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Report de l’écotaxe : valse politique des Alsaciens

Le gouvernement vient de renoncer à l’écotaxe sur les routes bretonnes face à la contestation menée par le patronat et les agriculteurs. En Alsace pourtant, un relatif consensus politique existe autour d’une taxe similaire sur les autoroutes gratuites alsaciennes, qui absorbent une partie du trafic allemand. Parce qu’outre-Rhin, l’écotaxe existe.

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Report de l’écotaxe : valse politique des Alsaciens

Trafic PL sur l'A35, surtout du transit (Photo Pascal Bastien)
Trafic PL sur l’A35, surtout du transit (Photo Pascal Bastien)

Après un violent mouvement de contestation ce week-end en Bretagne, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault (PS) a décidé de suspendre la mise en place de l’écotaxe. Déjà reportée quatre fois, l’entrée en vigueur de cette taxe sur les poids lourds de transit aura – peut-être un jour – pour effet de dissuader les entreprises (industries, agroalimentaires, commerces…) de faire voyager leurs marchandises sur de longues distances par la route, favorisant les échanges locaux et les alternatives aux camions, fret ferroviaire ou transport fluvial.

Richert « perplexe » sur l’abandon de l’ex-taxe Bur

Cette taxe écologique, pensée sur le principe « pollueur-payeur », aurait pu être expérimentée en Alsace dès 2006-2007, alors qu’elle s’appelait encore « taxe Bur », du nom de l’ancien député du Bas-Rhin et (toujours) maire de Lingolsheim, Yves Bur. L’idée de cet élu UMP : contrer rapidement le report de poids lourds de l’autoroute allemande vers l’A35 en France, suite à l’entrée en vigueur outre-Rhin en 2005 de la LKW Maut.

Mais d’année en année, l’expérimentation est reportée, autant par soucis techniques de recouvrement, que sous la pression des transporteurs routiers. Et malgré un relatif consensus sur son principe, l’entrée en vigueur nationale de cette taxe ne sera toujours pas pour le 1er janvier 2014, dernière date évoquée. Dans un communiqué, le président du conseil régional Philippe Richert se dit « perplexe » et, non sans rappeler la paternité de la droite sur ce dispositif, commente :

« Aujourd’hui, le mouvement de protestation correspond à une exaspération liée à une multiplication des taxes et impôts, qui entrainent un réel rejet de toute nouvelle proposition fiscale. Cette nouvelle marche arrière est cependant une mauvaise réponse à un projet qui a traversé des aménagements successifs certes, mais qui faisait désormais consensus et recueillait l’unanimité des parlementaires. Une fois de plus le gouvernement n’est pas allé au bout de la démarche. »

« Mesure mal élaborée », selon le PS

Le groupe socialistes et démocrates au conseil régional, lui, renvoie la balle dans le camp adverse (à lire sur le profil Facebook de la conseillère régionale PS Pernelle Richardot) :

« Les difficultés de mise en œuvre de ce dispositif ne datent pas d’hier. L’ancien gouvernement UMP, pourtant à l’initiative de cette loi, n’a jamais été en capacité de la mettre en œuvre et a privilégié la fuite en avant par de multiples reports plutôt que d’ouvrir les discussions qui s’imposaient afin que celle-ci soit comprise puis appliquée sur l’ensemble du territoire français. (…) Le groupe socialistes et démocrates se félicite donc de la remise à plat de cette mesure mal élaborée et réitère les objectifs qui doivent présider au nouveau projet qui sera proposé : l’incitation aux transports les moins polluants et, en ce qui concerne l’Alsace, la régulation des poids lourds qui du fait de la taxe allemande choisissent de transiter par l’Alsace. »

Seulement voilà, officiellement, les élus PS sont plutôt opposés à la construction du GCO, grand contournement ouest de Strasbourg, dont le principal objet est de capter une part du trafic poids lourds de transit pour désengorger l’A35 qui passe dans Strasbourg. GCO que l’on pourrait voir ressortir une énième fois des cartons très prochainement.

Une reculade face aux lobbies, selon les Verts

Or, l’écotaxe aurait également pour but de diminuer ce même trafic de transit, par dissuasion, sans avoir à créer de nouvelle infrastructure autoroutière. Sans compter que les élus écologistes alsaciens sont pour l’écotaxe et fonctionnent main dans la main (théoriquement) avec leurs alliés socialistes, notamment à Strasbourg. Dans un communiqué, le conseiller régional Jacque Fernique et l’adjoint au maire Alain Jund regrette le poids des lobbies et la faiblesse du gouvernement :

« Les lobbies, à courte vue ont repris de la voix et sont parvenus à instrumentaliser le désarroi breton face à la crise pour faire de l’écotaxe le bouc-émissaire de tout le mécontentement et au même moment la TVA sur les transports collectifs grimpent à 10 % : où est l’intérêt général ? La LKW maut allemande et l’éco-taxe suisse depuis les années 90 ont permis d’optimiser les transports, de lutter contre les camions quasi vides, d’éviter les déplacements inutiles, et surtout de renforcer considérablement les autres modes de transports, et d’abord le ferroviaire. Rien que pour 2012 c’est 4,3 milliards que les Allemands ont pu injecter dans les investissements des transports collectifs et le fer. »


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