétention de dire que c'est 1 article j'espère...) et je le trouve insultant et diffamatoire. Il s'inscrit dans l'ère du temps, notre douce époque où la dénonciation sur la place publique précède toute tentative de communication , toute démarche de recherche .
En écrivant ceci vous cédez à la facilité et c'est bien dommage .
Sans cela vous sauriez que les fameux nylons noirs dont vous parlez durent 20 ans et que ce n'est donc pas un crime de les utiliser .
Certains producteurs ajoutent à cette technique de base des mini tunnels au-dessus, ils sont utilisables plusieurs années ou 1 couche de film transparent en-dessous (1 seule saison ) .
Dans ce dernier cas on peut effectivement déplorer l'utilisation unique du nylon, sauf qu'il est 10 x moins épais...
De plus, il n'y a pas pour l'instant d'alternative au nylon car la paille ne se prête pas bien à la mécanisation et l'effet thermique est moins important ...
Ce qui détermine la rentabilité de la récolte d'asperges est le nombre d'asperges par mètre linéaire, or le nylon permet de récolter seulement tous les 2 jours tout en faisant pousser les asperges au maximum.
Sans cela nous devrions balader tous nos ouvriers , qui viennent de plus en plus souvent de France pour votre info, pour quelques asperges.
Cette main-d'oeuvre est payée au Smic quelle que soit son origine ! Cela est bien le minimum , je vous l'accorde, mais les producteurs ne gagnent pas plus.
Aussi, vous semblez vouloir nous orienter vers la production d'asperges vertes ...sachez que le goût n'est pas le même et que cela débouche sur des traditions gastronomiques différentes... Les asperges blanches ne poussent pas à la lumière du soleil car nous voulons justement éviter la photosynthèse. Pourquoi ce choix qui remonte au début des asperges en Alsace? Raison thermique encore 1 fois , le buttage permet de réchauffer le sol plus vite et préserve la blancheur de l'asperge.
Enfin, oui les charges sont lourdes, le prix des plants , celui du nylon et celui de la main d'oeuvre ...ce qui justifie amplement le prix des asperges !
Sébastien Schmitt
Producteur d'asperges et maraîcher bio
Dans un champ, à perte de vue, nous sommes face à une mer avec ses vagues de plastique. Sur chaque sillon, une première couche de plastique blanc plutôt épais, puis une petite couche de terre et au dessous, une deuxième couche de pastique noir, sous laquelle les asperges sont protégées de la lumière du soleil, raison pour laquelle elles sont blanches. dans le sud, les asperges sont vertes car elles sont exposées à la lumière. Donc la culture de l'asperge d'Alsace fait appel à l'industrie du pétrole, et pas qu'un peu.
Peu d'amateurs d'Asperges ont l'occasion de se promener en bordure de champs d'asperges et la grande majorité des personnes dégustent une bonne assiette d'asperges ne se doutent pas de l'utilisation de plastique à grande échelle. Une pollution agricole très importante qui pourrait sans doute être remplacée par une technique d'empaillage, mais je laisse les agriculteurs respectueux de la nature nous proposer des solutions.
De même, ceux qui aiment comme nous manger de bonnes asperges, ignorent que cette culture fait appel à l'industrie chimique, et pas qu'un peu ! Dans tous les champs d'asperges, on trouve également des dizaines et des dizaines de cadavres de sacs de "fertilisants" chimiques, sans lesquels nous n'aurions pas de belles asperges sur notre table. La photographie de ces sacs donne la composition exhaustive de tous les adjuvants chimiques et la liste est longue comme votre note de supermarché. Nous qui pensions que les asperges étaient un légume naturel, nous avons déchantés et n'imaginez pas que c'est juste une exploitation qui fait appel à la chimie des asperges. Non, maintenant nous retrouvons des traces de ces emballages (plastique) sur presque toutes les exploitations.
On comprend mieux, le merchandising Asperge d'Alsace qui cherche à cacher cette culture chimique par un rideau de fumée qui vante la bonne asperge naturelle, avec couleurs vertes, bonne terre fertile... La réalité est moins belle !
Sans le confinement nous n'aurions pas écrit cet article et serions resté dans l'ignorance. Mais il reste une dernière information à partager avec vous, ami lecteur de rue89.
Toujours dans le Kochersberg, nous croisons 4 minibus de location qui transportent des personnes que nous prenons pour des ouvriers du GCO. Mais non, nous les retrouvons une heure plus tard en train de cueillir des asperges dans une mer de plastique, qui brille de mille feux sous le soleil printanier et nous aveugle ! Et les minibus sont garés à proximité.
C'est grâce à ces ouvriers agricoles, que le dimanche nous pouvons déguster notre belle assiette d'Asperges chimiques à 13 euros du Kilo (chez nous en semaine, on mange des patates).
Il est vrai, que l'industrie de l'asperge doit faire venir des ouvriers de pays forts éloignés, payer leurs billets d'avions, payer la location de minibus, payer pour les nourrir, payer pour les loger. Fort heureusement cette main d'œuvre n'est pas exigeante en matière de salaire et de conditions de travail (il ne manquerait plus qu'ils revendiquent comme les français !). D'où le prix des asperges ??? qui ne baisse quasiment pas même en pleine saison !
En conclusion, comme pour beaucoup d'autres sujets, notre société marche sur la tête et devient absurde. Ceux qui craignent un effondrement brutal de notre civilisation ne sont peut-être pas de dangereux complotistes. Ils ont peut-être des lanceurs d'alertes que nous devrions écouter.
En ce qui nous concerne, nous pensons que l'emballement du réchauffement climatique est irréversible car exponentiel. Le point de non-retour a été dépassé. Dans quelques dizaines d'années nous connaîtrons des étés avec des températures de 60 degrés (voire plus) et nous serons tous confinés dans nos sous-sols et garages, ou pour les plus riches, appartements climatisés.
Mais nous nous en foutons royalement, car nous ne serons pas là pour le voir. Donc, nous allons continuer à manger des asperges, à rouler au diesel et à profiter des beaux paysages de notre beau pays.
Pourquoi devrions-nous accepter des restrictions de toutes natures, alors que la pollution des camions et des agriculteurs est 100 000 fois plus importante que la nôtre ?
Nous nous posons cette question chaque fois que nous renonçons à rouler en voiture, à construire notre piscine, à réduire nos déchets.
Bref, vous l'avez compris, nous sommes malgré-nous des citoyens lucides et conscients, et nous avons décidé de réduire sensiblement notre consommation d'Asperges en ce printemps 2021.