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Pour sauver Clestra à Strasbourg, Sophie Binet engage la « force collective » de la CGT
Economie 

Pour sauver Clestra à Strasbourg, Sophie Binet engage la « force collective » de la CGT

par Prunelle Menu.
Publié le 23 août 2023.
Imprimé le 23 septembre 2023 à 20:52
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Un rassemblement en présence de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est prévu ce jeudi 24 août à 11h devant l’usine Clestra à Illkirch-Graffenstaden. La syndicaliste compte obtenir gain de cause pour ces ouvriers en grève depuis sept semaines. Entretien.

Sept semaines de grève et toujours pas de réponse claire de leurs employeurs. Les salariés de l’usine de cloisons de bureaux Clestra à Illkirch-Graffenstaden craignent pour leurs emplois depuis la reprise de l’entreprise par le groupe Jestia, en octobre 2022. Dans ce conflit, les branches métallurgie et départementales de la CGT se sont engagées auprès des ouvriers dès le début de la grève, le 3 juillet.

Et ce jeudi 24 août, c’est Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui fera le déplacement jusqu’au site de l’usine Clestra pour soutenir les salariés et peser dans ce rapport de force. Élue en mars, première femme à la tête de la CGT, la syndicaliste compte faire de cette lutte un exemple.

Sophie Binet (Photo CGT / Doc remis)

Rue89 Strasbourg : Quelle est la raison de votre venue au piquet de grève de l’usine Clestra ce jeudi ?

Sophie Binet : Je viens pour interpeller le gouvernement et les pouvoirs publics dans un premier temps, la préfecture ensuite et sinon directement le ministère du Travail pour qu’ils jouent leur rôle. On ne veut pas que l’usine Clestra soit ainsi malmenée comme c’est trop souvent le cas au moment de la reprise d’une entreprise par une société, ici le groupe Jestia.

« Exiger le remboursement des aides publiques »

Il faut qu’une table ronde soit organisée avec les pouvoirs publics, les actionnaires et les salariés. Le but est que les pouvoirs publics pèsent tout leur poids et exigent le remboursement des aides publiques si les garanties annoncées par Jestia (283 emplois, NDLR) lors de la reprise ne sont pas respectées. On a le sentiment que les nouveaux actionnaires de Clestra veulent démanteler l’entreprise, qu’un plan social est en cours sans le dire. La stratégie de la CGT dans cette situation est peser dans ce rapport de force, puisque la mobilisation des salariés n’est semble-t-il pas entendue par les dirigeants.

Pensez-vous que les salariés de Clestra peuvent sortir gagnants de ce combat ?

On a des victoires tous les jours. Chaque jour, des salariés se mobilisent et obtiennent gain de cause, par exemple des augmentations de salaire ou des changements de leur temps de travail. Ces victoires sont obtenues à la suite de plusieurs semaines de médiatisation, comme par exemple la grève des ouvrières de l’enseigne de puériculture Vertbaudet dans le Nord ou encore au moment de la fermeture de la centrale à charbon de Gardanne : les emplois ont été maintenus grâce à la création d’une activité de production énergétique.

Contre le repli sur soi et l’extrême-droite

En quoi est-ce important pour la CGT de défendre l’usine Clestra ?

Cette usine fait vivre des centaines de familles qui participent à la vie économique du bassin strasbourgeois, elle permet de maintenir une diversité sociale avec des ouvriers et des cadres à Strasbourg. En outre, Clestra est nécessaire à la population française. L’entreprise fabrique des cloisons de bureaux ; un marché en essor. Garder cette production en France permet d’éviter les importations et de réduire nos émissions de gaz à effet de serre liées au transport. Il faut se battre pour garder ce savoir-faire industriel à Strasbourg, présent depuis de très longues années.

Dans une perspective plus globale, qu’illustre ce déplacement de la secrétaire générale de la CGT en Alsace ?

L’extrême-droite prospère sur le chômage, la précarité et la désindustrialisation. Elle se nourrit du repli sur soi face à l’adversité. Au contraire, la CGT croit dans l’action collective, lors de laquelle les salariés se rassemblent à partir de leurs revendications. Face à la brutalité du monde économique, il n’y a pas de discrimination de genre, de couleur de peau ou d’orientation sexuelle. Une mobilisation collective est par essence rassembleuse. C’est le meilleur antidote contre l’extrême-droite, surtout quand c’est gagnant. C’est pour ça que notre stratégie est de multiplier les luttes gagnantes.

L'AUTEUR
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