

Atelier de François Génot, « Le triangle des Bermudes » – exposition des Ateliers Ouverts en préparation (doc. remis)
L’an dernier, Accélérateur de particules, l’association organisant les Ateliers Ouverts avait alerté les pouvoirs publics sur leur situation financière critique. Bis repetita cette année. Au final, c’est l’usure d’une structure qui porte cette manifestation depuis 16 ans qui est en cause.
L’équation est simple. Organiser les Atelier Ouverts, 150 galeries éphémères ouvertes pendant deux week-end, coûte 82 000 euros. Cinq financeurs publics subventionnent Accélérateur de particules, l’association qui porte cette manifestation, à hauteur de 50 000€. Le différentiel est récupéré sur des contrats aidés, des miracles au quotidien, des arrangements, etc.
Mais après 16 années, Sophie Kauffenstein, directrice d’Accélérateur de particules, en a un peu marre de l’amateurisme permanent :
« On est fatigués. J’ai deux salariées qui travaillent avec moi, qui sont compétentes et formées, et que je vais devoir laisser partir parce qu’on n’aura pas les moyens de pérenniser leurs contrats. Tous les ans, on doit recommencer quasiment à zéro, refaire un projet, le soutenir devant les financeurs, etc. Au bout d’un moment, ce n’est plus possible, il faut trouver une solution. »
Les Ateliers Ouverts drainent chaque année plusieurs milliers de visiteurs dans les ateliers des artistes plasticiens d’Alsace, qui ne sont pas tous des professionnels de la vente et de la représentation. L’irruption de visiteurs potentiels est donc essentielle pour eux, d’autant qu’il peut y avoir parmi ces visiteurs des professionnels de l’art contemporain, comme l’explique Sophie Kauffenstein :
« Chaque année, on invite des professionnels du milieu de l’art. Cette année, on organise même des rencontres express le samedi matin. Notre rôle est essentiel, il existe des manifestations similaires dans toutes les régions de France. On est l’association qui connaît le mieux les artistes plasticiens alsaciens, on connaît leur situation, ce qu’ils font et depuis combien de temps. Il nous manque des informations sur leurs revenus, mais on pourrait tout à fait démarrer un travail de structuration de la filière, ce qui serait une gageure étant donné l’individualisme des artistes. »
Du côté des financeurs, on reconnaît la portée et l’ampleur des Ateliers Ouverts. Pour autant, on s’avoue un peu décontenancés par les cris d’alarme récurrents. Pascal Mangin, président de la commission culture de la Région Alsace, se pose quelques questions :
« On a déjà versé l’an dernier une subvention exceptionnelle, pour répondre à une situation qu’on nous présentait alors comme exceptionnelle. Je suis donc un peu étonné de constater aujourd’hui une lettre ouverte, envoyée à tous les financeurs, et demandant la même chose. Je n’ai pas eu de courrier au cours de l’année, ni de demande de rendez-vous… La démarche est un peu cavalière. Et je note par ailleurs que la gouvernance a changé. »
Du côté de la Ville, on est prêt à faire un effort supplémentaire, mais pas tout seul. Adjoint au maire en charge de la culture, Alain Fontanel (PS), précise :
« La Ville est disposée à permettre la pérennisation de cette manifestation, à condition que les autres collectivités s’engagent dans les mêmes montants. Il serait dommage effectivement que les Ateliers ouverts cessent d’exister. Mais il s’agit désormais d’un rendez-vous régional, Strasbourg ne peut financer seule cette manifestation ni prendre à sa charge le désengagement d’autres collectivités. »
Cinq financeurs sont au tour de table d’Accélérateur de particules : l’Etat via la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), la Région Alsace, le Département du Bas-Rhin, Mulhouse et la Ville de Strasbourg. Sophie Kauffenstein pense que si chaque financeur augmentait sa participation de 5 000€, l’équilibre des Ateliers Ouverts serait assuré.
Pour la directrice, les financeurs sont parfaitement au courant de la situation de l’association, tout au long de l’année :
« On a des échanges avec les élus et les agents chargés de nos dossiers en permanence. Mais si on ne menace pas de déposer le bilan publiquement, il n’y a aucune réaction. Tout est très lent. Or notre situation est critique. Là, si rien ne bouge, on ferme dans six mois. »
L’édition 2015 sera une nouvelle fois l’occasion de constater le succès populaire de la manifestation. Sophie Kauffenstein compte sur ce soutien pour que les élus votent des subventions augmentées. Mais l’association devra prouver de son côté qu’elle est prête à se professionnaliser. Car pour plusieurs personnes qui connaissent Accélérateur de Particules, les problèmes de l’association ne viennent pas que d’un manque de financement.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Ateliers Ouverts, 16ème édition : c’est parti (blog)
Sur Rue89 Strasbourg : Entre RSA et CMU, les vies d’équilibristes des artistes plasticiens
Le nombrilisme d'un certain milieu associatif + argent public dépensé pour rien = une honte.
Dépenses
32.000 coordination : 6 mois 2 équivalents temps plein
25 .000 communication : site, création graphique, programme, affiches, cartes, diffusion, presse,
8.000 vernissage : boissons, restauration, concerts performances, sécurité, assurance, régie
17.000 apports en nature : personnel matériel impression Villes Strasbourg et Mulhouse + bénévolat
82.000 total / sous total sans apport en nature 65.000
Recettes prévisionnelles
39.000 subventions
12.000 inscriptions artistes + recettes vernissage
10.000 aide à l’emploi (non pérenne) fin en 2016
17.000 apports en nature : personnel matériel impression Villes Strasbourg et Mulhouse + bénévolat
77.000 total / sous total sans apport en nature 60.000
Les "quelques bobos du centre ville" étaient 29.000 en 2014 dans toute l'Alsace. L'enquête des publics a été menée auprès de 100 des 150 ateliers participants à la ville et à la campagne. Le nombre des artistes participants oscille entre 400 et 500 par année.
Les ateliers à la campagne ont en général moins de visiteurs, mais nous y travaillons et tentons de trouver des solutions avec les artistes en densifiant l'itinéraire (plusieurs villages proches), en programmant des manifestations, en multipliant le nombre d'artistes dans un atelier, en mettant l'accent sur la particularité des lieux (granges, fermes, ancienne synagogue..), ou de la ballade alentour...
Vous ne retenez que la bière en bouteille et c'est cela qui vous agace?
Et les ateliers des artistes, les concerts, ça ne vous a pas plus non plus, vous êtes à ce point frustré?
C'est vrai, ce genre d'association comme tant d'autres à Strasbourg beigne dans l'argent, c'est bien connu ! et ils sont tous venu en Porsche au Bastillon!
Blablabla
je trouve ces commentaires bien attristants...
Avouons quand même qu'une tireuse serait franchement plus simple pour tout le monde (visiteur+consommateur), non ?
Après 5 ans de participation à l'inauguration des ateliers ouverts à Bastion 14 c'est de pire en pire. Probablement environ 800 personnes au minimum et toujours pas de tireuses pour la bière ? Ca tourne à la bouteille de 75 de météor... Merci le service et la galère pour les serveurs (bénévoles). Ensuite, des tickets boisson et tarte flambée dont ni les acheteurs, ni les vendeurs (toujours bénévoles) ne sont capables de faire la différence (blanc et bleu avec un numéro et aucune mention stipulant la différence entre les boissons et les tartes flambée). Raus ! Personnellement, ce sont mes impôts qui subventionnent cela.
Ateliers d'artistes de la Ville de Strasbourg
Vous venez depuis 5 ans au vernissage: chouette!
Vous trouvez que c'est de pire en pire…
Effectivement, organiser une "fête" n'est pas notre métier premier. Néanmoins cette année vous étiez 2500 à venir assister à au vernissage des ATELIERS OUVERTS à Strasbourg. HIERO avait programmé 4 concerts gratuits, INACT 4 performances, 47 artistes étaient dans les ateliers pour rencontrer le public et nous servions, avec l'aide de 40 bénévoles, des bières et des tartes flambées.
Nous tenterons de faire mieux l'année prochaine.
Coordonner et non organiser, puisque les artistes et ateliers collectifs se gèrent eux même.
Ce qui correspond à (la louche) à 20 000 € la journée…
Je suis payée 1182 euros par mois à temps plein et ma collègue Camille Roux 636 euros pour 20h pour un emploi aidé non pérenne. Nous travaillons 6 mois à l'organisation des Ateliers Ouverts par an. En 9 ans je n'ai pas été augmentée et mon contrat a dû être interrompu 2 ans par manque de moyens.