
Selon la préfecture, la M35 est plus fluide et plus rapide depuis la mise en service du GCO
Le Grand contournement ouest (GCO) est fréquenté par 5 000 camions par jour en moyenne, selon des chiffres fournis par Vinci. Selon la préfecture du Bas-Rhin, ces camions retirés de l’ancienne A35 ont permis de fluidifier le trafic à Strasbourg.
La préfecture du Bas-Rhin et Arcos, la filiale de Vinci concessionnaire du Grand contournement ouest (GCO, lire tous nos articles), se sont félicités mardi des chiffres de fréquentation de l’autoroute de contournement mise en service le 21 décembre 2021, lors d’une conférence de presse où Rue89 Strasbourg n’a pas été convié.
Pas de nouveauté : Vinci a pointé environ 5 000 camions par jour sur son autoroute, en moyenne sur un mois, soit 6 à 7 000 camions les jours ouvrés. Le nombre de camions sur le GCO le dimanche et jours fériés chutant drastiquement. Un chiffre cohérent avec les chiffres que le concessionnaire avait déjà communiqués en juin et ceux tirés de la campagne de comptage du collectif GCO Non merci.
Arcos a confirmé que l’autoroute payante était majoritairement utilisée par les véhicules de passage, ainsi les chiffres des véhicules légers augmentent sensiblement lors des vacances scolaires par exemple (voir le graphique ci-dessous).

Afin d’éviter le report du trafic sur la M35, l’ancienne A35 qui traverse Strasbourg, les poids-lourds en transit (qui ne s’arrêtent pas dans l’Eurométropole) ont été interdits et la vitesse maximale a été abaissée à 70 km/h entre la place de Haguenau et la porte de Schirmeck, et à 90 km/h sur la rocade sud (M353) entre Geispolsheim et Fegersheim et la M351 vers Eckbolsheim (voir la carte ci-dessous).
Selon la préfecture, ces mesures combinées ont eu pour effet de délester les autres axes de circulation strasbourgeois. En 2022, il y aurait en moyenne 6% de voitures en moins sur la M35 par rapport à 2019, sans qu’il soit observé de hausse sur l’axe est-ouest d’accès à l’agglomération, la M351 dont la charge baisse légèrement (-3%). Les projections anticipaient plus de trafic sur cette entrée de ville.
La baisse la plus spectaculaire concerne le nombre de camions sur la M35, qui aurait baissé de 33% en moyenne par rapport à 2019 selon les chiffres de la préfecture, voire jusqu’à -35% en juin à Ostwald au sud. Le trafic poids lourd sur l’A5 allemande n’aurait semble-t-il pas été affecté.
En outre, la préfecture estime que le GCO a permis de réduire considérablement le nombre et la fréquence des ralentissements (vitesse inférieure à 40 km/h) sur la M35. Selon des pointages effectués entre janvier et mars 2022, ces ralentissements ne sont survenus qu’une demi-heure sur le tronçon entre La Vigie et la Porte de Schirmeck, alors qu’ils ont existé pendant plus de trois heures sur le même tronçon entre septembre et novembre 2021. Même chose entre Reichstett et la place de Haguenau, où le temps de ces ralentissements aurait fondu de près de trois heures à 14 minutes (voir graphique ci-dessous).
Au final, la préfecture estime que les usagers de la M35 ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Selon l’Agence d’urbanisme de Strasbourg (Adeus), à l’origine des résultats sur lesquels s’appuie la préfecture et qui a mis en place un « observatoire de la M35 », cette « amélioration des conditions de circulation est à surveiller dans le temps. En effet, elle pourrait pousser les usagers à davantage utiliser la voiture soit en terme de choix modal, soit en terme de modification des habitudes de territoire de vie. »
Sinon, même là, on constate déjà que le cumul trafic dans le GCO et trafic sur la M35 est en hausse, ce qui est tout sauf un bon présage pour les années futures: la réalisation d'une nouvelle infrastructure routière induit, comme on peut s'y attendre un accroissement de l'usage de la voiture.
Alors, certes, dévier le trafic poids lourd de transit peut paraître une bonne idée et le résultat se fait sentir (à court terme) sur la réduction de l'engorgement de la M35. Il aurait été tout de même plus malin et bien plus économique d'instaurer une écotaxe poids lourds sur l'ensemble de l'axe alsacien. De quoi équilibrer le trafic avec le côté allemand et encourager un peu les autres modes de fret (ferroviaire, fluvial).
À aucun moment, cet axe de réflexion n'apparaît, et c'est bien dommage.
Venant de Vendenheim et habitant au Neudorf, je gagne effectivement ce temps. Mes collègues qui habite dans le sud de l'eurométropole gagnent entre 30 et 40 minutes.
Je constate cependant encore de forts ralentissement en provenance du sud à l'endroit où la voie sud-nord croise celle en provenance de l'avenue du Rhin et de l'eslau. Dommage que la VLIO reliant holtzheim à Schiltigheim ne se réalise pas...
"Au final, la préfecture estime que les usagers de la M35 ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Selon l’Agence d’urbanisme de Strasbourg (Adeus), à l’origine des résultats sur lesquels s’appuie la préfecture et qui a mis en place un « observatoire de la M35 », cette « amélioration des conditions de circulation est à surveiller dans le temps. En effet, elle pourrait pousser les usagers à davantage utiliser la voiture soit en terme de choix modal, soit en terme de modification des habitudes de territoire de vie. »"
Pourquoi RUE 89 n'a-t-elle pas été conviée?
Il est toujours facile de prétendre (en parlant des autorités) sans pour autant dévoiler tous les aspects de l'échiquier.
GCO non merci, sur sa page FB, commente : "Nous nous étonnons que les journalistes n'aient pas relevé un point discutable de la période en question (en parlant du gain de temps). Pour mémoire, nous avons connu une baisse de la circulation entre décembre 2021 et mars 2022 due au télétravail imposé par la situation du Covid[...]"
Remarque discutable également sur le trafic camions.
On ne peut nier non plus que les artisans strasbourgeois voient leurs temps de trajet augmenter à cause des limitations de vitesse. On a améliorer la circulation aux heures de pointe mais augmenter les temps de trajets aux autres périodes.
Rouler à 70 km/h au lieu de 90 km/h entre la Vigie et Reichstett (soit 15 kilomètres) représente une perte de moins de 3 minutes.
Il existe des feux rouges plus longs que ça.
Quelques mois après la mise en service du dernier tronçon d'autoroute entre Annecy et Genève, des études ont comparé les prévisions de trafic et la réalité. Bilan:
- Tarifs fixés en accord avec les pouvoirs publics et jugés raisonnables par les usagers
- Trafic réel légèrement supérieur aux prévisions
Et pourtant les bouchons et les nuisances dans les villages traversés par la départementale que l'autoroute était censée délester n'ont pas diminué... Pourquoi? La réponse était du côté de la SNCF, c'est le nombre d'abonnements qui avait beaucoup diminué...
Les chiffres dont je parle ont plus de 10 ans et la situation a sans doute évolué, mais elle est comparable avec celle du GCO.
L'ouverture du GCO a créé un appel d'air. Sur le court terme, c'est positif, même s'il ne faut pas oublier l'impact de la généralisation du télétravail sur l'évolution du nombre de déplacements quotidiens.
Mais à moyen terme, est-ce que certains usagers du train ne reprendront pas la voiture, sachant que les risques de bouchons sont moindres? Dans mon entourage, ceux qui avaient basculé vers le train l'avaient fait pour des raisons essentiellement de temps et de coût de la voiture individuelle, pas par souci de l'environnement. Grâce ou à cause du GCO, le facteur temps disparaît. Concernant l'aspect économique, la SNCF vante des "abonnement adaptés au télétravail, rentabilisés au bout de 5 allers-retours", mais la rentabilité est-elle comparée à l'achat de billets unitaires ou à l'utilisation d'une voiture individuelle? Il y a un enjeu fort pour maintenir l'attractivité du train (qui est souvent mise à mal: ponctualité, trains supprimés, promiscuité...), sur lequel la région, qui finance l'offre TER, doit agir au plus vite.
Le moment est idéal pour enlever le caractère autoroutier de la M35 avant de retrouver les vieux problèmes.
Il faut tout faire pour dissuader les pendulaires de reprendre leur voiture, ça passe tout autant par la réduction des vitesses que par l'attrait des moyens alternatifs : train, vélo, covoiturage... Le REM est une bonne évolution, mais il faut aller de l'avant, et vite.