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Manufacture : Strasbourg met la pression sur Imperial Tobacco

Imperial Tobacco, propriétaire de la Manufacture des tabacs, 22 000 m² au cœur de la Krutenau à Strasbourg, n’est pas pressé de vendre. La communauté urbaine de Strasbourg, elle, est désormais pressée d’acheter. Pour peser dans une négociation au point mort, la collectivité lance une procédure de déclaration d’utilité publique, pouvant aboutir à une expropriation d’ici 18 mois.

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Manufacture : Strasbourg met la pression sur Imperial Tobacco

Pièces en enfilade, dans l'une des ailes de la Manufacture (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Pièces en enfilade, dans l’une des ailes de la Manufacture – 24 heures d’architecture, octobre 2012 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Roland Ries l’avait annoncé lors du lancement des 24 heures de l’architecture, fin octobre 2012 : la communauté urbaine de Strasbourg souhaite désormais acquérir la Manufacture des tabacs, un ensemble industriel immense – près de 23 000 mètres carrés – en plein cœur de Strasbourg. Longtemps indécise sur le contenu du projet, pour lequel une étude a été lancée en 2011, la collectivité a aujourd’hui défini les contours de la future occupation des lieux.

50% des locaux pour l’Université

L’Université de Strasbourg devrait occuper environ 50% des locaux, plus que prévu (20 à 40%), donc. S’y installeront sur 12 500 à 14 500 m² le pôle géosciences et une partie des activités de la Haute école des arts du Rhin (les Arts décos). Près de 4 500 m² seront dévolus à un « pôle de production créatif et solidaire ». Divers types de petites entreprises pourraient s’y installer, temporairement ou non, pour faire maturer leurs projets. Un troisième « pôle d’animation urbaine et de vie de quartier », sur 4 000 m², accueillera probablement une auberge de jeunesse au concept modernisé et des salles accessibles aux associations du quartier, comme l’école de musique des Bateliers.

La manufacture a été construite dans les années 1840 (Imperial Tobacco)
La Manufacture a été construite dans les années 1840 (Imperial Tobacco)

Coût de l’opération : 61 millions d’euros. Sur cette somme, 11 millions sont nécessaires à l’acquisition du site par la CUS. C’est le premier acte dont dépend la suite des événements. Depuis l’arrêt de l’activité sur le site en 2010, le groupe Imperial Tobacco, propriétaire de l’antique Seita, est vendeur. Il a signé une promesse de vente avec le promoteur immobilier strasbourgeois Scharf, promesse renouvelée récemment, selon le maire de Strasbourg Roland Ries. Objectif pour Imperial Tobacco : vendre au meilleur prix (on parle de 15 à 20 millions d’euros). Pour Scharf Immobilier : créer un ensemble de logements de standing.

Imperial Tobacco fait le mort

Or, la CUS ne veut pas de ce complexe de luxe, mais ne peut mettre « que » 10 à 11 millions sur la table pour acquérir le site. Depuis des mois, Imperial Tobacco, pas pressé que l’accord aboutisse, fait le mort. Pour accélérer le mouvement, alors que se profilent les élections municipales de mars 2014, la collectivité met un coup de pression dans la négociation : le conseil municipal de Strasbourg ce lundi 8, puis le conseil de CUS ce vendredi 12 juillet voteront le lancement d’une procédure de déclaration d’utilité publique visant, si des négociations amiables n’aboutissent pas, à une expropriation. On évoque un délai de 18 mois pour que la procédure arrive à son terme, en 2015 donc.

Pierre Laplane, directeur général des services de la CUS, confirme :

« Nous espérons que cette perspective de DUP fera avancer la négociation. C’est vrai que ces derniers mois, Imperial Tobacco ne s’est pas précipité pour donner suite aux demandes de rencontres des services [de la CUS]. Ce groupe est dans une stratégie d’attente pour vendre au meilleur prix. »

En parallèle, la direction régionale des affaires culturelle (Drac) d’Alsace poursuit sa procédure d’inscription du bâtiment en totalité aux monuments historiques, dont le dossier sera bouclé à l’automne. L’inscription pourrait intervenir fin 2013. Dans un second temps, la Drac pourrait demander le classement du site – niveau de protection supérieur – qui empêcherait notamment la destruction du bâtiment central des années 1960 et de sa cheminée.


#déclaration d'utilité publique

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