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Jeudi 1er février, cinq syndicats appellent à manifester contre la « destruction de l’Éducation nationale »

Cinq syndicats alsaciens participent à la journée de mobilisation pour défendre l’éducation publique « en danger » le jeudi 1er février. Tamar Bouissou, secrétaire départementale du syndicat enseignants de Force Ouvrière (SNFOLC), fait le point sur la mobilisation à venir.

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Jeudi 1er février, cinq syndicats appellent à manifester contre la « destruction de l’Éducation nationale »
Tamar Boissou, secrétaire départementale du Syndicat National Force Ouvrière Lycées Collèges (SNFOLC).

Les syndicats SUD éducation, la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), la CGT Éducation, le Syndicat National Force Ouvrière des Lycées et Collège (SNFOLC) et le Syndicat des Enseignants Unsa 67 appellent le personnel scolaire à se mobiliser le jeudi 1er février. En Alsace, une journée de grève et des manifestations sont prévues à Strasbourg et à Mulhouse. Tamar Bouissou est professeure de français dans un lycée. Elle est aussi secrétaire départementale du SNFOLC. Interview.

Rue89 Strasbourg : quelles sont vos revendications pour cette mobilisation ?

Tamar Boissou : Cela fait plusieurs années qu’il n’y a pas eu de mobilisation pour défendre spécifiquement l’éducation nationale. Nos revendications sont donc multiples. Tout d’abord, nous demandons une revalorisation des salaires. Cela passe par l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires qui est actuellement gelé. Il y a eu des primes, mais ce n’est que temporaire et cela ne compte pas pour la retraite.

Nous demandons aussi des mesures salariales pour le personnel éducatif comme les assistants d’éducation (nouveau nom des surveillants, NDLR). Ils doivent avoir le même statut salarié que nous. Au sein de l’éducation nationale, ce sont eux les plus précaires.

Nous demandons aussi plus de personnel. La politique de division en groupes de niveau voulue par l’ancien ministre de l’éducation Gabriel Attal nous demande de faire plus d’heures mais avec les mêmes moyens humains. Avec le nombre réduit de places aux concours, il y a aussi moins en moins de professeurs remplaçants disponibles…

Des réformes contestées

Concernant les réformes, nous nous opposons à la fusion entre les assistants d’éducation et les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Cela mènerait à une réduction de ces emplois spécialisés qui sont pourtant nécessaires.

Du côté des lycées professionnels, nous considérons que la réforme qui s’applique depuis la rentrée 2023 n’est pas la bonne. Les enseignements théoriques sont réduits au profit de la pratique professionnelle. Ce sont en majorité les enfants les plus pauvres qui sont dans ces établissements. Cette mesure va renforcer le déterminisme social en rendant plus difficile une réorientation et l’entrée à l’université. Elle supprime tout un pan de l’éducation qui permet aux élèves de s’ouvrir au monde et d’acquérir de la culture générale.

Que pensez-vous des annonces récentes concernant l’éducation, notamment l’expérimentation de l’uniforme dans 100 établissements ?

Il y a une dissonance entre les annonces publiques, où l’école est beaucoup évoquée, et la réalité. L’uniforme n’est pas une solution sinon ce serait une mesure que l’on défendrait. Cette décision est à mettre en lien avec le Service National Universel (SNU). Nous ne voulons pas que l’école devienne un théâtre de la militarisation du gouvernement. Ce ne sont pas les valeurs que nous défendons. Notre objectif est de permettre aux enfants de devenir des citoyens indépendants qui peuvent penser librement. Nous ne voulons pas les formater et les mettre au pas.

Avez-vous décidé de vous mobiliser suite à la nomination de la nouvelle Ministre de l’éducation ?

L’appel à manifester date d’avant le remaniement gouvernemental et la nomination d’Amélie Oudéa-Castéra. Pour nous, le sujet n’est pas une question de personne, mais de politique. La feuille de route pour l’éducation nationale, c’est Emmanuel Macron qui la décide. Et depuis l’arrivée de Jean-Michel Blanquer, il y a des problèmes structurels. On ne peut plus prétendre que le gouvernement défend l’école alors que nous voyons une toute autre réalité au quotidien : un processus de destruction de l’éducation nationale est en cours.


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