
La SNCF a annoncé que la gare de Strasbourg ne serait plus desservie par l’iDTGV à partir du 9 décembre, soit un an presque jour pour jour après que Mulhouse a été également privée de ce service. Inaugurés en 2007, les trains siglés iDTGV permettaient aux Strasbourgeois de se rendre dans la capitale à des prix très attractifs, à condition de s’y prendre bien en avance… Désormais, c’est le même service pour tous ou presque.
Les prévoyants qui pouvaient planifier un voyage à Paris quatre à six mois à l’avance pouvaient payer leur billet de TGV 19 euros pour une place en seconde classe et 39 euros en première, sans carte de réduction. Exclusivement vendu sur Internet, le tarif était imbattable et en plus, les trains bénéficiaient d’un ensemble de petites innovations marketing qui pouvaient agrémenter le voyage.
Les iDTGV étaient disponibles une fois par jour seulement, sur les coups de 11 heures depuis Strasbourg. Ils étaient souvent couplés avec des TGV réguliers. Un chargé de communication de la SNCF en Alsace explique les raisons qui ont poussé le transporteur ferroviaire à abandonner cette offre sur la ligne Est :
« L’ambition était d’enrichir les temps de voyage de notre clientèle tout en s’adaptant au profil de chacun. Il y avait des environnements iDZEN pour ceux qui voulaient se relaxer dans un environnement calme, iDZAP pour que les passagers puissent se rencontrer et échanger pendant leur trajet. »
Une suppression difficile à comprendre
Mais alors pourquoi supprimer un concept qui fonctionnait si bien jusqu’à présent ? Mystère… Serait-ce parce que la ligne Est est un succès commercial avec des taux de remplissage supérieurs de 3% à la moyenne nationale et qu’il n’y a donc pas lieu de proposer des promotions agressives ? La communication de la SNCF réfute et se borne à préciser :
« On avait des taux de remplissage d’environ 70% sur les iDTGV, ce qui est un taux moyen. La décision a été prise d’utiliser la marque iDTGV pour se positionner sur les destinations à plus de trois heures. Il n’y aura pas moins de places sur la ligne Est, il y en aura même plus, puisque les trains TGV EuroDuplex (trains à deux étages) seront mis en place au début de la saison hivernale le 9 décembre. »
La SNCF espère ainsi muscler son offre face à la concurrence sur les lignes internationales de voyageurs, notamment la compagnie Thello qui dessert la ligne Paris-Venise quotidiennement depuis la fin de l’année 2011. La décision de suppression de l’iDTGV concerne aussi les deux gares lyonnaises (Part-Dieu et Perrache). Parallèlement, la SNCF trouve plus intéressant de créer des liaisons… de bus, avec iD BUS, une compagnie de cars pour voyager vers l’Europe du Nord mise en place durant l’été.
L’annonce tombe mal pour les nombreux Alsaciens qui utilisaient ce service, surtout alors que la SNCF est mise en cause dans sa politique tarifaire sur la ligne TGV Est, similaire à celle des autres lignes à grande vitesse alors que les impôts des Alsaciens ont largement contribué au financement de cette ligne. La SNCF doit prochainement annoncer un service « low cost » appelé TGV Eco. Mais sera-t-il aussi performant sur les prix que l’était l’iDTGV ? A voir.
Cela correspond à une hausse de 6 euros pour la deuxième classe et une baisse de 1 euros pour la première classe.
- Il serait intéressant de connaitre l’évolution du volume de places en TGV PREM's suite à la disparition du service iDTGV.
- Aurons droit à des services iDTGV sur des lignes comme Strasbourg-Nantes, ... ?
La critique est facile mais l'art d'apporter des réponses est plus difficile, le journalisme d'investigation en somme.
Un dernier point sur le financement de la LGV Est:
- Depuis plus de dix ans, plus aucune nouvelle LGV n'est réalisée sans la participation financière des collectivités locales et/ou un partenariat public-privé (PPP). Une préférence pour le mode de financement?
- La Champagne-Ardenne, la Lorraine et l'Alsace, y compris des collectivités locales rattachées à ces régions, ont financé la LGV Est (première phase) à hauteur de 660 millions d'euros. La clause de "retour de bonne Fortune" à pour l'instant permis une redistribution de 122 millions d'euros à ces trois régions pour la période 2007-2012. Les prochaines échéances de retour sur investissement sont programmées en 2017 et 2027, si la LGV Est est bénéficiaire pour RFF. Cette somme de 122 millions d'euros est entièrement reversée dans la réalisation de la deuxième phase.
Source:
http://www.ccomptes.fr/content/download/43254/693306/version/1/file/ALR201207.pdf
C'est le fameux document de la chambre régionale des comptes d'Alsace (30 pages) qui a défrayé la chronique, disponible pour le public depuis juin 2012.
Le Grand Est a besoin de nouvelles infrastructures. Les femmes et hommes politiques ont eu le courage de s'entendre sur de tels investissements (LGV Est, LGV Rhin-Rhone, canceropôle Grand Est, ...) et de défendre ces dossiers.