
Pollution de l’air, déchets, réchauffement climatique : Strasbourg est-elle si verte ?
Strasbourg espère être sacrée « capitale verte européenne 2021 » par la Commission européenne. Elle est en concurrence avec une autre ville française, Lille, et Lahti en Finlande. Discutons-en autour d’une tarte flambée !
Une apparition publique de Roland Ries ou de Robert Herrmann sur l’écologie vaut une interpellation publique sur le GCO, l’autoroute de contournement en cours de construction. Certaines lois de la nature sont immuables. Le 24 mai, le maire de Strasbourg et le président de l’Eurométropole présentaient la candidature de Strasbourg au titre de « capitale verte européenne. » L’association Alsace Nature a fait entrer l’éléphant dans la serre de la Robertsau, agrémentée d’un décor champêtre pour l’occasion.
Sur la vidéo de l’association écologiste, plusieurs participants à la conférence ne mâchent par leurs mots. La séquence s’achève avec une interview-poursuite de Roland Ries, qui s’en tient à sa réponse habituelle sur son revirement au sujet de l’autoroute de contournement : « il n’y a pas d’alternative ».
Présenté comme une solution au problème de la pollution de l’air à Strasbourg, le Grand Contournement Ouest (GCO) fait tache dans le bilan écologique de l’Eurométropole. À Oslo le 20 juin, Strasbourg mettra plutôt en avant son réseau de transports en commun, la réduction de la place de la voiture en ville, et soulignera ses efforts pour reverdir le centre. Mais la pollution de l’air n’est pas la seule difficulté à laquelle est confrontée Strasbourg.

Changement climatique : l’heure de l’adaptation
C’est un véritable changement de paradigme pour les pays du nord : la lutte contre le réchauffement climatique ne suffit plus, il faut désormais vivre avec. Strasbourg et la région Grand Est ne font pas exception. Selon Météo France, la température moyenne pourrait augmenter de 0,4 degré par décennie.
Sociologue et professeure en urbanisme à l’INSA de Strasbourg, Florence Rudolf coordonne Clim’Ability. Un projet franco-allemand, qui aide les PME à se préparer au changement climatique. Elle énumère toutes les conséquences que lui rapportent ses collègues climatologues : multiplication des aléas climatiques qui peuvent endommager les infrastructures, stress hydrique, hausse globale des températures qui peuvent avoir un impact sur le bien-être… Même la forêt des Vosges et ses conifères vont souffrir :
« Les pays du Nord ont longtemps pensé qu’ils étaient dans une zone de confort. Dans les entretiens que j’ai mené en Alsace, j’ai souvent entendu qu’après tout, on est dans une région tempérée, qu’on a une réserve d’eau sous les pieds… Sauf que nous avons un climat continental, avec des étés très chauds. On peut s’attendre à des vagues de chaleurs, et à des événements météorologiques plus intenses. Tout le monde va être impacté. »

Une notion de risque à redéfinir
Le 3 juin au soir, la rue du Noyer à Achenheim s’est retrouvée… noyée pour la troisième fois en 4 ans. La crue a frappé d’autant plus fort qu’elle a surpris des habitants qui avaient baissé la garde. Jusqu’à présent, les inondations arrivaient environ deux heures après le déluge. Cette fois-ci, la crue est survenue au bout de 7 heures. Une enquête de la DDT a été ouverte pour déterminer les origines de l’inondation. Arcos, la filiale de Vinci, conteste tout lien entre l’inondation et le chantier du GCO qui passe tout près.
Mais pour le maire de la commune Raymond Leipp, le changement climatique ne peut être étranger à ces crues répétées.

« Avant ces 3 inondations en 4 ans, nous avions eu des crues en 1983 et en 2003. Les intervalles se réduisent, je ne veux pas que ça soit récurrent ! »
Une étude a été lancée par l’Eurométropole, pour déterminer les travaux à effectuer. Pour Florence Rudolf, cette récurrence des catastrophes naturelles obligera les entreprises comme les collectivités à réévaluer et à anticiper les risques :
« Les plans de prévention des risques d’inondations par exemple sont basés sur des données obsolètes. Les crues qui était jusque-là centennales pourraient se répéter plus fréquemment. Cela peut avoir des conséquences très concrètes, rien que sur les contrats d’assurance. »
Recyclage et réduction des déchets : peut mieux faire
En ce début du mois de juin, l’Eurométropole s’apprête à relancer son incinérateur. Celui-ci était à l’arrêt pour des travaux de désamiantage. Strasbourg va ainsi cesser de stocker ou de sous-traiter ses déchets non recyclés au prix de 4 millions de kilomètres par an. La ville va également retrouver une source d’énergie qui fournissait l’équivalent de la consommation de 30 000 foyers. La ville de Lille fera de même avec son incinérateur à partir de 2020.

Pour autant, l’association Zéro Déchet Strasbourg regrette un manque d’ambition. Son cofondateur Simon Baumert redoute que cette manne énergétique ne soit contre-productive dans la politique de réduction des déchets. Il estime que cette réfection aurait été l’occasion de revoir les capacités de l’incinérateur à la baisse :
« C’est une bonne chose de récupérer l’énergie à partir de l’incinération. Mais dans ce qu’on incinère, une bonne partie pourrait être réparée, réutilisée, recyclée ou compostée. »
Parmi les grandes métropoles françaises, Strasbourg affiche le 4e tonnage de déchets ménagers le plus faible, avec 250 kilos d’ordures non recyclables par habitant et par an. Mieux que Paris, Aix-en Provence ou Montpellier, mais moins bien que Lille (233 kg) ou que Nantes (214 kg). « Peut mieux faire, » estime Simon Baumert, qui préfère suivre des exemples européens. La capitale slovène, Ljubjana, arrive à 115 kilos de déchets résiduels par habitant.
« Certaines villes comme Milan ont réussi à mettre en place la tarification incitative et la collecte des déchets verts, alors pourquoi pas Strasbourg ? C’est en cours d’étude, mais le dossier a traîné. Pour le tri incitatif, cela aurait pu être mis en place avant la fin du mandat. »

Cours de tri et initiation au « zéro déchet »
Entre 2010 et 2015, les poubelles Strasbourgeoises se sont légèrement allégées selon l’ADEUS, passant de 459 à 440 kilos. Pour 2030, l’Eurométropole veut arriver à une baisse de 50% du volume de la poubelle bleue, et à 50% de recyclage, compostage ou valorisation des déchets ménagers. L’Eurométropole affiche actuellement un taux de 30%, si on additionne le recyclage et le compostage. Sa concurrente finlandaise, Lahti a déjà pris de l’avance et revendique un taux de recyclage de 41%. Si on ajoute ses déchets ménagers qui lui servent de combustible énergétique, on arrive à un taux de valorisation de 97%.
Avec Objectif Z, l’Eurométropole a entrepris une tournée des municipalités pour apprendre les bons gestes de tri et de réduction des déchets. Un vrai sacerdoce qu’il faut répéter, « car les bons gestes sont rapidement oubliés », déplore Françoise Bey, en charge de la gestion des déchets sur l’Eurométropole.
Une vingtaine de personnes étaient présentes à Lingolsheim, pour assister à une conférence d’Objectif Z : zéro déchet, zéro gaspillage. Fionnuala O’Brien et Marie Hoffsess décortiquent devant l’assistance une poubelle : Le papier ? Facile, poubelle jaune. Les capsules de café également, depuis peu. Mais Marie Hoffsess, qui a cofondé Rue89 Strasbourg et y a chroniqué sa conversion au zéro déchet, rappelle que le meilleur détritus, c’est celui qui n’existe pas :
« Le mieux, ça reste la cafetière à piston : pas de dosette, pas de filtre. »

Face au pot de crème fraîche qui leur est présenté, les participants sont dubitatifs. C’est du plastique et certaines villes le recyclent déjà. Mais à Strasbourg, c’est poubelle noire. « Ce sera bientôt dans la poubelle jaune » promet Françoise Bey. Il le faudra bien, c’est une obligation de la loi transition énergétique : d’ici 2022 : tous les emballages plastiques devront être acceptés au tri. Un sujet sur lequel la Ville n’est pas spécialement en avance.
Franchement, Messieurs Roland Ries et Robert Herrmann n'ont vraiment pas peur du ridicule.
Mais comme disait si bien Michel Audiard dans la bouche de Lino Ventura (Les Tontons flingueurs) : "Les xxxx ça ose tout et c'est même à ça qu'on les reconnait !".
Pour ce qui est de la pollution atmosphérique les alsaciens comme tout les français sont des individualistes qui préfèrent polluer tout seuls dans leurs voitures..
La municipalité elle ne se mouille pas beaucoup en ne montrant pas l'exemple avec la gratuité relative des transports publics en effet on paye déjà les transports dans nos impôts locaux..
Quand a la gestion des déchets comment faire avec seulement deux poubelles chez soi?
Quand a mes amis de Bologne, ils ont 5 poubelles chez eux et ce sont de petits véhicules qui les ramassent, attention si on ne respecte pas le tri on a une amende, résultats la ville gagne de l'argent sur les déchets compostables qui sont revendus aux agriculteurs no comment..
pour la bétonisation de la ville, le rendu en verdure des promoteurs est trop infime et ne correspond pas a la pollution thermique des toits d'immeubles qui ne sont même pas utilisés comme jardins suspendus par ex .. quand je vois le peu d'imagination architecturale des soi-disant immeubles BBC je me marre c'est juste du béton recouvert de bois
Ne parlons pas des plantations d'arbres minimalistes qui ne sont pas issu de nos forets européennes ..
je répéte pas d'écologie tant que le libéralisme sera le moteur de nos sociétés..
il n'y a pas assez d'assos en europe pour faire ça ?
et du coup, au fait, ça coûte combien tout ce souc à crédibilité 0 (ça fera un bon sujet de comm green washing pour la commune qui gagne) ? combien pour la ville et à la commission ? je vois déjà la grosse poignée d'experts, élus, eurodéputés, directeurs et autre costarisés se balader en avion d'une ville à l'autre avec grand hôtels et notes de restos à 3 chiffres / tête aux frais de la princesse !!
y'en a quand même qui ont des jobs qui envoient !
En d'autres termes, être de gauche consiste donc à privilégier l'angélisme ?
Très XXème siècle tout ça, non ?
Et en tant que chien à punk, je sais de quoi je parle.
Et cette candidature est bien entendu incompatible avec le soutien de la ville au GCO: au lieu de développer des solutions alternatives, la ville encourage la construction d'une super autoroute dans la campagne alsacienne, ce qui augmentera le trafic global en Alsace.
Hé ho, réveillez vous! le pétrole, la bagnole c'est FINI ! Le réchauffement climatique, les catastrophes météorologiques à répétition, l'extinction de la biodiversité, c'est la RÉALITÉ.
Le travail du journaliste, tel que décrit dans la "Charte d’éthique professionnelle des journalistes, SNJ, 1918/38/2011", décrit un sujet important:
"Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication. Son exercice demande du temps et des moyens, quel que soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mise en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent."
En quoi le GCO ferait "tache", sources ou avis personnel ? (Bonne chance !)
Merci de votre retour.
Cet article, très intéressant au demeurant, ne cite pour commencer que l'avis de quelques membres d'une association écolo-juridique, dont les actions ne se limitent, dans leur grande majorité qu'à être contre tout changement.
Cordialement
Vous avez la réponse dans votre citation. Le journaliste "commente", et aucune charte de déontologie n'exige sa neutralité.
C'est donc un commentaire tout à fait subjectif, et qui n'a rien d'extraordinaire : les candidats de la majorité sortantes vont traîner le GCO comme un boulet en 2020, et les candidats écologistes ne manqueront pas de les attaquer sur ce dossier. Même les partisans du projet en conviendront.
Il y a des composteurs un peu partout.
Perso je récupère le compost de mes voisins pour mon jardin ouvrier.
Il y a de nombreux jardins autour de Strasbourg qui pourrait absorber ces déchets.
Le vrai problème n'est pas dans les déchets individuels mais collectifs.
Les restaurateurs génèrent eux une masse beaucoup plus importante de déchets verts qui devrait être absorber par notre ville.
Les jardins potagers ne manquent pas sur tout le territoire de la ville et les jardiniers sont demandeurs.
C'est très bien ces points composts, mais ils sembleraient qu'ils soient saturés. À vérifier au cours d'un prochain article.
Voici le lien vers l'article. L'auteur en est Michael Magercord
http://eurojournalist.eu/die-echte-hauptstadt-ist-gruen/
Du même auteur, un article sur la manière dont est traité le patrimoine arboré principalement à Strasbourg et aussi dans la région
http://eurojournalist.eu/baguage-des-arbres-die-traurigen-strassenbaeume-von-strassburg/
Voici l'adresse mail vers les organiateurs du process de labellisation pour la commission européenne:
info@europeangreencapital.eu
J essaye de venir mardi soir, merci beaucoup pour vos dessins et l article.
Partout ailleurs, les villes essaient de limiter de plus en plus les îlots de chaleur en remplaçant l’asphalte par des espaces végétalisés.
La municipalité strasbourgeoise, elle, a opté pour une minéralisation à tout va : place du Château, place du Marché à Neudorf, place Saint-Thomas, place du Tribunal, et tout récemment, le quai des Bateliers !
Une aberration quand on sait que ces places constituent, en été, de véritables "puits de chaleur", alors que les espaces végétalisés favorisent l’écoulement des eaux de pluie et contribuent au rafraîchissement de la ville.
Il est donc nécessaire de mettre dehors des 2020 ces élus d’une autre époque qu’ils finissent tranquillement leurs jours dans les espaces climatisés et autres hôtels wellness surproducteurs de CO2 et que des gens sérieux organisent la transition environnementale, écologique et énergétique y compris à Strasbourg !!
Ceci explique peut être que Les espaces publics et naturels soient systématiquement « minéralisés » depuis presque 20 ans pour « réduire les charges de fonctionnement » qu’impliquerait l’entretien des espaces verts et arbres. Des impôts en moins, des agents en moins et des tas d’€ pour les entreprises de béton et autres enrobés bitumineux... quand à nos « jolis » pavés partout en ville il ne viendrait pas de Chine ou d’ailleurs au bout du monde ? Alors label ou pas Strasbourg est environnementalement à la ramasse !!
https://www.rue89strasbourg.com/wp-content/uploads/2019/06/sans-titre.jpg
Pastille de 37% aussi grande que 50%, pastille de 30% plus petite que 27%... J'aime beaucoup "stockage", pour désigner l'enfouissement je suppose ? Stockage où et jusque quand ? Un petit reportage photo sur le site de "stockage" aiderait peut-être un peu à la prise de conscience ?
Ce label est juste un green washing pour des villes qui mènent des politiques complètement a l.opposé d une politique verte. Pour info il existe un réseau de villes vertes en France qui passent réellement à l action, Nantes en fait partie etc etc mais pas Strasbourg. Voyageons en Europe, on s apercevra que Strasbourg est plutôt pas verte du tout dans ses actes et interventions sur l espace et ne fait que tirer profit en termes marketing d un heritage -patrimoine arbore etc tout en le detruisant. Le gros souci en sont les consequences concrètes: d ici 10-20 ans est ce que Strasbourg sera habitable pendant les vagues de chaleur? Il faut ouvrir la question et regarder les choses en face. Cout de la climatisation? Comment se déplacer sous 50 au soleil car pas d ombre? Etc etc
Kai Littmann dans nos coeurs :). Je n'ai pas trouvé l'article. Si vous pouvez poster le lien, je suis preneur, et n'hésitez pas à venir nous faire part de votre réflexion mardi !
100% minérale, cette place est exposée au soleil et se transforme en four à ciel ouvert.
Pas un seul arbre, pas un brin d'herbe, même pas de fleurs....
L'une tristesse à mourir ... rôti.
Nous avions proposé aux services de la ville et aux élus UN PROJET SOLIDE pour faire du Parc naturel urbain et de l'Elsau en particulier un territoire exemplaire de la transition par l'expérimentation et l'innovation :
1/ Faire simultanément des économies et de l'écologie pour répondre à la paupérisation
2/ Par l'action collective comme levier d'apprentissage, de démocratie locale et de lien social
3/ Par l'innovation technique et économique
Le dossier des DNA et les propositions sont visibles sur Elsau.novo.fr
La ville a ignoré superbement tout cet investissement collectif. QUE FAIRE ?
Une remarque sur l'article : la forêt des Vosges souffrent déjà des conséquences du réchauffement. Les hannetons du hêtre et le scolyte causent déjà des dégâts immenses.
Bétonnage et cailloux sont les 2 mamelles de la politique environnementale strasbourgeoise. tristesse & désolation.