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[Photos] Ce que créent les permaculteurs à Kœnigshoffen

Là où, en 2013, il n’y avait qu’un ancien champ de maïs laissé en friche, une quarantaine de Strasbourgeois crée, depuis 18 mois, un jardin partagé de quelque 80 ares, avec extension possible. Ce jardin urbain, situé dans le quartier de Kœnigshoffen à Strasbourg, est cultivé en permaculture, un concept d’agriculture naturelle encore peu répandu.

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[Photos] Ce que créent les permaculteurs à Kœnigshoffen

A la place de la friche de Saint-Gall, un jardin de 40 ares cultivé en permaculture (Photo MH)
Depuis l’hiver 2013-2014, le jardin partagé de 80 ares est cultivé en permaculture (Photo MH)

La friche de Saint-Gall en septembre 2013 (Photo MM / rue89 Strasbourg)
La friche de Saint-Gall en septembre 2013 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Rumex patienta (oseille-épinard) et choux perpétuel Daubenton, pimprenelle et carottes, noix de terre, mizuna, urui, blettes, rhubarbe, oignons et ail d’hiver, fraisiers et framboisiers, roquette, menthe, mélisse… Et bientôt, rhubarbe, soucis, haricots, salades, betteraves ou radis. Le « Jardin à croquer », situé sur un terrain de 8 000 m² (80 ares) à proximité du cimetière Saint-Gall à Kœnigshoffen, s’éveille avec le printemps. Tous les samedis, se retrouvent quelques-uns des 40 jardiniers, dont une vingtaine très actifs, dispatchés sur six jardins. Mais en semaine, le lieu est généralement peu fréquenté.

Les allées du jardin sont recouvertes de trèfle qui amende le sol et matérialise là où l'on peut marcher (Photo MH)
Les allées du jardin sont recouvertes de trèfle et de pissenlits qui amendent le sol et matérialisent les zones où l’on peut marcher (Photo MH)
La terre n'est jamais à nue, toujours recouverte de paille ou de BRF (Photo MH)
La terre n’est jamais à nu, toujours recouverte de paille ou de BRF (Photo MH)

Et pour cause, ce jardin, unique en son genre à Strasbourg, mais également en France, voire « dans le monde », assure son initiateur Christophe Köppel, est cultivé en permaculture, une approche naturelle de l’agriculture qui, par ses pratiques, nécessite peu d’intervention humaine.

Trois règles essentielles et déroutantes pour le jardinier « classique » : pas de labour (on ne retourne pas la terre), pas d’engrais (encore moins de pesticides) ni de désherbage et des associations de cultures, qui limitent les attaques de la faune (limaces, oiseaux, etc.), la présence de plantes invasives (les « mauvaises herbes ») et surtout l’arrosage.

Le sol est couvert 12 mois sur 12

Grosse différence entre un jardin habituel et celui de Saint-Gall : alors qu’à cette époque de l’année, les jardins familiaux à proximité présentent une terre à nu, le sol du jardin de l’association Brin de paille Alsace est à 100% couvert, et ce, 12 mois sur 12. De plus, il est déjà partiellement vert. Une impression donnée notamment par le trèfle très présent, qui amende le sol et matérialise les allées sur lesquelles on peut marcher. Là où l’on ne voit encore aucune pousse, le paillis et le BRF (bois raméal fragmenté) recouvrent le sol, protégeant la terre du froid, de l’érosion par le vent ou les pluies, et l’enrichissant en matière organique.

Chaque adhérent du jardin dispose d'une serre en bois, toutes construites par les jardiniers (Photo MH)
Chaque adhérent du jardin dispose d’une serre en mélèze et robinier (avec une vitre amovible), toutes construites par les jardiniers (Photo MH)
Les semis sont repérables grâce aux bouts de bois installés dessus (Photo MH)
Les semis sont repérables grâce aux petits bouts de bois installés sur le BRF (Photo MH)
Deux mares ont été creusées dans le jardin et abritent une faune utile (Photo MH)
Deux mares ont été creusées dans le jardin et abritent une faune « auxiliaire » (batraciens, libellules…), utile aux jardiniers (Photo MH)

En 18 mois, le terrain a changé de visage : 80 ares ont été clôturés pour délimiter la partie en culture. Le reste est couvert d’arbres et arbustes, d’un verger fruitier, de culture de champignons, de céréales et, pourquoi pas bientôt, de petits élevages. Dans la partie close, le gros du travail a d’abord consisté à créer des arcs de cercle, paillés puis recouverts de BRF, à planter des grands végétaux (440 buissons de petits fruits et grands arbres fruitiers), à créer des tables et bancs, des mini-serres en bois imputrescible, des treilles pour les plantes grimpantes et cucurbitacées (haricots, tomates, courges…), deux mares.

Contre les ravageurs : deux mares et des tas de bois

Dans ces dernières, des plantes aquatiques hébergent désormais une faune auxiliaire utile pour lutter contre les insectes nuisibles aux cultures, comme les limaces, pucerons ou escargots, chenilles. Des tas de vieux bois ont également été disposés en plusieurs endroits, qui abritent hérissons, lézards et autres prédateurs, également friands de ces ravageurs. Une quinzaine de nichoirs à mésange ont été installés pour réduire la population de chenilles, cochenilles et limaces.

Les cultures sont disposées en arcs de cercle ou "mandalas" (Photo MH)
Les cultures sont disposées en arcs de cercle. A Saint-Gall, les buttes, souvent utilisées en permaculture, n’ont pas été jugées nécessaires (Photo MH)
Le jardin est découpé en six zones, avec des parties communes à tous (Photo MH)
Le jardin est découpé en six zones, avec des parties communes au milieu (Photo MH)

Depuis début 2014, 25 à 30% des têtes ont changé. Si plusieurs petits groupes de jardiniers assidus et motivés se sont créés au fil des mois, d’autres ont baissé les bras, faute de temps ou ne trouvant pas leur compte dans le concept du lieu. Le gros œuvre et la météo de l’année dernière (printemps sec, été humide et liseron ultra-présent) n’ont pas non plus aidé.

Christophe Köppel se rappelle :

« Au départ, c’était du travail physique. Certains, des personnes plus âgées par exemple, ne sont pas restés. Dans les mois qui ont suivi, on a encore eu un peu de perte… Mais depuis, par le bouche-à-oreille, les places ont à nouveau été prises. Des gens du quartier nous ont rejoints. On a un bon capital sympathie dans le coin… »

Alors qu’à l’origine du projet, on trouvait surtout parmi les permaculteurs des « planificateurs », architectes, paysagistes, artisans ou maraîchers, les profils se diversifient donc peu à peu.

Densifier les cultures, bientôt perpétuelles

Cette année, les petits groupes travaillent à densifier les cultures, qui bientôt reviendront en grande partie d’année en année, d’elles mêmes. Les samedis sont consacrés à des activités collectives, plantations, paillage, installation de nichoirs… Christophe et les trois ou quatre autres jardiniers les plus expérimentés, habitués à cultiver ou cueillir des plantes sauvages, proposent aux débutants des ateliers semis (voir les vidéos Vie et Bien-être), mises en conserves, fabrication de ruches, etc.

Des bouteilles plastique sont utilisées pour protéger les semis des limaces (Photo MH)
Des bouteilles en plastique sont utilisées pour protéger les semis des limaces (Photo MH)
Les noms des plantes du jardin, écrits sur des tuiles à disposer à proximité (Photo MH)
Les noms des plantes du jardin, écrits sur des tuiles à disposer à proximité (Photo MH)

Alors que le Jardin à croquer entame son deuxième printemps, il ouvre ses allées au public ce samedi 18 avril, à l’occasion des journées portes ouvertes du parc naturel urbain. A 16 heures, un buffet dégustation est proposé aux visiteurs, avec atelier de cuisine des plantes sauvages et introduction à la permaculture.

Y Aller

Samedi 18 avril, à 14 heures, portes ouvertes au Jardin à croquer, tout au bout du chemin du Marais-Saint-Gall (accès par les jardins familiaux – le plan). Au programme : introduction à la permaculture (14h) et atelier de cuisine des plantes sauvages, buffet dégustation (16h).


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