Pour se réchauffer pendant les fêtes de fin d’année, les bières de Noël ont du succès, peut-être autant que le vin chaud. Alors que plus de la moitié de la production de bière française est brassée en Alsace, la région dénombre une quarantaine de brasseries artisanales et chacune propose sa version de la bière de Noël. Alors quelle est la meilleure ? Les palais devront être aiguisés pour reconnaître leurs arômes.
Orange, épice, coriandre, il y a tout de même une recette universelle de la bière de Noël selon le site des brasseurs de France : « Pour un litre de bière, il faut : 150 g de malt, 1 g de houblon, 1 cl de levure, de l’eau pure ». Mais de nombreuses variétés naissent selon les particularités régionales de chaque brasserie.
« La bière ne doit plus être perçue comme la troisième mi-temps d’un match de foot »
Pour la bière de Noël, tout commence au XVIIe siècle. Pour vider les réserves d’orge et de houblon en automne et ainsi laisser place aux récoltes estivales, les brasseurs ont créé un nouveau brassin, indiquent les brasseurs de France. Cette bière unique et de saison était destinée à être partagée avec les employés ou les clients privilégiés. Elle était l’étrenne des brasseurs. Pour Éric Trossat, directeur de la brasserie Uberach, président des brasseurs d’Alsace, l’histoire de la bière de Noël fait partie du patrimoine alsacien :
« Elle s’était perdue avec l’évolution technique du brassage. C’est la brasserie Schutzenberger qui a relancé la bière de Noël en Alsace, il y a de cela une trentaine d’année ; Albert Gass en était le brasseur à l’époque. Il s’agissait de rendre à la bière de Noël ses lettres de noblesse. Nous ne voulions plus qu’elle soit perçue comme la troisième mi-temps d’un match de football. Dans les années 90, les autres brasseries ont suivi et chacune a commencé à réaliser sa propre bière de Noël. Nous souhaitons en tant que brasseur, qu’une bière puisse accompagner chaque mets à chaque période de l’année. »
En 2015, une nette augmentation a été constatée dans la consommation de bière. Le commerce de la bière devient de plus en plus lucratif, c’est même le sujet principale de visites de ville comme Lille, Paris Bruxelles ou Strasbourg. L’Échappée Bière, propose de découvrir la ville autour de dégustation de bières, un jeu de piste et des énigmes à résoudre.
Des bières de Noël, il y en a pour tous les goûts
Pour une brasserie de taille moyenne comme Meteor, la recette de la bière de Noël est la même chaque année, bien qu’elle puisse subir de légères variations. Avec 5,8% d’alcool, c’est une bière ambrée, avec des saveurs d’orange, d’écorce, et de fruits macérés. Elle arbore même le certificat d’excellence du Brussels Beer Challenge 2017. Selon les indications du site de Meteor cette bière pourrait très bien accompagner du foie gras.
Selon Éric Trossat, la bière c’est comme le vin. Il faut trouver la bonne pour accompagner les plats et chez lui aussi, la bière de Noël ne varie que très peu depuis 3-4 ans :
« Elle est ambrée et douce. Il y a un soupçon de cannelle et des écorces d’orange amère, ça s’accorde bien avec nos petits gâteaux de Noël. J’aime les bières légères, c’est pour ça que j’ai voulu que cette bière le soit également. Tous les ans, on attend les bières de Noël des brasseurs avec impatience. C’est convivial, les consommateurs sont curieux. Il y a toujours des surprises, de nouveaux goûts. »
Il faut un mois environ pour brasser une bière de Noël. Elle est sensée être forte en bouche, chargée en épices et lourde en alcool. Des bières qui réchauffent en somme. Le packaging est également bien en phase avec les fêtes. Elles se divisent en deux ensembles : les bières de grande consommation, souvent douces et sucrées et les bières de brasseries, plus artisanales et souvent plus typées.
Aujourd’hui, avec les gammes d’hiver des bières alsaciennes, le choix est large. À Strasbourg, le Village de la bière propose un large panel de bières alsaciennes mais aussi internationales. Alain Pesez est le gérant du magasin :
« Des bières de Noël, nous en avons en nombre. Les microbrasseries alsaciennes sont largement représentées : la Bendorf, la Blessing, l’Uberach, 3 Mâts, la Perle, la Mercière, la brasserie du Ried, etc. Il y en a vraiment pour tous les goûts, c’est très varié. La 3 Mâts de Noël par exemple est faite avec du cacao, de la vanille, de la cannelle. La bière de Noël n’existe pas en blonde, elle sera soit ambrée, soit brune. Souvent, les bières de Noël sont plus alcoolisées. La grosse majorité tourne autour de 7% d’alcool mais ça peut aller jusqu’à 10, 12 degrés. C’est une des bières de saison la plus vendue, loin devant la bière de mars par exemple. Elle est considérée parmi les meilleurs bières de l’année. »
Une bière de saison au-dessus des autres
Il existe plusieurs bières de saisons. La bière de mai est une tradition allemande, la bière de mars ou bière de printemps est bien connue en France. Il peut aussi y avoir une bière d’été. Plus légère en alcool, elle avoisine souvent les 3%. Pour Alain Pesez, il y a un mouvement perpétuel des bières :
« En Alsace, nous avons une quarantaine de micro brasseries mais en France, on doit être autour de 800 microbrasseries. Il y a une explosion incroyable. Des régions qui n’étaient pas du tout bière d’ordinaire en font maintenant, notamment dans le sud de la France… Rien qu’avec les bières de Noël françaises, je pourrais remplir le magasin ! Ce qui est sûr, c’est que c’est une bière qui transporte la magie des fêtes. »
Selon Boursorama-Lifestyle, pour la Leffe de Noël en 2016, « il s’en est vendu 1 435,2 milliers de litres, soit une augmentation de 40,2% par rapport à la fin d’année 2015. » Dans le magasin strasbourgeois, c’est en période de fêtes que se réalise le plus gros chiffre d’affaires.
Normalement, la bière de Noël devrait rester un plaisir de saison. Une bière de novembre jusqu’à décembre. Mais pour Alain Pesez, la saison, on ne la distingue plus tellement :
« Le problème avec la bière de Noël, c’est qu’elle est commercialisée dans les grandes surfaces de plus en plus tôt, dès le début du mois d’octobre. Si bien que je rencontre des personnes qui me disent mi novembre qu’ils n’en peuvent plus de la bière de Noël ! De plus en plus, ce sont aussi les microbrasseries qui décalent le lancement de leur bière de Noël pour coller aux opérations en grandes surfaces. Nous aimerions qu’il y ait un lancement national, comme le Beaujolais nouveau pas exemple. Chaque année, la bière de Noël sort 15 jours plus tôt, c’est du grand n’importe quoi. »
À Strasbourg, il y a également la bière Perle à la Meinau. Christian Artzner en est le brasseur et chaque année, il y une nouvelle subtilité dans sa bière de Noël :
« La bière de Noël, c’est l’occasion pour un brasseur de proposer une bière plus riche, plus gourmande. On la brasse en septembre pour qu’elle soit prête fin octobre. On part avec la même base chaque année mais il y a toujours des améliorations. C’est une bière ambrée, malteuse à 6,6% d’alcool et un mélange de 6 épices. C’est une bière importante pour nous, puisqu’elle représente 10% de notre production. »
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