Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Soupçonnés de trafic d’êtres humains, 24 hommes interpellés

Mardi 1er avril, les gendarmes de la section de recherches de Strasbourg ont démantelé en Alsace un réseau de trafic de migrants. 24 individus ont été interpellés dans la région de Strasbourg et en Île-de-France.

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Soupçonnés de trafic d’êtres humains, 24 hommes interpellés
Le tribunal judiciaire de Strasbourg.

Mardi 1er avril 2025, 24 individus ont été interpellés à leurs domiciles à 6 heures du matin, en Alsace et en Île-de-France, lors d’une opération coordonnée par la section de recherches de la gendarmerie de Strasbourg. Tous sont soupçonnés d’avoir organisé un réseau de trafic de personnes migrantes.

Ils auraient permis l’entrée illégale sur le territoire européen de citoyens d’Afghanistan, de Syrie, de Libye, d’Irak et d’Iran, notamment des femmes et des enfants. Ils auraient dissimulé ces exilés dans des camions, à travers l’Europe de l’Est – Croatie, Grèce, Autriche, Hongrie ou Bulgarie.

Comme l’indique la procureure de Strasbourg dans un communiqué de presse daté du 7 avril :

« Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une instruction ouverte par le parquet de Strasbourg pour des faits d’association de malfaiteurs, aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers en bande organisée et blanchiment. »

Après 96 heures de garde à vue, 12 des 24 individus ont été déférés à la justice, puis mis en examen. Dix d’entre eux sont en détention provisoire.

Une enquête de deux ans

L’enquête a débuté le 30 décembre 2022 avec l’interpellation d’un individu à la frontière austro-hongroise. L’homme arrêté est strasbourgeois. Il conduisait une camionnette de modèle Renault Master, à l’arrière de laquelle étaient entassés 43 migrants. Jugé en Hongrie, il a été condamné pour « aide au transport et au séjour irréguliers d’étrangers ».

Depuis l’arrestation, près de 300 gendarmes du Grand Est, d’Île-de-France et de Savoie ont été mobilisés pour remonter jusqu’aux têtes du réseau, à l’aide de mises sur écoute et de moyens géolocalisation. Les investigations ont nécessité une collaboration avec la police de Turin et de Bologne, ainsi qu’avec Europol.

L’intervention de la Squadra Mobile (police italienne) a été essentielle, car les commanditaires du réseau sont encore libres, sur le territoire italien. Aucune interpellation n’a eu lieu en talie, précise le colonel de Becker, responsable de la section de recherches à Strasbourg.

Les interpellations du 1er avril se sont déroulées exclusivement en Île-de-France et en Alsace. En France, les prévenus sont soupçonnés d’avoir conduit les véhicules transportant des personnes migrantes, ou d’avoir joué le rôle de logisticiens (recrutement des chauffeurs, coordination de la planification des déplacements).

Les camions en question étaient loués dans différents pays d’Europe. Les membres du réseau rentraient en contact avec d’autres passeurs afin d’acheminer sur le territoire européen les femmes, hommes et enfants migrants.

Un des hommes interpellé à son domicile strasbourgeois a entre 40 et 50 ans. Il est accusé d’être un logisticien et ne reconnait pas les faits qui lui sont imputés. Selon l’enquête, il posséderait par ailleurs une société qui aurait les moyens de blanchir l’argent du trafic.

Un trafic lucratif

Tous les logisticiens arrêtés début avril vivent dans la région Grand-Est. Les chauffeurs quant à eux « sont originaires d’Alsace et d’Île-de-France, plutôt jeunes et en situation régulière », indique le colonel De Becker. « Attirés par l’appât du gain, ils pouvaient entasser jusqu’à 40 personnes pour les faire passer dans l’espace européen » continue-t-il.

Les chauffeurs pouvaient gagner jusqu’à 25 000 euros par trajet, indique le parquet de Strasbourg. Entre logisticiens, chauffeurs et passeurs, la communication était établie via le réseau social Snapchat.

Depuis les interpellations, « des saisies et perquisitions effectuées au domicile des prévenus ont permis de confirmer les éléments de l’enquête et de tracer l’historique du trafic, affirme le colonel, mais les investigations se poursuivent ». Certains points doivent être précisés, comme le blanchiment d’argent. Suite aux perquisitions, « des biens et du numéraire ont été saisis pour une valeur estimée à 130 000 euros », déclare le communiqué de presse de la procureure.


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