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« On ne fait que gérer la pénurie » : en Alsace, le syndicat FSU corrige le gouvernement sur la rentrée scolaire

« Égalité des chances », « un prof devant chaque classe » et effectifs plafonnés… Trois promesses du ministre de l’Éducation Gabriel Attal pour cette rentrée 2023. En Alsace, les représentants syndicaux FSU dénoncent une communication déconnectée de la réalité.

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« On ne fait que gérer la pénurie » : en Alsace, le syndicat FSU corrige le gouvernement sur la rentrée scolaire

Fatigue. C’est le premier terme employé par la secrétaire départementale du syndicat FSU-SNUipp 67 lorsqu’on l’interroge sur le sentiment des enseignants alsaciens en cette rentrée. « Des collègues nous parlent déjà d’épuisement, deux semaines après la rentrée », ajoute Agathe Konieczka. Lors d’une conférence de presse du syndicat FSU dans la matinée du mardi 20 septembre, une lassitude, teintée de colère, est palpable parmi les six responsables syndicaux présents pour faire le point sur la rentrée de l’année scolaire 2023/2024. « Plus les années passent, plus le gouvernement est déconnecté du terrain », souffle Géraldine Delaye, secrétaire départementale du syndicat FSU 67.

De gauche à droite : Valérie Sibert, secrétaire départementale FSU 68, Géraldine Delaye, secrétaire académique SNUEP-FSU et Agathe Konieczka, secrétaire départementale FSU-SNUipp 67. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Un prof devant chaque classe » : faux, dit le syndicat FSU

Pour la rentrée de septembre 2023, le ministre de l’Éducation Nationale Gabriel Attal s’est targué d’avoir « un prof devant chaque classe ». Une affirmation démentie par le secrétaire académique SNES-FSU Arnaud Sigrist. Le professeur de Sciences Économiques et Sociales (SES) estime qu’en Alsace, comme au niveau national, un collège/lycée sur deux manque d’au moins un enseignant. L’allemand et l’économie-gestion sont deux matières particulièrement touchées par le sous-effectif.

Le syndicat enseignant réfute aussi le terme de « un prof devant chaque classe » : « Parlons plutôt d’un adulte devant chaque classe », indique le dossier de presse de la rentrée 2023 du FSU Alsace. Et la formation syndicale de rappeler le niveau de formation très variable des professeurs. Dans le Bas-Rhin, 35 contractuels ont été recrutés sans formation. 27 candidats ayant échoué au concours des professeurs ont aussi été embauchés. À cela s’ajoute encore des professeurs des écoles dont les stages permettent de faire l’économie de 247 postes d’enseignant, selon le syndicat des enseignants du premier degré FSU SNUipp.

Conférence de presse du syndicat FSU sur la rentrée scolaire 2023/2024. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Égalité des chances » : un mirage pour le syndicat

Un tract du ministère de l’Éducation nationale promet de développer « l’accueil en milieu scolaire dès deux ans dans les quartiers populaires ». Sur ce point encore, les responsables syndicaux FSU tiennent à présenter les chiffres locaux. Dans le Bas-Rhin, les effectifs d’élèves de moins de trois ans scolarisés en école publique sont passés de 727 en 2019 à 531 en 2022. « Dans le Haut-Rhin, deux classes de toute petite section ont fermé pour la rentrée 2023 », ajoute la secrétaire départementale du FSU 68, Marianne Brosse.

Les effets secondaires des effectifs plafonnés

Pour cette rentrée, le ministre Gabriel Attal promet aussi des effectifs plafonnés à 12 élèves maximum dans les classes de CP, de CE1 et de grande section en Zone d’éducation prioritaire. La secrétaire du FSU haut-rhinois Marianne Brosse s’étonne face à une telle promesse : « Chez nous, en moyenne, on est plutôt à 15 élèves par classe. »

Dans son dossier de presse de la rentrée 2023, le syndicat déplore aussi « que les effectifs limités à 24 élèves en grande section, CP et CE1 se font souvent au détriment des autres niveaux (qui finissent par obtenir des classes plus nombreuses, NDLR) ». Le FSU-SNUipp 67 considère qu’il manque 140 postes d’enseignants dans le Bas-Rhin pour obtenir les effectifs promis par le gouvernement.

Pour le syndicat FSU, il est clair que la situation se dégradera au fil de l’année scolaire, entre arrêt maladie, congés maternité et potentielle hausse des cas de Covid : « Cette année, seuls dix postes de remplaçants ont été créés dans le Bas-Rhin, et huit postes dans le Haut-Rhin. Pour une réelle continuité du service public, la FSU-SNUipp 67 considère qu’il manque 174 postes dans les écoles élémentaires du Bas-Rhin. » Pour la continuité des enseignements dans le second degré, ce serait 250 professeurs qui manquent dans le Bas-Rhin, toujours selon le syndicat FSU.

Unique décision saluée par les représentantes syndicales : le retour du baccalauréat au mois de juin. Le secrétaire académique SNES-FSU Arnaud Sigrist ne peut s’empêcher d’ironiser sur cette mesure de l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer : « On ne pouvait vraiment pas prévoir que les élèves seraient moins motivés à aller en cours après les examens… » Et le représentant syndical de conclure, amer : « Maintenant qu’on a la date de l’examen, il ne nous manque plus que le nouveau programme. C’est ça l’Éducation nationale, même les bonnes nouvelles suscitent de l’angoisse. »


#Éducation nationale

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