

Raphaël Nisand (PS) et Andrée Buchmann (EELV) sont tous deux élus schilikois. (DR)
Quelques jours après avoir annoncé sa candidature dissidente, le maire PS de Schiltigheim Raphaël Nisand fait machine arrière : il ne sera pas candidat à l’élection législative de la 3ème circonscription du Bas-Rhin. Une « décision responsable » clame la gauche, qui se veut désormais unie derrière la candidate écologiste, Andrée Buchmann.
Il a pris sa décision hier (samedi), quelques jours seulement après l’annonce de sa candidature, durant lesquels il a fait campagne de façon active, comme en attestent les infos publiées sur sa page Facebook officielle ou sur son site internet de campagne, tout juste lancé. Raphaël Nisand, maire PS de Schiltigheim, se retire pourtant du jeu. Et s’explique:
« Au bout de trois jours sur le terrain, je me suis aperçu que ma candidature avait créé un trouble chez les sympathisants de gauche. L’accueil n’a pas été aussi bon que ce à quoi je m’attendais… J’ai dû m’autojustifier sur ma démarche, ce qui ne m’a laissé aucune possibilité de développer mon projet. Alors, j’ai compris que la division de la gauche pourrait mener à un second tour UMP-FN et ça, je ne veux pas en porter la responsabilité ! C’est pourquoi je ne déposerai pas ma candidature demain (lundi 15 mai) à la préfecture. »
« Il n’y avait rien de personnel dans ma démarche »
Et de préciser que cette candidature n’était en aucun cas « un simulacre », un coup de bluff, mais bien une mauvaise appréciation de l’attente de ses électeurs. Sur sa participation à la future campagne d’union :
« Je ferai ce qu’Andrée Buchmann souhaitera. Je voterai pour elle et je n’ai en aucun cas l’intention de faire la politique du pire. Je ne pense pas être son suppléant, ça passerait pour du rabibochage de façade, mais je tiens à redire qu’il n’y avait rien de personnel dans ma démarche, je n’ai jamais rien dit contre elle ! »
De son côté, Andrée Buchmann, seule en lice à présent, se dit « surprise » par ce revirement, mais concède :
« C’est une décision très responsable qui soulage tout le monde, les militants comme les citoyens de gauche, qui étaient très partagés sur cette candidature. Raphaël Nisand est le bienvenu pour participer à ma campagne, c’est très sincère. Ensemble, je pense qu’on gagnera ! »
« Mon rôle n’a pas été de manier la menace »
Soulagement aussi du côté des instances dirigeantes du PS. Mathieu Cahn, responsable départemental du parti socialiste, se félicite :
« Avec Raphaël, nous nous sommes appelés tous les jours cette semaine. Il était très clair que s’il maintenait sa candidature, il serait exclu. Je reconnaissais, comme d’autres, une forme de légitimité dans la démarche de Raphaël. Mon rôle n’a pas été de manier la menace, mais de faire comprendre que le but est de donner une majorité à la gauche. Pour cela, je rends hommage à sa décision. »
Pour mémoire, si François Hollande est arrivé en première position à Schiltigheim le 6 mai, c’est Nicolas Sarkozy qui a été favorisé par l’ensemble des électeurs de la 3ème circonscription du Bas-Rhin, à trois points. Pas sûr que l’acte « responsable » de Raphaël Nisand suffise donc à faire pencher le curseur de droite à gauche… Réponse les 10 et 17 juin.
Pour aller plus loin
A voir sur Alsace20 : l’interview de Raphaël Nisand « Sous le grill »
Et puis, il y a les électeurs.
Les petits accords entre partis se décident dans leur dos et leur imposent qui devra les représenter, les laissant lésés et sans voix. Les entailles aux accords font perdre au parti le plus petit la base de ses engagements. Elles découragent et éloignent les électeurs qui voient leurs convictions mises à mal.
Et puis, il y a les politiques à qui ces accords ne conviennent pas. Parce qu’ils doivent mettre en berne leur égo qu’ils ont bien souvent fort dimensionné. Parce que plus les fonctions se cumulent et sont élevées, plus le portefeuille grossit. Parce que leur carrière s’en prend un coup.
Les partis sont un lieu d’obéissance et de servitude aux élus pour les militants. La même attente se révèle à l’égard des citoyens qui sont rangés dans un carton entre deux campagnes électorales.
A Schiltigheim, monsieur Muller avait sorti les citoyens des cartons pour les associer à un processus de concertation pour la création d’un cœur arboré et culturel pour la ville, sur le terrain de l’ancienne brasserie Adelshoffen. Monsieur Nisand, soutenu par ses adjoints Bucher et Dambach, a généré la constitution d’une société par actions simplifiées. C’est une filiale privée du Crédit Mutuel qui y est majoritaire. Le projet a bien changé et les Schilickois co-concepteurs du projet ont bien du mal à y retrouver leur petit.
Ce qui devait être un cœur de ville convivial commence à ressembler à une opération immobilière, vantée, il y a quelques temps, de façon tape-à-l’œil sur l’ex-maison du bâtiment de la place de Haguenau.
Les citoyens ont été rangés dans les cartons avec un bâillon. Jusqu’à une prochaine (foi) fois.
Une chose est certaine ....les electeurs progressistes ne referont pas les erreurs du passé en cas de duel UMP;FN et s abstiendront massivement !
En dépit des accords du PS avec EELV.
En dépit du risque de favoriser l'élection de la droite.
En dépit des 30% d'électeurs de Schiltigheim qui avaient réparti leurs voix entre les différentes candidatures écologistes aux dernières municipales et cantonales.
La difficulté des politiques est bien, en effet, de se mettre à l'écoute des attentes des électeurs. Ici, monsieur Nisand tient compte de ce qu'il a entendu, nous dit-il. Qu'en fera-t-il en dehors des périodes électorales ?
On peut en avoir une idée en assistant aux conseils municipaux. Un droit de question est accordé aux citoyens présents selon les propos du maire. Ceci est une mesure pour le moins appréciable, qui suppose un grand sens démocratique.
Mais.
En réalité, Monsieur Nisand choisit les futurs électeurs qui ont le droit de poser une question. De façon arbitraire. Sans critères définis énoncés. Il choisit aussi d'interdire toute réponse à sa réponse. Aucun dialogue possible. Aucune précision. Aucune rectification.
Cela dissuade pour le moins de tenter de poser une question. Voire d'assister au Conseil municipal.
D'autant plus qu'une des armes redoutables de monsieur Nisand est le mépris. Cela n'est guère agréable de demander explication de sa politique municipale à l'élu et d'être tourné en ridicule pour cette raison.