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L’estimation du chantier de la mosquée Eyyûb Sultan s’envole à 32 millions d’euros

La cérémonie de pose de la première pierre de la future mosquée néo-ottomane a lieu dimanche à la Meinau. Mais le chantier sera deux fois plus cher que prévu initialement : 32 millions d’euros. L’association gestionnaire va solliciter une subvention municipale qui pourrait atteindre 1,5 million d’euros.

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La mosquée a été confiée à l’architecte turc Muharrem Hilmi Senlap, déjà auteur des plans de la mosquée centrale de Tokyo. (doc remis)

Le chantier de la mosquée Eyyûb Sultan de la Meinau va être lancé en grandes pompes dimanche. Plus de 1 000 personnes dont 300 personnalités officielles sont attendues pour la cérémonie de pose de la première pierre de la mosquée néo-ottomane. Parmi elles : Roland Ries, le maire de Strasbourg et Jean-Luc Marx, préfet du Bas-Rhin, mais aussi les ambassadeurs de Turquie et d’Arabie Saoudite en France, ou encore un membre de la présidence de Bosnie Herzégovine et le ministre de la Justice turc.

La mosquée a été confiée à l’architecte turc Muharrem Hilmi Senlap, déjà auteur des plans de la mosquée centrale de Tokyo. (doc remis)
La mosquée a été confiée à l’architecte turc Muharrem Hilmi Senlap, déjà auteur des plans de la mosquée centrale de Tokyo. (doc remis)

Au moment de l’obtention du permis de construire définitif en 2015, l’association CIMG, affiliée au mouvement d’obédience turque Millî Görüs, tablait sur un budget maximal de 17 millions d’euros pour cette mosquée monument et le centre culturel attenant. Eyüp Sahin, président du Millî Görüs Grand Est, estime aujourd’hui qu’il en coûtera plutôt 32 millions d’euros, en incluant une marge d’imprévu de 10%.

Pour mémoire la construction de la grande mosquée du Heyritz avait coûté 10,5 millions d’euros :

« Les deux architectes nous ont dit au début que cela coûterait entre 15 et 17 millions d’euros. Mais avec tout ce qui va être fait en France et l’importation des matériaux, les coûts ont dû être revus. Nous avons choisi de confier le chantier à des entreprises alsaciennes (GSB et Demathieu et Bard) et pas à des entreprises turques. Cela revient beaucoup plus cher. Mais nous tenions à faire tourner l’économie alsacienne. »

Des financements européens

Eyûp Sahin assure que l’association veut essayer de financer le chantier en mobilisant avant tout les Musulmans du réseau Millî Görüs en France et en Europe :

« Nous espérons des dons d’hommes d’affaires de partout, d’Europe comme de Turquie. Mais pour le moment nous avons seulement mobilisé en France. Nous recueillons des dons dans notre mosquée à Strasbourg chaque semaine et nous avons lancé une souscription il y a deux mois via les réseaux sociaux en France. Plus de 250 personnes se sont déjà engagées à nous verser entre 10 et 1 000 euros par mois selon leurs moyens jusqu’à la fin du chantier. Après la cérémonie nous allons relayer officiellement cet appel auprès des 700 mosquées de Millî Görüs en Europe. »

Contrairement à il y a quelques années, Eyûp Sahin n’exclut plus de demander aussi le soutien de la mairie de Strasbourg, dont l’usage est de financer 10 % du coût de construction des lieux de culte qui la sollicitent :

« Si c’est possible, on va prendre cette possibilité. Nous allons en faire la demande. Mais si elle n’est pas acceptée, on se débrouillera sans. »

L’association espère inaugurer ses nouveaux locaux d’ici 3 à 4 ans.

« Pas de traitement de faveur »

Eyûp Sahin insiste sur l’idée que cette mosquée est « un projet pour les Strasbourgeois » et salue l’attitude des pouvoirs publics à son égard :

« Nous sommes reconnaissants envers le maire et le préfet qu’ils aient traité sur ce projet les Musulmans strasbourgeois comme de vrais Strasbourgeois. Nous n’avons pas eu de traitement de faveur, mais nous n’avons pas subi de discriminations non plus. »

Olivier Bitz, adjoint au maire de Strasbourg en charge des relations avec les cultes, indique que « de manière générale, le versement d’une subvention [municipale] pouvant atteindre 10% de la seule partie cultuelle d’un projet n’est qu’une faculté – en aucun cas une obligation – lorsque les conditions sont remplies. »

Cette partie seule concerne  environ un chantier de 15 million d’euros, ce qui représenterait une subvention municipale d’un million et demi. Quoiqu’il en soit, la Ville de Strasbourg n’avait pas budgété une telle ligne sur ses budgets futurs…


#communauté turque

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