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Un squat ouvert quai Jacoutot, dans l’ancien bureau des douanes du port de Strasbourg

Une famille géorgienne et plusieurs hommes sans domicile fixe occupent une maison voisine de la déchetterie de la Robertsau. Le squat aurait été ouvert à la fin du mois d’avril.

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Un squat ouvert quai Jacoutot, dans l’ancien bureau des douanes du port de Strasbourg

« Mon plus petit fils, on l’appelle le mini Messi en Géorgie. » Aleksi (le prénom a été modifié) est arrivé à Strasbourg avec sa femme et ses deux enfants le 5 mai. Après deux jours dans la rue, il a trouvé refuge dans une maison voisine de la déchetterie de la Robertsau, quai Jacoutot. Malgré l’absence d’eau courante et les innombrables difficultés de sa situation, l’ancien conducteur d’ambulance évoque rapidement ce qu’il y a de plus important à ses yeux. Son garçon de 15 ans traduit : « Mes enfants sont d’excellents joueurs de football. Je veux qu’ils intègrent un club et qu’ils deviennent bientôt footballeurs professionnels. » L’homme portant un bleu sur le front a fui après une agression et des menaces de mort liées à un « conflit familial ». Dans la pièce à côté, sa femme passe le balai.

Dans cette ancienne maison occupée par les douanes, une dizaine de personnes ont trouvé refuge Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Devant la maison blanche, plusieurs hommes torse nu déchargent un camion de l’association Solidariteam. Il est 16 heures ce lundi 9 mai. Un jeune surnommé « Souris » s’exclame : « On a des recharges pour un continent frère ! » À droite de l’entrée, une pièce est remplie d’une trentaine de cagettes de nourriture. Ancien fondateur controversé de l’Hôtel de la rue à Koenigshoffen, Edson Laffaiteur répond qu’il faut bien nourrir les habitants du squat.

Entrés « par une fenêtre déjà cassée » avec deux personnes sans-abri, il occupe les lieux depuis le 30 avril et projette d’accueillir une vingtaine de personnes dans le bâtiment de deux étages : « Le premier est destiné aux familles. Une autre doit arriver à 19 heures. Au-dessus, c’est réservé aux hommes isolés. » Selon nos observations, huit personnes vivent sur place. Il reste deux chambres de libre.

La chambre occupée par une famille géorgienne, depuis deux jours. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Dans cette bâtisse isolée en plein périmètre Seveso, les conditions de vie sont particulièrement précaires. Au rez-de-chaussée, les câbles électriques ont été arrachés. L’électricité ne fonctionne qu’aux étages. Il n’y a pas d’eau courante et aucun moyen de garder les denrées périssables au frais.

Après notre entretien, Aleksi et ses deux garçons sortent avec un seau d’eau et le remplissent dans un bassin lié au canal du Rhône au Rhin. Mais pour Edson, peu importe la précarité, voire la dangerosité de l’habitat : « Pour les gens ici, c’est du cinq étoiles. Nous on ouvre un squat pour loger des gens le temps qu’ils soient pris en charge. On ne bougera pas d’ici avant que tout le monde soit relogé. »

La maison occupée se situe en plein site Seveso. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

À la rue depuis quatre ans, Jonathan (le prénom a été modifié) ne se plaint pas de la vétusté de la maison. Il évoque de nombreux squats où il a vécu sans eau ni électricité à Lyon, avant d’être interrompu par un homme en débardeur noir au milieu des bennes de la déchetterie voisine : « Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes une asso ? C’est classé Seveso ici, vous allez vous faire expulser. »

Edson Laffaiteur, initiateur controversé de l’Hôtel de la Rue dans le quartier de Koenigshoffen. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

De retour à l’intérieur, Jonathan raconte la scène à Edson, qui lui répond : « T’aurais dû lui dire qu’on est une asso ! » Peu importe si aucun statut n’a été déposé. L’ « emmerdeur » autoproclamé (c’est écrit au dos de son t-shirt) bluffe à l’envi, avec plus ou moins de réussite. Sa dernière tentative d’occupation, dans le quartier de la Meinau, n’a pas abouti. L’ancien SDF préfère se targuer d’avoir été l’origine de l’Hôtel de la Rue (tous nos articles à lire ici), un squat qui a pu exister pendant près de trois ans, avant d’aboutir au relogement d’une centaine d’habitants grâce aux efforts d’un petit collectif qui a géré l’association La Roue Tourne et tous ses partenaires, dont la Ville de Strasbourg.


#Robertsau

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