
Plus de la moitié des moins de 18 ans de l’Eurométropole ont demandé leur abonnement gratuit aux transports
La gratuité des transports en commun pour les mineurs débute le 1er septembre. À la veille de la rentrée, la CTS compte 46 000 enfants et adolescents détenteurs d’une carte Badgeo, soit 16 000 de plus qu’en 2020.
Environ 46 000 enfants et adolescents de l’Eurométropole (et de Kehl !) ont demandé une carte Badgéo, pour circuler gratuitement sur le réseau de la Compagnie des Transports strasbourgeois (CTS) à partir du 1er septembre. C’est un peu plus de la moitié des 84 200 jeunes éligibles dans l’Eurométropole, sur un total d’environ 500 000 habitants. Parmi ces « abonnés », 16 000 n’avaient pas de carte Badgeo l’année précédente et 1 500 ont réalisé leur inscription lundi 30 août. La CTS s’attend ainsi à 50 000 utilisateurs de moins de 18 ans, voire 60 000 vers les vacances de la Toussaint.
S’il est trop tôt pour dresser un profil type de ces nouveaux utilisateurs, l’afflux semble notamment venir d’enfants de moins de 12 ans. Ces derniers ne prendront pas forcément les transports au quotidien pour aller à l’école, mais sont usagers les week-end, notamment en famille.

6 à 7 millions euros de financement
La mesure est estimée à environ 7 millions d’euros par an, et sera financée par le budget de l’assemblée des 33 communes dans le cadre de son versement annuel à la CTS (113,9 millions d’euros en 2019, dont 67,2 pour le fonctionnement, financés notamment par l’impôt du Versement transport des entreprises). « Nous ne sommes pas dans une logique de manque à gagner mais de priorité politique face à la crise climatique. Cette mesure a une dimension massive », indique Alain Jund (EELV), vice-président de l’Eurométropole en charge des Mobilités.
Les élus espèrent que les plus jeunes prennent l’habitude des transports en commun, voire incitent les parents à le faire avec eux. La mesure vise également à faciliter les sorties scolaires. La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV), pointe de son côté « qu’une famille avec deux enfants pourra avoir 550 euros de pouvoir d’achat supplémentaire par an ». Jusque-là, l’abonnement coûtait 27, 60 euros par mois pour les 4-18 ans si les parents n’étaient pas éligibles à la tarification solidaire, comme c’est le cas d’une famille dont les deux parents sont au salaire minimum. Quant à la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, elle se félicite que « Strasbourg soit la première collectivité avec tramway à proposer une telle gratuité. Montpellier propose une gratuité le week-end, et Lyon pour les bénéficiaires du RSA ». L’abonnement sera également valable dans les gares de l’Eurométropole dans le futur Réseau express métropolitain (REM) prévu en 2023.

Pas avant 2023 pour les moins de 25 ans sans ressource
Lors de la campagne des élections municipales, la liste des écologistes strasbourgeois avait promis la gratuité des transports pour les moins de 18 ans. Les listes LREM et LR s’y étaient opposées, en proposant respectivement un service 24h sur 24 ou la gratuité le dimanche. Les socialistes proposaient eux-aussi la gratuité pour les moins de 18 ans, mais également pour les plus de 65 ans (lire notre article). À l’heure de sa mise en œuvre, la mesure ne fait pas l’objet d’une contestation intense des oppositions.
L’autre promesse de campagne des écologiste c’était la gratuité des transports en commun pour les moins de 25 ans « sans ressource ». Celle-ci devrait intervenir dans la refonte des barèmes de la tarification solidaire de la CTS, elle-même englobée dans une réflexion sur l’ensemble des tarifs des services publics. Elle ne devrait pas intervenir avant 2023.
Pas de changement des fréquences au début
La CTS débute la rentrée avec 12% d’abonnés supplémentaires. Mais la compagnie ne compte pas augmenter la cadence dans un premier temps. « Nous sommes entre 85 et 90% de la fréquentation d’avant le Covid, donc nous avons un peu de marge pour absorber des passagers supplémentaires », explique le directeur Emmanuel Auneau. La compagnie se laisse quelques mois pour évaluer les lignes impactées par des déplacements supplémentaires, grâce à la validation des Badgeo. La CTS compte par ailleurs acheter 17 nouvelles rames au printemps 2022. Les anciennes « peuvent servir encore un peu s’il faut ajuster l’offre », ajoute Emmanuel Auneau.
Une fois la campagne sur l’abonnement terminée, la CTS en lancera une autre pour inciter à marcher plutôt que de prendre le tramway pour une station ou deux. La municipalité précédente avait déjà identifié cette problématique du tram parfois perçu comme un « tapis roulant », avec des rames bondées sur de courtes distances.
Le débat sur qui paie la gratuité est légitime, mais souvent les contestataires et ou détracteurs/détractrices oublient que rouler sur le réseau routier, hors des portions à péage, est une gratuité qui a également un coût que nos impôts finances.
Là où je rejoins Mme Hollederer sur le calcul solidaire ouvrant droit à une tarification préférentielle pour les familles les moins favorisées, c'est qu'avec le barème utilisé pour définir le coefficient familial, une famille avec au moins deux enfants à charge peut vite se retrouver au-dessus du plafond maximal pris en compte par la CTS, sans pour autant avoir un gros salaire. Pour avoir un périmètre plus favorable, la CTS devrait réfléchir à comment élargir sa tarification solidaire pour réintégrer des familles exclues alors que leur marge financière est faible.
Votre suggestion me semble très pertinente:
"Pour avoir un périmètre plus favorable, la CTS devrait réfléchir à comment élargir sa tarification solidaire pour réintégrer des familles exclues alors que leur marge financière est faible."
Pensez-vous que la Ville puisse envisager la gratuité totale ?
Latcho drom
Aujourd'hui, pour les salariés utilisant les transports en commun avec abonnement, l'employeur paie 50% de cet abandonnement. C'est une aide non négligeable, mais cela ne règle pas forcément le coût "transport" qui peut peser sur un foyer.
Réfléchir à une gratuité totale des transports en commun à un intérêt écologique intéressant pour attirer des autosolistes à les utiliser au lieu de leur véhicule personnel (totalement ou partiellement). Mais, une fois encore, la question se pose de qui finance cette gratuité.
Ici, dans la décision de l'Eurométropole, le financement est pris en charge par elle-même, c'est-à-dire, avec nos impôts, propre à son périmètre. Envisager d'étendre la mesure questionne sur les limites financières supportables par la collectivité. En l'état, dans l'idée d'une gratuité totale, ce n'est pas le cas. Pour y parvenir et selon le scénario envisagé, il y a des partenariats à aller chercher : les entreprises, le Département, voir la Région. Pour l'heure, ce ne sont pas des partenaires volontairement intéressés à y réfléchir. Tout le challenge à venir, sera d'y parvenir.