
C’est dans des bâtiments difficiles d’accès, souvent désaffectés, que les amateurs d’ « urbex » se retrouvent. Les photos de leurs sorties, très souvent publiées sur internet, permettent de découvrir la beauté de lieux oubliés ou méconnus de la ville.
L’urbex, de l’anglais « Urban exploration », consiste à visiter des lieux difficiles d’accès et abandonnés, comme les catacombes, les usines désaffectées, les propriétés privées abandonnées, etc. Pour ces explorateurs urbains, comme le strasbourgeois Jonathan Ramée, du groupe UrbanX, les motivations pour braver les interdits qui verrouillent ce genre de lieu sont très diverses :
« Il y a autant de démarches que de membres chez UrbanX. Nous prenons tous des photos mais nos motivations profondes sont différentes. Je pratique l’urbex pour des raisons avant tout artistiques et esthétiques. J’essaie de créer des univers imaginaires à partir de ces lieux abandonnés. Matthieu est plutôt attiré par l’attrait historique de certains bâtiments. Maxime est lui poussé par l’esprit d’aventure : l’accès à ces bâtiments est souvent risqué. »
Une pratique parfois dangereuse
Les lieux que les explorateurs urbains visitent sont délabrés, menacent de s’effondrer, libèrent de l’amiante, etc. La pratique de l’exploration urbaine est par essence dangereuse, sans parler des risques juridiques lorsqu’ils pénètrent dans des propriétés privées sans autorisation. Jonathan Ramée ne s’en inquiète pas :
« On ne craint pas l’interdiction d’entrer dans les bâtiments que l’on parcourt parce qu’on n’y fait rien de mal et qu’on n’entre jamais par effraction. Lors d’une de nos sorties, on a été appréhendé par des policiers. Lorsqu’on leur a expliqué les raisons de notre présence sur le site en question, ils nous ont laissés tranquilles. »
Zéro dégradation, zéro vandalisme
Les explorateurs urbains opèrent en général en petites unités. Via leurs publications sur internet, les groupes se connaissent au sein d’une même ville ou région. Pour Jonathan Ramée, il n’existe pas de communauté strasbourgeoise de l’exploration urbaine. Les collaborations sont rares, et comme dans l’univers du graffiti, une certaine rivalité règne entre les différents groupes. Mais les amateurs d’urbex ne veulent pas être confondus avec des vandales. Jonathan Ramée insiste sur cet aspect central de l’urbex :
« On fait très attention à ne pas causer de dégradations dans les lieux que l’on visite. Mais d’autres personnes sont souvent passées avant nous sans prendre aucune précaution. On n’apprécie pas ce genre de comportements. Tout d’abord, c’est un manque de respect envers des lieux qui sont chargés d’histoire. Puis, du point de vue de notre pratique, les différentes formes de vandalisme sont gênantes pour nos photos. »
Daniel, qui se définit comme un « explorateur urbain occasionnel et solitaire », rejette cette volonté de sur-protection des lieux :
« L’urbex, pour moi, c’est une sous-culture assez élitiste. En général, les explorateurs urbains ne donnent pas la localisation de leurs photos sur internet, afin d’éviter les dégradations. C’est ridicule parce que c’est le cheminement logique d’un bâtiment abandonné d’être dégradé. Je ne partage pas non plus cette espèce d’hostilité envers le tag ou le graffiti. Comme les amateurs d’urbex, les tagueurs et les graffeurs ne font que s’approprier ces lieux. J’ai un jour pris des photos dans une teinturerie, près de Dambach-la-Ville, dans le Bas-Rhin. J’y ai rencontré des graffeurs et deux personnes qui jouaient au paint-ball, et c’était très sympa de voir cette usine abandonnée reprendre vie. »
Une petite touche de fantastique
Les explorateurs urbains sont souvent des photographes aguerris, maîtrisant plusieurs techniques différentes. Ils sont notamment nombreux à utiliser l’imagerie à grande gamme dynamique (HDRI), comme Daniel :
« Le HDRI est une technique qui permet de combiner différentes expositions, en gros des luminosités, dans un même cliché, grâce à un post-traitement informatique. Cela peut donner un aspect fantastique aux photos, qui collent bien avec l’atmosphère des lieux abandonnés. »
Alors que certains explorateurs urbains souhaitent prendre des photos sans retouche, d’autres comme les membres d’UrbanX réalisent des mises en scène, notamment avec des costumes.
Une galerie photos de Pics-Troy, photographe strasbourgeois
Pour aller plus loin
Sur Rue89 : Les explorateurs urbains captent la beauté des lieux abandonnés
Res Derelictae : exploration urbaine en Alsace et ailleurs
Quand on fait de l'exploration Urbaine, le plus important n'est pas de prendre juste en photos et de visiter le lieux. Je trouve que le plus important avant tous c'est de s'imaginer le lieux avant son abandon (par exemple dans un maison- d'ou ce renseigner avant) , ressentir l'adrénaline ! c'est tous ça qui font que cette pratique est plus que "Magique".
ps: à chacun son point de vus !
Sur ce, bonne exploration pour les plus courageux d'entre vous!
Ces lieux ne vous appartiennent pas, donc on pourrait penser que ceux qui les découvrent peuvent faire ce qu'ils veulent dedans ( prendre une photo en HDR ou avec un appareil photo jetable ).
Ce qu'on veut surtout, c'est préserver les lieux en évitant de refiler toutes les adresses au premier guignol venu, qui va vandaliser ou piller l'endroit plutôt que de le prendre en photo...
Puis au passage, ce que cherchent certains explorateurs, c'est aussi le calme. Donc on peut comprendre qu'on veuille éviter qu'un lieu devienne trop "touristique".
Maintenant, pour ceux à qui ça ne plait pas, il suffit de chercher soi-même d'autres endroits.
Mais prendre en photo un truc déglingué au grand angle et foutre un traitement dessus, passionnant certes...
Quitte à choquer les âmes sensibles, quand on est pas propriétaire d'un lieu, en quoi on serait plus en droit que quelqu'un d'autre de dire ce qui est bien ou pas d'y faire?
Manquerait plus qu'on soit obligés de l'indiquer sur demande !
Va falloir arrêter de lire entre les lignes et de pratiquer l'onanisme mon cher Eldrad.
Non, je parle du fait que ces lieux n'appartiennent ni aux gentils urbexeurs ni aux méchants tagueurs pour que l'un ou l'autre de ces groupes y décident quoique ce soit.
Tu vois, c'était pas la peine de s'ennerver ^^
Bon! pas grave, on va pas s'énerver parce qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Seul reproche: les photos sont vraiment pas...comment dire...Y a pas que Flickr et le HDR pour se former...
[...Etudiant à l'EHESS de Paris, colmarien, en stage à la rédaction de Rue89 Strasbourg cet été. Anciennement étudiant à Strasbourg, je retrouve cette ville avec grand plaisir...]
Et quand on en dit trop, on parle aux journaleux pour se trouver une légitimité...
« En général, les explorateurs urbains ne donnent pas la localisation de leurs photos sur internet, afin d’éviter les dégradations C’est ridicule parce que c’est le cheminement logique d’un bâtiment abandonné d’être dégradé. »
... et aussi de montrer à tout le monde qu'on fait des "endroits de fous" quitte à donner envie à des gamins de 12 ans de faire les yamakasis dedans pour qu'ils puissent faire une belle chute dedans.
C'est aussi le cheminement d'un bâtiment abandonné d'être rasé par les pouvoirs publics parce qu'il pose des problèmes de sécurité.
Il y'a une communauté "urbex" sur strasbourg ( un mot que je déteste, c'est un terme "cassier" cher aux journaleux qui me fait penser à une maladie vénérienne). Elle existe, et on en a la preuve dans cette article.
D'ailleurs, ils ont tout appris Bernd et Hilla Becher, c'est bien connu...
Comme dit Cosa, vous vous contredisez vous même....
Vive la mentalité...
Nous sommes bien du "Take nothing but pictures, leave nothing but footprints"
Rénovation ou réhabilitation ont parfois du sens, parfois non (sans déc, c'est quoi l'intérêt de réhabiliter une villa de la fin des années 50?) La vrai question sont celles de la mémoire, surtout de la mémoire ouvrière, et de l'adéquation à un projet urbanistique novateur (sans forcément de tabula rasa). Le danger est aussi de voir disparaître les usines des centres-villes, et donc l'idée de travailler et vivre au même endroit, évacuant la problématique du développement comme celle du rapport de la production au besoin collectif...
A partir du moment ou ces friches ont besoin d'être mises en lumière pour leur rapport passé et futur à la collectivité et à l'homme, en faire des fantasmagories HDR, c'est moins bien qu'en faire des espaces de vie, serait-ce du loisir, et de revendication. Parce que si les photographes veulent vraiment faire perdurer ce qu'ils photgraphient, il conviendrait alors de verser un obole plus que symbolique aux conservateurs publics!
Et non, les explorateurs ne sont pas à mettre dans le même sac que les taggeurs et les airsofteurs. L'amateur d'urbex entre sans effraction, prend des photos et disparait. Les deux autres n'ont aucun respect pour le lieu, le dégradent et gâchent la visite des prochains.
Voilà une bonne différence entre ces deux milieux. Un est intéressé par la sauvegarde du patrimoine et se réjouis d'une réhabilitation de bâtiment. La photo est une façon de garder une trace de ce bâtiment et de ce patrimoine. La démarche des grapheurs est tout autre.
Une des règles les plus importantes de l'exploration urbaine est de laisser les lieux intacts, sans aucune trace de notre passage. Voilà la GROSSe différence avec des amateurs de graf' ou de paintball !