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L’Insee voit l’économie alsacienne atone

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L’Insee voit l’économie alsacienne atone

L'industrie alsacienne a connu des jours meilleurs (Photo _Mekhtoub_ / FlickR / CC)

L’institut de statistiques vient de publier ses indices de conjoncture économique pour les trois premiers mois de l’année 2012. En résumé selon l’Insee, l’économie alsacienne est « atone » et l’emploi « en léger recul ». Mais pour Frank Becker, directeur adjoint de l’Adira, agence de développement économique du Bas-Rhin, ces sommes de chiffres sont trop générales, l’économie alsacienne est dans une situation plus contrastée.

Le taux de chômage concerne 8,7% de la population active en Alsace, contre 9,6% en France. Est-ce à dire que l’Alsace a gardé son statut de région industrielle pourvoyeuse d’emplois ? Pour l’Insee, l’Alsace rejoint doucement le concert des régions françaises : repli (léger) dans l’industrie et la construction, hausse du chômage comparable à celle de la France, et progression de la fréquentation hôtelière (+1,9% en Alsace, +2,5% en France).

Karin Demésy, de l’Insee Alsace, note que cette accélération de l’activité touristique est singulière à la région :

« Dans les 2,5% d’augmentation de l’activité hôtelière française, il y a la région Île-de-France, qui concentre la majeure partie de l’activité touristique française et qui profite du boom des touristes en provenance des pays émergents et asiatiques. Donc une progression de 1,9% pour l’Alsace est le signe d’une forte activité régionale. »

Et voilà, l’Alsace est devenue un musée ! Les touristes du monde entier se sont déplacés pour voir nos colombages et nos marchés de Noël. Nos usines vont-elles aussi finir en vestiges à visiter ? Après une baisse en 2011, le chômage est reparti à la hausse au premier trimestre 2012 (+0,4 point dans le Bas-Rhin, +0,2 point dans le Haut-Rhin). Pour la première fois, le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A (chômeurs actifs) a dépassé les 80 000 (+2,4%).

Pour autant, l’Insee note que si « les effectifs diminuent dans l’industrie, après quatre trimestres d’augmentation, et continuent de reculer dans la construction. Seul l’intérim reprend, mais la hausse de 1,6 % ne compense pas les pertes enregistrées par ailleurs ».

Hausse de l’intérim, l’activité existe !

Pour Frank Becker, directeur-adjoint de l’Adira (agence de développement économique du Bas-Rhin), cette hausse est très significative :

« Il faut sortir de cette vision statisticienne et pessimiste de l’économie. La photo de l’Insee est trop imprécise. En Alsace, les entreprises ont réalisé une bonne année 2011 dans l’ensemble et 2012 prend le même chemin. Ce qu’il manque aux chefs d’entreprises alsaciens, c’est la confiance dans l’avenir. Et on voit qu’ils embauchent des intérimaires parce qu’ils ont une activité en hausse, mais pas suffisamment confiance en l’avenir pour des contrats en CDI. L’Alsace reste une région industrielle, elle est perçue comme telle dès qu’on franchit nos frontières. Rappelons que dans les 12 derniers mois, l’Alsace a reçu les investissements de 50 millions d’euros chez Mars, 40 chez SEW Usocome, 40 chez Syral, 17 chez Roquette frères et j’en passe. »

On pourrait aussi ajouter les 60 millions d’euros investis par Leclerc dans les Coop Alsace. Mais l’économie alsacienne sort secouée des plans de reprises qui ont ébranlé des fleurons régionaux comme Caddie, Lohr Industrie ou encore Stracel – UPM. Et d’autres mauvaises nouvelles sont attendues pour les entreprises alsaciennes du secteur automobile, sous-traitantes de PSA.

L’Insee n’est pas très optimiste non plus sur la situation du bâtiment. L’institut note un recul de la construction neuve, malgré une bonne tenue de l’activité due à la poursuite des travaux engagés en 2011 :

« Le nombre de logements commencés au cours du trimestre est en net repli, réduit de plus de moitié par rapport au trimestre précédent et d’un quart par rapport au 1er trimestre 2011.  Les autorisations, restées dynamiques en 2011, marquent le pas. Dans la construction de locaux non résidentiels, la tendance est à la baisse, pour les mises en chantier et pour les autorisations. »

Pour aller plus loin

Télécharger la note de conjoncture de l’Insee Alsace (PDF).


#Adira

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