
Dans les cartons depuis 15 ans, le projet d’une médiathèque pour le nord de l’agglomération de Strasbourg pourrait se concrétiser dès l’an prochain. Pour lui donner une chance en cette période de disette budgétaire, la collectivité compte sur un opérateur privé, Vilogia, pour construire le bâtiment à Schiltigheim. Mais le projet sera bien loin des objectifs initiaux.
En 2014, les quelque 95 000 habitants du nord de l’agglomération de Strasbourg ont bien failli voir s’installer une médiathèque, sur le site de l’ancien Simply Market, route de Bischwiller à Schiltigheim. Le projet, préparé par le cabinet parisien Aubry & Guiguet était prêt pour les concours d’architectes : l’idée était d’en faire un « tiers lieu », c’est à dire un endroit où les habitants pourraient se retrouver pour se cultiver mais aussi boire un café, découvrir un artiste en résidence ou écouter un concert…
Dans les esquisses du cabinet Aubry & Guiguet, il était question de boucher la rue de Wissembourg au niveau du cimetière, pour transformer la placette devant l’église en une esplanade piétonne jusqu’à la médiathèque, appelée agora, et d’ouvrir l’arrière de la médiathèque sur le jardin de la Résistance (voir ci-dessous).

Le projet du cabinet Aubry & Guiguet prévoyait un auditorium et une ouverture sur un « jardin de lecture » (doc Rue89 Strasbourg)
La médiathèque nord devait occuper 2 749 m² au sol sur les quelques 6 780 disponibles, pour une surface de plancher de 3 850 m². L’opération prévue avait été estimée à 16 millions d’euros pour l’Eurométropole, avec une aide de l’État via la direction régionale des affaires culturelles. Une directrice avait même été recrutée par la collectivité, afin de débuter les travaux scientifiques et la préparation des collections.
Et patatra, des élections…
Mais patatra, le déménagement du Simply Market prend plus de temps que prévu et les élections municipales sont perdues par l’équipe en place. De plus, les crédits disponibles à l’Eurométropole fondent en raison de la baisse des dotations globales de fonctionnement que l’État verse aux collectivités locales. Lors d’un arbitrage fin 2015, le projet est « phasé » : l’essentiel du projet est conservé mais l’auditorium et la caféteria attendront, ce qui fait baisser la note à 11 millions d’euros.
Entre temps, Simply a trouvé un repreneur pour son terrain, c’est l’aménageur Vilogia, dont l’activité consiste à construire des logements sociaux pour les revendre ou les louer. L’affaire s’est faite au sein des réseaux nordistes, dont sont originaires les deux groupes. Simply a vendu le terrain, en plein centre de Schiligheim et bien connecté aux transports en commun, pour 2,3 millions d’euros.
Quand le nouveau maire de Schiltigheim, Jean-Marie Kutner (UDI) l’apprend, il ne bloque pas la vente mais propose à Vilogia de prévoir dans son projet de promotion de l’espace pour une médiathèque. Il détaille :
« Quand nous sommes arrivés aux affaires, on nous proposait d’acheter ce terrain 3 millions d’euros. Mais le président de l’Eurométropole a indiqué qu’il n’engagerait plus de nouveaux projets. Ce terrain aurait donc pu rester en friche jusqu’en 2020, avec des coûts supplémentaires en sécurisation et assurances à la charge des Schilickois. Donc quand Vilogia est arrivé avec un permis de construire, j’ai entamé avec l’Eurométropole et les maires des communes concernées des négociations pour que ce projet qui me tient à coeur voie le jour. »

Les anciens bâtiments du Simply devraient rapidement disparaître du centre de Schiltigheim (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
Achat d’un établissement recevant du public sur plans
L’idée est que Vilogia débute son projet de construction, et que l’Eurométropole achète le rez-de-chaussée et deux étages sur plans. Ainsi, la Ville de Schiltigheim ne met pas un sou dans cette opération et l’investissement initial est porté par Vilogia. De son côté, Jean-Luc Poulain, directeur des opérations de Vilogia pour le secteur de Strasbourg, confirme :
« Je réserve trois étages dont le rez-de-chaussée pour un établissement recevant du public (ERP), la collectivité y mettra ce qu’elle voudra. On parle d’une médiathèque mais pour l’instant, je n’ai aucun engagement signé. Au dessus, il y aura 28 lots pour notre solution d’hébergement pour jeunes travailleurs, Izidom, 30 studios et petits logements en accession sociale. Et on est en discussions finales avec un partenaire pour qu’un partie du projet soit en promotion privée classique. »
Évidemment dans le projet de Vilogia, il n’est pas question d’un auditorium, ni d’une caféteria, ni d’une ouverture sur un jardin de lecture… En revanche, l’esplanade entre l’église et la future médiathèque est conservée. Le montant du projet de Vilogia est évalué à 16 millions d’euros, sans la promotion privée. Le permis de construire de ce projet devrait être déposé en juillet. Il faut prévoir 36 mois pour le chantier, ce qui laisse du temps à l’Eurométropole pour trouver les crédits nécessaires à l’achat de ces locaux.
Les raisons de la démission de Souad El Maysour
Quand elle découvre ces tractations, Souad El-Maysour, alors conseillère déléguée à la lecture publique à l’Eurométropole, explose. Elle qui a laissé sa place de vice-présidente à Catherine Trautmann après sa défaite aux élections européennes est tenue à l’écart des arbitrages budgétaires, qui se font en conférence des vice-présidents. Elle a vu le projet être rogné puis repoussé pour finir par disparaître du plan pluriannuel d’investissements de la collectivité.
Dans ses échanges avec l’exécutif de l’Eurométropole, elle dénonce une « médiathèque au rabais dont l’essence même a été détournée » et refuse d’y apporter sa caution. La médiathèque nord devait être un phare de l’accès au numérique, à destination des jeunes actifs, l’actuel projet prévoit un espace de coworking… Le 22 avril, elle démissionne avec fracas de ses mandats.
Du côté de l’opposition à Schiltigheim, Nathalie Jampoc-Bertrand (PS), ex-adjointe au maire en charge de la culture, s’emporte également :
« Des visions politiques d’un autre temps ont déjà laissé le nord de l’agglomération à l’écart du tramway pour des années… Et on nous refait le coup avec la médiathèque nord ! Ce projet n’est pas à la hauteur des enjeux pour un bassin de population de près de 100 000 habitants, dont une bonne part a justement besoin d’un meilleur accès aux savoirs et à la culture. Au sud de l’Eurométropole, ils ont eu leur médiathèque communautaire et leurs extensions de tramway. Qu’est-ce qu’il se passe chez nous pour que tout soit bloqué ainsi ? »
Visé par ces propos, le maire de Bischheim, Jean-Louis Hoerlé (LR) confirme qu’il attend l’ouverture de cette médiathèque pour y transférer les fonds de la bibliothèque municipale :
« Rien ne changera pour les habitants de Bischheim, qui auront toujours accès à la lecture publique, dans une grande et belle médiathèque, à cinq minutes à pied de l’actuelle bibliothèque, dont le bâtiment ancien n’est plus compatible avec les exigences de réception du public. »
Un temps envisagés pour accueillir la médiathèque nord, les anciens locaux de la gendarmerie dans le quartier des Écrivains à Schiltigheim seront finalement vendus eux aussi. Vilogia s’est déclaré très intéressé par cet ensemble. L’Eurométropole n’a pas souhaité répondre à nos questions sur ce dossier.
J'espère sincèrement que le projet sera à la hauteur des attentes et des besoins des habitants.
L'actuel maire devait préempter le terrain pour le mettre à la disposition de l'eurométropole. Mais il a fait le choix de ne pas débourser la somme de 2,5 millions d'euros et a préféré laisser le terrain à Vilogia moyennant des droits à construire : 200 logements et un équipement collectif selon le PLUi.
Depuis 15 ans, il est prévu que Schiltigheim achète le terrain et le mette à la disposition de la CUS aujourd'hui Eurométropole. L'Eurométropole ne peut pas construire une médiathèque sur un terrain qu'elle n'a pas. Schiltigheim, parmi les villes les moins endettées des villes de même taille, aurait pu acheter le terrain pour permettre la réalisation de la médiathèque telle que prévue.
Que ce soit pour l'ancien maire, comme pour le nouveau, cette médiathèque n'est pas la priorité politique...car, encore une fois, les moyens nous les avons.
Je pense que l'actuel maire veut simplement pouvoir dire : j'ai réalisé la médiathèque sans sortir le moindre euro...mais quelle médiathèque aurons-nous au final ? une bibliothèque communale ? Et les habitants du nord de l'agglomération continuent à payer leurs impôts pour les médiathèques réalisées loin de chez eux !
acheter le terrain pour 3 millions d'euros, et non pas 2,5, faisait porter aux contribuables schilikois une charge inutile. Mais quand on sait dans quel état vous avez laissé les finances de la ville, on comprend bien que ce n'est pas votre soucis majeur
charge inutile pourquoi :
1 en achetant le terrain 3 millions qu'il aurait fallu remettre a la CUS pour 1€ symbolique ne relançait pas pour autant la construction, car et vous le savez, le President, compte tenu de l'état des finances de la ville avait décidé de n'engager aucune nouvelle dépense dans ce mandat ce qui reportait, au mieux, du fait de votre inertie, le projet au mandat suivant
2 en achetant le terrain sans l'assurance de la construction, donc de la démolition, on faisait porter à la ville les frais d'assurance et gardiennage du site ainsi que tous les risques en cas d'accident sur la friche
3 on rajoutait au centre ville une friche particulièrement laide et dangereuse pour une durée indéterminée
Enfin en décembre 2008 vous avez voté l'annulation de la modification de POS 5 rendant de fait le terrain de l'ancien Simply constructible avec un COS de 2. SI Vilogia voulait construire sur tout le terrain en respectant le POS et le COS, nous n'avions aucun moyen de l'en empêcher
Affirmer comme vous faites que la Bibliothèque Médiathèque sera remplacée par 200 logements est un autre mensonge auquel vous nous avez habitué ..on parle aujourd'hui de Dambarinade pour les qualifier
LE vrai courage politique est de savoir assumer ses erreurs et vous en manquer encore une fois singulièrement
Le vrai respect des citoyens commence par ne pas leur mentir
A part les querelles de chiffres et c'est pas moi c'est l'autre nous n'avons qu'une seule question: Quand aurons nous une médiathèque digne de ce nom?
Pouvez vous vous engager sur une date?
Merci pour votre réponse
Dommage et oas très courageux
Mais je reste à votre disposition pour vous répondre si le courage vous revenait
.
Quand à la fréquentation elles est ce qu'elle est, les locaux sont petits et ne permettent pas d'avoir un choix exhaustif. Justement c'est pour avoir plus de choix qu'il est nécessaire d'avoir une médiathèque à la hauteur du bassin de population.
Je viens d'une commune de la région parisienne de taille équivalente à Schiltigheim dont la médiathèque est conséquente.
Pour info, un article sur les médiathèques aujourd'hui
http://www.telerama.fr/monde/viens-chez-moi-je-suis-a-la-bibliotheque,136675.php
Heureusement, un médiathèque est bien plus qu'un hangar à livres, c'est un lieu de vie, de rencontres, d'échanges, de partages, de lien social, de proximité, de découvertes, de convivialité, participatif, anonyme ou non selon les envies, ... et bien plus encore. Heureusement, l'ère du tout numérique ne comble pas encore les besoins vitaux des humains !!!
Quand y aura t'il des personnes pour les remplace?Perso à 67 ans passés je ne m'en sent pas le courage.
Quand à Monsieur le Maire de Bischheim il doit avoir des bottes des 7 lieux: 5 minutes à pied...........
L’argument financier ne tient pas : la ville de Schiltigheim aurait dû financer l’achat du terrain, certes, mais tout le reste (construction du bâtiment, achat des collections) était du ressort de l’Eurométropole, qui l’avait déjà voté en conseil communautaire. Autrement dit, pour économiser 3 millions, la municipalité de Schiltigheim fait l’impasse sur un équipement fourni clé en main. La logique financière m’échappe : c’est une logique d’écureuil, purement comptable, alors même que les finances de Schiltigheim sont plutôt saines, et que les dotations globales de l’État ne baissent pas franchement (solidarité urbaine et cohésion sociale oblige). Un accès à la culture est primordial pour les quartiers nord, qui sont, rappelons-le, d’anciennes cités ouvrières, avec des quartiers socialement défavorisés comme les Écrivains. Il ne s’agit pas de jeter de l’argent par la fenêtre, il s’agit d’investir dans l’avenir.
L’ouverture des friches offre d’incroyables possibilités de concevoir une ville nouvelle. Ne la gâchons pas : quand le béton aura coulé, il sera trop tard. Ce qu’il faut, c’est un véritable projet de médiathèque communautaire en volume et en surface, pas une simple bibliothèque de quartier améliorée.
Mais votre historique commence tard.
Alfred Muller avait finalisé le projet avec moi, président de la CUS, en 2006/2007. Tout était prêt.
Ses successeurs ont cru devoir réviser son projet d'où 6 années de perdues entre 2008 et 2014, sans commencement de réalisation.
Ne pas oublier que cette médiathèque était destinée au bassin de lecteurs de tout le Nord de la CUS (E.Métropole) et non pas seulement à Schiltigheim-Bischheim
Une fois de plus il est prouvé qu'en période de difficultés financières c'est la culture qui trinque.
Ce passage fut retiré de ma réponse ce qui me paraît pour le moins étrange et j'ai pu m'en entretenir ce matin avec le journaliste
Je veux croire que ce fut pas sciemment afin de déculpabiliser ceux qui en sont responsables
De même il est faux de dire que le projet sera réduit , faux d'affirmer qu'il n'y aura pas d'auditorium, faux de prétendre qu'il n'y aura d'espace extérieur de lecture , faux de prétendre qu'il s'agirait d'un projet au rabais
J'ai dit au journaliste ma profonde déception face à des propos orientés ou au moins non contrôlés
De même il est faux de prétendre que la démission de Mme El Maysour serait liée à l'évolution de ce projet
Vous savez qui je suis et où je suis.contactez moi si vous en avez l'honnêteté et je vous le démontrerai
Ensuite j'espère que vous aurez le courage de reconnaître votre erreur
Chiche ?
Comme je vous l'ai déjà écrit par mail, j’ai bien mesuré votre très forte volonté de vouloir faire aboutir la Médiathèque nord, mais je souhaite juste vous rendre attentif sous forme de participation constructive, que cette non communication sur le sujet de votre part et également de l’Eurométropole, donne, au citoyen, l’impression que cela cache quelque chose.
Cela fait 15 ans qu’on nous balade…
Comprenez bien que le citoyen que je suis, mais également les 100 000 citoyens du nord de l’Eurométropole qui attendent ce projet avec impatience puissent être plus qu’inquiets.
et qu'il foute la pays aux usagers de la mosquée qui n'ont pas su créer ce lieu interculturel ?