Nicolas Heyd en a entendu de toutes les couleurs. Ses traits sont aussi marqués que son sourire est doux. Le barbu aux cheveux tirés en une fine natte brune l’assume : il est un entendeur de voix. Le Strasbourgeois se mobilise depuis six ans pour décomplexer les personnes qui, comme lui, peuvent souffrir de cette disposition psychique.
Président de l’association Au bon entendeur, il anime une quinzaine de groupes de paroles à travers le Bas-Rhin en partenariat avec des structures de soins en psychiatrie. Mais qu’il n’y ait pas de malentendu : l’entente de voix ne se réduit pas à une pathologie, dédramatise-t-il avec pédagogie :
« On peut entendre trois sortes de voix : la nôtre quand on réfléchit, la pensée intrusive – bonne ou outrageante, et l’hallucination auditive, qui peut s’accompagner d’hallucination visuelle. Selon les études, 7 à 14 % de la population entend l’un ou l’autre de ces types de voix alors qu’autour de 2% seulement sont diagnostiqués schizophrènes, mais aussi bipolaires ou psychotiques. »
À 42 ans, il ne s’en cache plus : lui souffre d’une psychose chronique hallucinatoire, dont il affirme être en rémission :
« J’entends des voix tous les jours, une différente chacun des 365 jours de l’année, toujours malveillantes. Mais j’arrive à les gérer. »
Un système d’alarme dangereux
Même s’il a pacifié cette cohabitation, il subit parfois encore des « crises de tétanie » :
« Les voix agissent comme un signal d’alarme quand je n’ai pas dormi ou que j’ai fait la fête. J’imagine des choses dans la télévision, j’entends des personnes qui me crient dessus à travers les canalisations, dans la pluie. C’est une telle souffrance physique et psychique que je prendrais n’importe quel médicament pour que ça cesse. »

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