

L’Ehpad (au loin) au cœur du futur écoquartier quartier Danube le long de l’avenue du Rhin, ex-RN4 (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Quadrature du cercle. Pour éviter de générer de la pollution supplémentaire, il apparaît nécessaire de construire à proximité des transports en commun, en ville. Mais les terrains disponibles sont plus proches des axes routiers, notamment l’avenue du Rhin, nom pudique pour RN4, où la pollution de l’air est la plus critique.
A Strasbourg, comme dans une vingtaine d’autres agglomérations en France, la qualité de l’air est inférieure à celle fixée par des normes européennes. En matière de particules fines et de dioxyde d’azote (principalement dû au trafic routier, mais également au chauffage et aux rejets industriels), ces normes sont dépassées notamment à proximité des axes routiers, A35 et avenue du Rhin (RN4). Ces polluants peuvent notamment entraîner des gênes (yeux et gorge qui piquent). Or, c’est autour de ce dernier axe que se concentrent bon nombre de projets urbains strasbourgeois aujourd’hui, et notamment le plus exemplaire d’entre eux, l’écoquartier Danube.
L’école trop exposée aux polluants
Et pour cause, afin d’éviter de générer des déplacements supplémentaires, et notamment en voiture, le projet de la municipalité socialiste et écologiste est de « construire la ville dans ses limites », là où des terrains sont encore disponibles. Depuis quelques années, les ensembles immobiliers fleurissent donc sur l’axe Deux-Rives, au Heyritz, au Bruckhof, au Port-du-Rhin et sur les Fronts de Neudorf. Là, l’écoquartier Danube devrait sortir de terre d’ici deux ans.
Au cours du processus d’élaboration de ce dernier projet, la CUS et la Sers (aménageur), en accord avec la Dreal Alsace (autorité environnementale de l’État), ont commandé à l’Aspa (Association pour la surveillance et l’étude de la pollution atmosphérique en Alsace) une étude sur la qualité de l’air dans le futur quartier. « Un effort de plus en plus important » et récent, salue Emmanuel Rivière, chargé de mission à l’Aspa. Cette étude a été rendue en décembre (le compte-rendu de la modélisation, PDF). Elle montre que l’emplacement de la future école le long de la route exposerait par trop les enfants à ces polluants.
Les logements « tampons »
Suite à cela, décision a été prise à la CUS, non pas de transférer l’école côté canal (ce que préconisait l’Aspa) mais de surélever de deux étages l’immeuble de logements devant la cour de l’école, afin de limiter l’exposition des enfants aux polluants. Sébastien Bruxer, chef de projets Danube et Deux-Rives à la Ville, explique :
« Comme le bruit, la pollution de l’air peut connaître des abattements de 30 à 60% avec des obstacles bâtis. Avec la surélévation du bâtiment qui fera tampon avec la cour d’école, les niveaux de pollution qui ont été calculés étaient comparables à ceux autour de l’îlot plus éloigné de la route. [Par ailleurs] nous reviendrons vers l’Aspa dans la phase de conception en 2014 pour refaire des calculs. De plus, on ne parle pas ici de risque sanitaire mais de principe de précaution… »
Pour protéger les logements et bureaux les plus proches de la route, plusieurs options : installer des système de ventilation avec captation de l’air côté sain, créer des balcons et loggias fermés, en retrait de la façade.
Le tram vers Kehl ou la taxe poids lourds ne suffiront pas
Mais c’est surtout sur l’amélioration progressive de la qualité de l’air sur cet axe que mise la collectivité. Or, même si la situation est moins critique qu’il y a quelques années, notamment grâce à des évolutions techniques dans la motorisation des voitures ou la mise en service du pont Pflimlin au sud de l’agglomération (permettant à une partie des poids lourds d’éviter la route du Rhin), les efforts à faire pour retrouver des niveaux acceptables restent importants.
C’est ce que montre une autre étude de l’Asp (PDF), mais également le nouveau plan de protection de l’atmosphère (PPA) de l’agglomération strasbourgeoise, sur lequel la collectivité a émis un avis cet été (PDF). Quelques-unes des conclusions de l’Aspa, suite à des simulations cartographiques des niveaux de pollution suivant différents abattements des rejets dans la zone du PPA de la région strasbourgeoise :

Conclusions de l’Aspa, p. 51 après simulations des niveaux de pollution suivant différents abattements des rejets à Strasbourg (Capture étude Aspa – PPA Strasbourg)
Outre la mise en service de la future prolongation du tram D vers Kehl, l’interdiction des poids lourds de transit de plus de 6 tonnes (depuis un an) devrait produire des effets, tout comme la mise en place de la taxe poids lourds en 2014. C’est en tout cas ce sur quoi comptent les pouvoirs publics. Après s’être offusqué de l’énième report de cette taxe, Alain Jund, adjoint au maire en charge de l’urbanisme et tête de liste EELV aux élections municipales de 2014, déroule une part de son programme sur cette problématique :
« En construisant sur des friches en cœur de ville, on est face à des paradoxes. Concernant la pollution des sols, il faut savoir que la Sers a provisionné un million d’euros pour continuer ce travail à Danube. Sur la pollution de l’air, qui est pour moi une question de santé publique quand bien même on n’y voit qu’un problème de congestion automobile, il y a trois leviers à actionner. D’abord, poursuivre la réduction de la place de la voiture en ville, ensuite élaborer une vraie politique de livraison [ndlr, le « dernier kilomètre propre« ] et enfin mettre en place cette taxe poids lourds au plus vite ! Sans oublier la question du diesel, qui doit être réglée au niveau national. »
L’élu affirme « jouer la transparence » sur ces questions dans la construction du projet Danube, qui devrait générer également du trafic, malgré l’adoption du principe d’une seule place de stationnement pour deux logements. Quadrature du cercle, vous dites ?
Aller plus loin
Sur Rue89 Lyon : Pollution à l’ozone : on est plus exposé à la campagne qu’au bord de l’autoroute
Sur Sciences & Avenir : La pollution urbaine attaque le coeur
Le problème de pollution des centres urbains peuvent, à terme , se réduire voire se résorber; Les destructions d'espaces naturelles sont irrémédiables.
que ceux des lecteurs qui partageraient mon avis le disent ici, car j'aimerai tant que RUE 89 reste critique sans devenir partisan.
impasse 2014
attention y a rien à
"Critique sans être partisan", c'est ce que sont toujours bon nombre de commentaires sur ce site : comme les piliers de bistrot qui refont le monde à chaque tournée, les virtuoses de la pensée en moins de dix lignes sont généralement contre. Car il est plus difficile - on s'expose - à être pour.
Merci à rue89 d'aborder la question de l'urbanisation actuelle des terrains mal exposés. Attendons les positionnements des candidats 2014 sur ces questions.
(Juste un détail à propos de l'école : les cités Corbusier mettaient l'école sur le toit de l'immeuble ce qui était très apprécié des utilisateurs. Serait-ce une solution à la question de la pureté de l'air ou serait-ce pire? Je ne sais pas.)
PS : La remarque de jc lebeau est juste et confirme la complexité de tout ça. Dans toutes les villes d'Europe, les parcs ont été conçus dans des périodes de forte croissance économique, et avant l'augmentation démographique, quand les réserves foncières étaient vastes.
Il y a deux types de circulation sur ce boulevard urbain et qui apportent des désagréments différents aux riverains:
- La circulation des voitures et autres véhicules urbains motorisés.
- La circulation des poids lourds et semi-remorques. Il y a du trafic local important vers les pôle du port du Rhin et de la plaine des Bouchers, puis le transit France-Allemagne.
La circulation des poids lourds:
Cet ancien document de 1999 (http://transnord.schilick.free.fr/pdu/doc/c67.htm) donnent les valeurs, certes à réactualiser, du nombre de poids lourds alimentant le port du Rhin. La carte incluse dans le document est très parlante à propos du volume de marchandises transportées par camions et échangées à partir de ces pôles.
Alors que faire?
Selon l'expression chère au président de la république actuel, il faut puiser dans la boîte à outils (expression traduite de l'anglais "toolbox" très en vogue dans le milieu informatique):
+Réduction du volume de trafic routier:
- Séparer les flux automobiles et poids lourds: La liaison interports est une première réalisation à consolider, comme cela existe du côté de Kehl. Une grande partie du trafic poids lourds sera détourné vers la N353 même au prix d'un détour mais qui évitera bien des bouchons ...
- Les anciens se souviennent certainement de la gare de triage qu'il y avait à la place de la RN4 et du bâtiment de la CUS et des voies de chemins de fer qui remontée jusqu'aux bâtiments Seegmuller (arsenal). C'était avant la politique du tout transport routier initiée par la commission européenne, et nous aurions encore aujourd'hui des voies de chemins de fer à disposition dans la zone. Tout cela pour dire qu'il faut soutenir la politique actuelle du Port Autonome de Strasbourg (PAS) de report modale du trafic routier des containers vers le transport ferroviaire dans la mesure du possible.
- En ce qui concerne le transit international poids lourds, redirection vers la RN 353 pour le trafic vers le sud (A35) et le barrage de Gambsheim pour le trafic vers l'ouest (A4, A35). Il faudra certainement augmenter les contrôles routiers sur la RN4 pour changer les mentalités et coordonner les actions de la CUS avec la mairie de Kehl à l'échelle de l'Eurodistrict.
- Le trafic automobile est également important sur cet axe car nombre de salariés travaillant sur l'emprise du Port Autonome de Strasbourg ou de la Plaine des Bouchers y accèdent avec leur véhicule personnel. Certaines sources annoncent près de 15 000 salariés qui travaillent dans le secteur de la logistique, industriel et quelques bureaux,ce qui donnent l'avantage dans grande plage horaire concernant les déplacements mais limite la desserte efficace par transports en commun. En somme un trafic automobile relativement bien réparti entre 8h et 19h, les heures de la journée les plus chargées. Là aussi la toute nouvelle liaison interports devrait permettre le report de la circulation automobile des salariés habitant au sud de la CUS, encore faut-il que les habitudes de ces automobilistes changent ... une histoire de temps d'adaptation. Il reste par contre un problème d'accès par le nord sur la liaison interports qui se fait de fait par le passage dans le quartier européen, sauf si l'on vient de par delà de Gambsheim.
- Le report des déplacements vers les transports en commun semble plus problématique (plage horaire de travail très large) de par le type d'activité présent sur les zones d'emploi même si des dessertes en bus existent déjà.
+Diminution de rejet de polluant:
- La Ville et la CUS seront en grande partie tributaires de l'évolution technologique des moteurs thermiques pures, bi-modes ou électriques. Idem pour l'aspect fiscalité qui pourrait amener un changement de comportement dans l'usage du type de motorisation des véhicules particuliers. Par contre, la ville peut demander le déclassement de la RN4 ce qui limiterait fortement le transit international des poids lourds sur cet axe et la pollution aux particules fines devrait baisser en proportion.
Pour "les chinois" nous nous comprenons. Mais si quelques vietnamiens commencent à rouler en vélo électrique, ce n'est que parce qu'ils (généralement elles) n'ont pas l'âge de rouler en scooter. Je ne crois pas qu'il y ait une conscience environnementale dans les pays à plus de 8% de croissance.
Revenons chez nous : vos pistes sont justes et rapidement réalisables ce qui permettrait de limiter les dégâts. Mais à plus longue échéance, seule une diminution sérieuse de tous les déplacements sera la solution ; ce qui veut dire que notre façon de vivre devra changer. Gageons qu'avec l'inéluctable raréfaction du pétrole, l'ambiance fourmilière de notre planète changera un jour.
probablement aucune car l'économie n'attend pas et la question du logement concerne tout le monde.
PS : pour répondre au sujet, pourquoi Strasbourg construit là où l'air est pollué ? ben parce qu'elle construit en ville, dans des zones déjà urbanisés, des friches industrielles (on densifie donc pour éviter de gaspiller du foncier). Donc évidemment on va pas construire en périphérie ni en montagne où l'air est pur. Veillez réfléchir 2sec svp
PS 2 : peut être que la politique pro voiture en ville et pro rajouts de parking en ville du FN67 et de l'UMP67 trouveront plus de grâce à leur yeux ?
= conclusion de l'analyse de RUE89STRASBOURG merci !
http://strasbourg2028.carticipe.fr/#prolonger-le-mur-antibruit-de-la4
On ne bloque pas une route nationale impunément.
penible .