
Les riverains de l’aéroport repartent au combat pour récupérer la tranquillité de leurs nuits d’été
Les survols nocturnes de Strasbourg ont repris, avec la reprise du trafic aérien et des vols vers les destinations de vacances. Pour l’association des riverains, les équilibres qui prévalaient avant la crise sanitaire ne tiennent plus.
Les dormeurs installés sur une ligne allant de Schiltigheim à Bischoffsheim, et dans les quartiers strasbourgeois de Cronenbourg, Hautepierre et Koenigshoffen, sont nombreux à redécouvrir les réveils nocturnes causés par le passage des avions. Avec la crise du Covid-19, ces nuisances avaient cessé, l’aéroport d’Entzheim n’ayant compté que neuf atterrissages nocturnes sur toute l’année 2020.
Mais avec la reprise du trafic aérien à été 2021, finies les nuits calmes et sans sursaut avec les fenêtres ouvertes. « Depuis juin, nos adhérents ont déjà entendu plus d’une cinquantaine de survols de nuits », déplore Francis Rohmer, président de l’Ufnase, l’Union fédérale contre les nuisances de l’aéroport de Strasbourg-Entzheim, qui fédère des associations d’habitants des communes riveraines de l’aéroport. À 2h du matin le 2 août, à 1h50 le 8 août… « Le bruit peut monter jusqu’à 75 décibels (comme le bruit d’un aspirateur, ndlr) », prévient le responsable associatif. « L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande pourtant de ne pas dépasser 40 décibels la nuit et considère que le seuil pour être réveillé est à 60 décibels. » La force du bruit est plus ou moins intense selon le sens du vent.
De plus en plus de gros avions adoptent pour atterrir la méthode de la trajectoire d’approche continue, qui permet entre autres de limiter le bruit des moteurs. « Mais à part Air France, les compagnies ne l’utilisent pas à Entzheim », constate Francis Rohmer. Cette manière de procéder serait plus compliquée pour les pilotes et les aiguilleurs. L’aéroport préfèrerait selon le responsable associatif la méthode traditionnelle qui fait descendre les avions par paliers, et cause des vrombissement de moteurs.
Plus d’avions après minuit
Pourtant l’aéroport d’Entzheim, les communes environnantes et les riverains, représentés par l’Ufnase, ont fixé des règles. La nécessité de poser un cadre s’était fait sentir avec l’arrivée sur l’aéroport de la compagnie Volotea en 2015, explique Francis Rohmer. Jusqu’en 2018, la compagnie espagnole avait basé trois avions à Entzheim :
« On a eu jusqu’à 697 vols de nuit pour l’année 2018. Les chiffres ont baissé à 470 en 2019, alors que Volotea n’avait plus que deux avions. »
En décembre 2019, les négociations ont abouti à un protocole d’accord sur les vols de nuit. En général, la limitation des horaires de fonctionnement d’un aéroport est posée par arrêté ministériel. Le cas d’Entzheim est unique en France : les engagements sont pris entre les partenaires locaux. Depuis le 1er avril 2021, les avions les plus bruyants ne peuvent plus atterrir sur l’aéroport entre minuit et 6h. Les décollages sont quant à eux interdits après 23h30. Les contrevenants s’exposent à un rappel à l’ordre de l’aéroport.
Les discussions pour le protocole d’accord ont été serrées, se souvient Francis Rohmer, alors représentant de la société civile :
« L’objectif de notre fédération a toujours été qu’il n’y ait plus d’atterrissage après 23h. Mais avons dû accepter minuit parce que c’était la seule possibilité d’arriver à un accord avec les maires. Ils nous exposent toujours “la situation économique” de l’aéroport. »
L’aéroport de Strasbourg lutte depuis 10 ans pour sa survie, depuis que le TGV a remplacé les navettes aériennes vers Paris. Il s’est engagé dans une transition vers le tourisme mais la proximité de l’Euroairport et de Francfort le condamne à des destinations subalternes.
Une exception qui fait la règle
Les riverains ont fait une autre concession : tolérer les arrivées après minuit pour les vols retardés des avions basés à Strasbourg. Mais cette disposition est utilisée abusivement selon eux. Dans les faits, elle profite aux joueurs de la SIG et du Racing club de Strasbourg pour leurs retours de matchs en extérieur. « Mais ça arrive très rarement, puisqu’ils prennent le bus ou le train pour les distances de moins 500 km », nuance Francis Rohmer. Autres bénéficiaires : les avions sanitaires, surtout pour les transports d’organes.
L’immense majorité des réveils nocturnes est donc constituée par les deux avions de Volotea qui rentrent à leur base. « Ils dépassent facilement minuit, puisque leurs dernières arrivées sont programmées à 23h55 », explique Francis Rohmer.

Pendant des années, le service environnement de l’aéroport a informé le président de l’Ufnase de chaque incident. Mais, depuis la crise du Covid-19, la responsable du service est partie et n’a pas été remplacée, « officiellement pour des raisons économiques », explique-t-il. L’association n’a plus accès qu’a posteriori à un bulletin mensuel des données environnementales de vols, où les informations sur ce qui se passe la nuit sont noyées dans les listes. Les adhérents de l’organisation relèvent désormais eux-mêmes les vols pendant leurs heures de sommeil. Depuis la reprise du trafic aérien en juin jusqu’au 22 août, l’Ufnase estime d’après ces décomptes qu’une soixantaine de vols ont atterri à Entzheim après minuit.
Une commission de suivi du protocole d’accord devrait se tenir à l’automne. Pour l’heure les noms de ses membres ne sont pas connus. Hormis les délégués de l’Ufnase, les membres qui avaient négocié cet accord à l’amiable, maires et directeur de l’aéroport, ne sont plus en poste.
Anticiper les retards
L’Ufnase entend y faire des propositions pour une meilleure anticipation des retards de la compagnie Volotea. « Nous comprenons qu’il puisse y avoir des retards, mais là il y en a trop », insiste Francis Rohmer. La fédération d’associations de riverains propose d’abaisser le dernier horaire d’atterrissage à 23h et que Volotea utilise des avions de secours quand les retards sont prévisibles au cours de la journée :
« Pourquoi programmer un retour de Dubrovnik à 23h55 ? Plus le vol et lointain, plus ça augmente les retards. Les avions de Volotea fonctionnent au plus juste, avec 30 à 40 minutes d’escales entre chaque vols, pour vérifier l’avion, faire le ménage et embarquer les passagers. Il suffit d’un incident et ça se répercute sur le vol suivant. Volotea fait 4 allers-retours par jour. À raison d’une moyenne d’une douzaine d’heures de vols dans la journée, c’est pratiquement ingérable. Et en cette période d’été, il y a une saturation des vols autour de la Méditerranée. Si un avion n’arrive pas à prendre son créneau, il peut être retardé d’une heure au moins. »
Le protocole d’accord de 2019 mentionne la possibilité d’une majoration de la redevance due à l’aéroport pour les compagnies qui multiplieraient les vols retardés. Un levier resté sans suite : « L’aéroport n’a jamais fait de proposition sur point à notre connaissance », regrette Francis Rohmer. Les retrouvailles en octobre s’annoncent animées.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur l’aéroport de Strasbourg – Entzheim
Au passage, cet aéroport héberge également un vecteur de secours... Les gens pourront mourir en silence.
Je savais tout cela lorsque j'ai acheté mon bien et je l'assume.
Rien à voir avec Roissy.
2e : j'habite dans le vieux Schillig. Je n'ai JAMAIS subit de nuisance à l'atterrissage, où les avions sont "gaz réduits" et au décollage (plein gaz), car le taux de montée de ces avions est tel, que lorsqu'ils survolent Schillig, ils déjà à 1 000m (1 km) !
Restent 1 ou 2 fois par mois des avions de chasse Rafale, de St Dizier et des Mirage de Nancy qui font de rapides passages DIURNE, comme à Bâle (qui ne s'en plaint pas). Ils doivent le faire pour protéger et connaître tous les terrains
Quand à l'axe sud, ce sont des champs...
Les vols de nuit ?
Ils sont très très rares. Il reste UN vol vers 23:00...
Je suis désolé, mais les motos et voitures à pot trafiqué font 1000 fois plus de bruit !
Enfin, l'économie.
Il y a 25 ans, Trautmann a refusé DHL et ses 3 000 emplois. Bilan, ils sont en Allemagne sans nuisance ! Leurs taxes aussi !
Quant au trafic, je vous invite à regarder cette application :
"Flightradar24"
Vous y comparerez jour et nuit l'énorme différence de trafic entre Baden, qui vit et empoche des taxes, et Entzheim, qui va crever !
CQFD : une ville et mieux, une capitale européenne, sans aéroport, meure.
Continuez... Donnez des arguments pro-Bruxelles... Le parlement y sera, les diplomates aussi, l'aéroport fermera et vous pleurerez car Stasbourg n'aura plus d'autre intérêt que ses vieilles pierres...
Alors, Strasbourg, capitale politique, économique ou musée vivant ?...
Strasbourg est la 8ème ville de France par sa population et accessoirement capitale de l'Europe alors l'idée d'en faire une ville tranquille pépère sans aéroport est plutôt incongrue. Et l'argument de dire il y a Bâle, Baden etc... je trouve cela pas très sympathique non plus pour ceux qui habitent là bas, l'idée serait donc de nous débarrasser des nuisances d'Entzheim pour augmenter celles des bâlois etc et continuer à prendre nos avions tranquillement chez eux. hmmm...
L'évolution n'inclut pas la destruction du passé !
Vous êtes encore un de ses adeptes non pas de la destruction, mais de la déconstruction !
Si vous ne voyez pas la différence, prenez un dictionnaire.
Vous savez, ces trucs pleins de pages et sans clavier...
Pour Google, je vous invite à vérifier l'impact CO2 des avions...
Vous serez, j'espère, surpris, de voir que votre chauffage, votre voiture et même votre entreprise, polluent davantage que les avions...
Il est beau le monde d'après: profits pour les uns nuisances pour les autres!
Chez vous c'est les avions, chez nous les camions:
https://www.rue89strasbourg.com/mommenheim-village-autoroute-214212
Dans quel monde vit-on?!?
A rapprocher des délires d'Anne Hidalgo, maire de Paris, en lutte contre les voitures et les camions, sachant que toutes les études montrent que les industries et les chauffages domestiques polluent davantage...
Reste le bruit !
Où en sont les projets des écolos-bobos pour mettre les camions sur des trains ?....
SILENCE RADIO !
25 ans plus tard, l'aéroport -privatisé entretemps, donc susceptible de réaliser des pertes -en général couvertes par la collectivité- et des profits surtout pour certaines compagnies- eh bien, notre aéroport essaie de s'affranchir de cet accord qui limite son champ d'action.
Comme le rapporte cet article, les associations de riverains tentent de résister à cette reprise en main par des moyens « légers », dans les structures de concertation (Commission Consultative de l'Environnement de l'aéroport) et quelques autres. Sans autre rapport de force que le « souvenir » de 1996. Pour combien de temps encore ?
Dans ce combat pour la réduction des nuisances aéroportuaires, on n'évoque pas l'action de l'Eurométropole de Strasbourg. Sous MM. Ries et Hermann, c'était clair : mandat avait été donné au représentant des commerçants, le délégué au tourisme M. Gsell, qui n'avait pas grand chose à refuser à la CCI et à l'aéroport, y compris des vols subventionnés style Ryannair. Un certain nombre d'autres élus locaux (notamment celui d'Entzheim, dont la population est pourtant assez concernée par les nuisances) allaient dans le même sens. Depuis 2020, on n'entend pas la maire de Strasbourg à ce propos. Ni la Présidente de l'EMS, pourtant maire d'une autre commune fortement touchée, Holtzheim. Je pense qu'elles auraient intérêt à faire connaître leur position et à exprimer leur soutien aux riverains. Mais le problème est complexe, car vient se greffer la question de la soi-disante nécessité d'un aéroport aux liaisons multiples et fréquentes pour la « bataille » du siège du parlement européen... Et le lobby aérien sait jouer de cet argument.
Le trafic aérien doit être réduit au maximum dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Strasbourg n'a pas vocation à augmenter son trafic. Il existe un transport alternatif -le TGV- et pour les vols longue distance, on trouve suffisamment d’aéroports dans le bassin rhénan (Francfort, Bâle-Mulhouse, Baden-Baden, etc...). J'ose poser la question : faut-il maintenir un aéroport international à Strasbourg ?
La "bataille" du siège du parlement européen est un "non sujet" car il est inscrit dans les statuts et pour le modifier, il faut l'unanimité, ce qui n'arrivera jamais mais il faut dire qu'il ne faut jamais dire jamais, habitant de Schiltigheim, je sais de quoi je parle ;-)
Une majorité d'européens le veut.
J'ai peur que des atlantiques comme Macrin "vendront" Strasbourg sans vergogne !
Regardez le planning des vols.
Mais avez raisons.
Nous sommes assez riches
Comme pour DHL, envoyons les sources de revenus en Allemagne !
et nos élus en responsabilités sur le devenir de l’aéroport très motivés par les campagnes électorales qui se succèdent depuis 2020 ne semblent pas du tout décider à bouger le petit doigt pour aller vers les propositions que vous préconisez qui sont dans le bon sens.