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Après la résorption du bidonville de Cronenbourg, le défi de l’insertion

Un an après leur relogement derrière la gare, plusieurs familles roms de l’ancien bidonville de Cronenbourg bénéficient d’un accompagnement social. Mais il reste beaucoup à faire pour éviter que le campement ne se reforme à la fin du dispositif.

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Après la résorption du bidonville de Cronenbourg, le défi de l’insertion
Ioana espère pouvoir rester en France pour scolariser ses enfants.

« C’est bien mieux ici. En Roumanie, on vivait dans une maison insalubre sans eau, sans chauffage. » Pour ce père de famille roms, relogé dans un mobil-home près de la gare de Strasbourg après avoir été expulsé du bidonville de Cronenbourg, le changement de cadre de vie est appréciable.

Depuis juin 2024, treize familles roms de Roumanie et de Hongrie, soit 15 adultes et 13 enfants, ont été installées dans des mobil-homes et des caravanes à l’Espace 16, un « Espace temporaire d’insertion » (ETI) mis en place par la Ville et la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) dans l’enceinte du Bastion 16, rue du Rempart.

Désarmer les clans

Pour en arriver là cependant, il aura fallu un long travail de « diagnostic » mené par Trajectoires, une association spécialisée dans l’insertion, afin d’identifier et neutraliser les liens claniques qui pouvaient exister entre certains habitants du bidonville de la M35 (voir notre reportage). Dans cette micro-société qui a culminé à 160 membres, tout se monnayait, y compris l’accès aux cabanes et à l’eau.

À l’Espace 16, les familles qui ont accepté le relogement, bénéficient de conditions sanitaires équivalentes à celle d’un camping, d’un suivi social hebdomadaire, de cours de français et d’un accompagnement vers l’emploi. Les travailleuses sociales de Carilogis, un service de Caritas Alsace, veillent à ce que les familles ne subissent plus l’emprise mafieuse qui pesait sur elles au bidonville. Une vigilance de chaque instant puisque les personnes qui vivaient sur le dos de ces familles sont toujours présentes à Strasbourg.

Il reste encore un an à Carilogis pour faire en sorte que toutes les familles puissent s’insérer dans la société française. L’association compte beaucoup sur l’emploi, condition nécessaire à l’obtention d’un titre de séjour, mais pour l’instant, seuls trois adultes sur 17 disposent d’un contrat de travail  : un dans l’entreprise Régie des Écrivains, un autre chez Zalando en Allemagne, et un en tant qu’auto-entrepreneur dans le ferraillage. Quatre autres terminent un stage aux Jardins de la Montagne Verte, avec l’espoir d’y décrocher un emploi.

La Ville de Strasbourg a engagé 450 000€ dans cette opération, remboursés par une première tranche de 190 000€ de la Dihal en 2024. L’opération fait figure de modèle pour la résorption des bidonvilles roms en France, même si la taille du dispositif est sans commune mesure avec les bidonvilles existants à Montpellier ou Nantes.


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