
Samedi 12 juin, le collectif FestiGays organise la marche des Visibilités LGBTQIA+ à Strasbourg. Après une année blanche en raison de la pandémie, l’édition 2021 insiste sur l’importance de la lutte contre les discriminations, notamment sur les réseaux sociaux.
Après l’annulation de l’édition 2020 pour des raisons sanitaires, la marche des Visibilités LGBTQI+ de Strasbourg aura bien lieu samedi 12 juin, mais sans village associatif, ni chars musicaux, toujours en raison du Covid-19. Le rendez-vous est donné à 14h15, place de l’Université, par le collectif d’associations LGBTQIA+ FestiGays, organisateur des marches des Visibilités strasbourgeoises depuis 2002. Le cortège longera les quais avant de rejoindre le centre-ville et la place de la République, pour terminer son parcours place de l’Université.
L'éducation contre les discriminations et les suicides
Si la marche sera sans doute moins festive que les précédentes, le collectif souhaite tout de même profiter de l'évènement pour rappeler l'importance de l'éducation à la différence, dans les écoles et dans les familles. Pour Matthieu Wurtz, président de FestiGays, les cours d'éducation sexuelle pourraient par exemple débuter dès l'école primaire plutôt qu'au collège :
"Plus tôt on dira qu'être gay ou lesbienne est normal, plus les jeunes se construiront dans l'acceptation de la différence. À l'adolescence, on a tendance à reprendre le schéma familial : si l'entourage dit que c'est contre-nature, l'enfant grandit avec cette image et va reproduire le même attitude."
Ces discours d'intolérance "flambent sur les réseaux sociaux depuis 3 ou 4 ans", affirme Matthieu Wurtz. Face à ces messages, les jeunes sont les premiers touchés. "Le taux de suicide des jeunes LGBTQIA+ est 15 fois plus élevé que chez les autres", s'alarme le président de FestiGays, pour qui la "double discrimination", celle de l'école qui s'ajoute à celle au sein du foyer aggrave souvent la situation.

"Avec la Ville, on n'a pas besoin de se battre pour dire qu'on existe"
Pour mettre en valeur les minorités LGBTQIA+, FestiGays s'est associé à la Ville de Strasbourg, comme pour le lancement d'un tramway aux couleurs du drapeau de la communauté, au début du mois des Visibilités, du 17 mai au 18 juin. Après une petite année à traiter avec la municipalité écologistes, le collectif assure à ce stade se sentir "entendu et écouté". "C'est facile d'organiser des projets, comme la marche des Visibilités ou le tram arc-en-ciel, car on sait que l'on a un soutien moral et financier de leur part. On n'a pas besoin de se battre pour dire qu'on existe", apprécie Matthieu Wurtz.
Ce serait intéressant que ce soit pour se montrer plus hospitalier et généreux envers les plus vulnérables, parmi nous.
Au travail, dans les cabinets médicaux qui constituent un laboratoire social de premier plan, la clinique évolue qu'aucun algorithme ne pourra remplacer.
J'accueille, en effet, des usagers "trans" depuis plus de 20 ans, en libéral, à Strasbourg.
Je propose de ne pas donner de définitions scientifiques ou médicales du concept et d’inviter chaque lecteur à laisser libre cours, à la confrontation à ses représentations.
J’ai retrouvé, dans l’accompagnement de ces sujets (rarement patients) une analogie avec « l’épidémie » de Sida et la prise de pouvoir et de savoir des usagers dans la relation au monde médical.
Nous en étions arrivés, à cette époque-là, à des situations où l’usager en « savait plus » sur la maladie et sa prise en charge psycho-médico-socio-politique que le soignant.
Erika ( née Erik) , a 45 ans. Je l’'accompagne depuis 2016.
Elle vient de bénéficier d'une vaginoplastie aux effets problématiques.
Elle présente un syndrome anxio-dépressif atypique très invalidant avec pulsions suicidaires, troubles du sommeil, découragement et perte de l'élan vital; tendance aussi à la dépendance affective et au renoncement existentiel.
Elle a subi 5 deuils rapprochés dont celui de sa mère et d'un oncle de 51 ans, divorcé et père de 3 enfants, qui s'est tiré une balle dans la tête sur un marché public!
La réassignation sexuelle a commencé en 2005.
Elle est contrôleuse de qualité mais aspire à se reconvertir dans le tressage de fouets en cuir, destinés aux pratiques sadomasochistes.
« Ces liens sont ma liberté » (1), affirme-t-elle.
Un Nouveau métier
Forts de leur expérience de la maladie, des patients chroniques ou des usagers politisés, souhaitent mettre ce vécu au profit d'autres malades ou de la population générale. En France, trois universités les forment à devenir patients-experts.
Après Paris (2010) et Marseille (2012), l'Université des patients de Grenoble (UDPG) a ouverts ses portes fin 2014. Lancé par un collectif de patients, l'établissement accueille cette année 26 étudiants. Tous sont atteints de pathologies chroniques : diabète, sclérose en plaques, cancer, insuffisance rénale.... Les couloirs de l'hôpital, ils les connaissant (trop) bien.
Ces étudiants presque comme les autres ont décidé de mettre ce vécu au profit d'autres patients. «Un malade chronique connaît les moindres détails de sa pathologie, les effets du traitement, l'impact sur la vie quotidienne. L'Université ambitionne de transformer cette expérience en expertise. De former des patients ressources, voire experts, reconnus et valorisés par le système de soins français», détaille Raymond Merle, président de l'UDPG, malade rénal depuis 28 ans et transplanté à deux reprises.(…).
Mais le chemin est encore long. A l'hôpital, le savant médecin s'oppose au patient profane. On ne compte que trois universités des patients pour 15 millions de malades chroniques. Par ailleurs, il n'y a ni cadre juridique, ni reconnaissance institutionnelle du patient-expert. Le concept, pourtant, n'est pas nouveau. Au Canada, aux Etats Unis et en Suisse, les patients sont sollicités depuis longtemps. «Plusieurs générations seront nécessaires pour changer les mentalités», prédit Bernard Denis secrétaire général de l'UDPG."(1).
Nous pouvons intégrer parmi ces nouveaux spécialistes les patients ayant connu et lutté contre l’épidémie du SIDA et les transsexuels.
Qui en connaissent souvent plus sur la maladie ou les parcours de soins que les médecins eux-mêmes.
Ce sont peut-être nos meilleurs alliés.
J'accueille donc des usagers ("trans") depuis plus de 20 ans , en libéral, à Strasbourg.
Pour moi, le terme de "trans" n'est pas approprié puisque le genre s'impose ( se propose) à nous et fait force de règles de comportement et de vie.
Les usagers incarnent le genre qu'ils revendiquent. Point.
Ils incarnent à mes yeux une forme d’usage de la liberté à laquelle beaucoup de sujets réputés « normaux » semblent avoir renoncé.
Les « normaux » ne sont-ils pas des « trans » qui s’ignorent ?
Eux qui ont admis un genre délégué par la société et qui ne l’ont jamais remis en question alors qu’il jouent peut-être un jeu de rôle depuis toujours ?
(1) utilisés dans les pratiques BDSM. https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_jeux_de_r%C3%B4le_et_pratiques_BDSM
(2)Eric Allermoz, Patients-experts, vers un nouveau métier? Médecins, N0 48, mars-avril 2017, page 8 et 9