Photo ou peinture ? Mystères à découvrir à La Chambre jusqu’au 3 juin

Olivier Nord, "Face à Mona", © Olivier Nord

Ça fait une dizaine de jours que je veux vous parler d’une exposition qui se tient encore pour le week-end à La Chambre, place d’Austerlitz mais j’ai manqué de temps et j’en suis vraiment désolée. Il ne vous reste donc que deux jours pour aller la voir et peut-être vous laisser surprendre par elle !

La Chambre est l’un des deux espaces associatifs strasbourgeois qui s’est spécialisé dans la photographie et là, a priori, ça devrait en être… Avec cette exposition d’Olivier Nord, La Chambre (d)étonne et va là où on ne l’attend pas, parce qu’en fait ce qu’on voit c’est bien de la peinture, non ? Ce n’est pas le cas mais ce n’est pas complètement de la photographie non plus, c’est une pratique que l’on pourrait qualifier de « borderline » ou du moins comme étant à la frontière entre deux médiums… Étonnant !

Olivier Nord réalise ses œuvres en plusieurs étapes : à l’aide d’une tablette graphique il va peindre sur son écran d’ordinateur à l’aide d’un stylet puis, plutôt que d’imprimer les images produites, il les développe comme une photographie après avoir insolé du papier photo.

Olivier Nord, "Le Festin", 2010, © Olivier Nord

Olivier Nord surfe donc entre deux techniques et réalise des photographies picturales qui se rapprochent de l’impressionnisme et du pointillisme, il déconstruit les codes de la photographie mis à mal par l’arrivée du numérique et propose quelque chose neuf en mixant les procédés. Il dispose des petites touches de « pinceau » à travers l’écran et (re)compose ainsi une image qui est à la limite entre les mondes, à la fois réel, irréel et surréel.

Olivier Nord, 15 Août #2, © Olivier Nord

L’exposition à La Chambre est aussi surprenante parce que l’espace est divisé en trois salles aux ambiances très différentes les unes des autres. Dans le premier, on est mis face à cette technique qui interroge : qu’est-ce vraiment ? Mais il s’agit d’un espace se trouvant en lumière naturelle.

Quand on passe les tentures noires qui nous séparent de la deuxième salle, on est plongés dans l’obscurité et seule une petite lumière vient éclairer le centre des « tableaux » qui apparaissent étonnants : un homme accompagné d’un ours ou des loups entrain de dépecer une carcasse, une impression d’inquiétante étrangeté se dégage de ses œuvres. Le passage au troisième espace est brutal pour deux raisons : il est violemment éclairé et, toujours avec cette même technique picturale, on est mis face à de grandes « toiles qui ne sont pas des toiles » représentant des corps à moitié nus à la plage. On passe d’une atmosphère intimiste à une autre brute et exhibitionniste, une exposition inattendue à aller voir pour sa singularité !