
Les anciens bâtiments de Coop Alsace à Strasbourg ne seront pas détruits. Ils seront réutilisés pour accueillir une galerie, un restaurant, des ateliers d’artistes, un fablab, un espace de stockage… Mais pas une nouvelle salle de concert. La Laiterie restera dans le quartier gare. L’Ososphère pourra néanmoins se tenir à la Coop.
L’architecte Alexandre Chemetoff a présenté lundi son plan-guide pour la rénovation de l’ancien siège de Coop Alsace, au Port-du-Rhin à Strasbourg. Et première surprise : il n’est plus question de transformer l’un des bâtiments en salle de spectacles. L’équipe de la Laiterie, qui en rêvait, va devoir trouver sur son site actuel dans le quartier gare les moyens de son développement.
La raison de ce revirement de la municipalité : créer un nouvel établissement culturel sur la friche de la Coop coûterait trop cher. Alain Fontanel, premier adjoint au maire (PS) en charge de la culture, détaille :
« Si nous décidions de construire une nouvelle salle de concerts dans l’ancienne cave à vins de la Coop, cela revenait à allouer à cet unique projet toute l’enveloppe budgétaire prévue pour l’ensemble du site de la Coop, soit 20 millions d’euros. Or il y a 8 hectares à traiter, soit un site trois fois plus grand que la Manufacture des tabacs. Donc après de nombreuses réunions, nous avons décidé de consacrer une partie de l’enveloppe à la sauvegarde de ce patrimoine immobilier, quitte à ce que les bâtiments trouvent chacun leur destination finale graduellement. »
Car il y a « une certaine urgence » à agir. Certains éléments des bâtiments montrent d’inquiétants signes de fragilité, et des problèmes d’étanchéité accélèrent la dégradation des installations. L’opération visera dans un premier temps à sécuriser cet ensemble d’une dizaine de bâtiments. Ensuite, des appels à projets seront publiés et ce sera au secteur privé de financer la rénovation des lieux et d’y installer des activités, en cohérence avec des cahiers des charges adaptés à chaque bâtiment existant.
Depuis un an, Alexandre Chemetoff a mesuré, inventorié les espaces, listé les usages passés et possibles aujourd’hui. Son objectif est de réutiliser au maximum les bâtiments comme ils ont été conçus, tout en gardant « l’esprit Coop », c’est à dire cette volonté d’économie solidaire, de partage et d’entraide. Pour Alexandre Chemetoff, « la ville ne rejoint pas le port, elle y revient. » En témoigne ces deux lignes de fuite, l’axe Deux-Rives et l’axe de la Neustadt qui convergent toutes les deux… à la Coop. Le site doit donc être à la hauteur de cette finalité, déjà exprimée dans le foncier.
Dans la virgule, des ateliers d’artistes et un fablab
Dans l’espace appelé « virgule », à l’ouest, la Coop y avait sa menuiserie et un garage mécanique. De l’extérieur, les bâtiments ne présentent aucun intérêt architectural. Et pourtant, Alexandre Chemetoff prévoit de les réutiliser. Dans le garage, il voit des ateliers, un café musique et dans les abords, un jardin des sculptures.
Dans la cour devant le garage, Alexandre Chemetoff verrait bien un chapiteau, pour accueillir des expositions temporaires ou des spectacles. En face, se trouve l’ancienne menuiserie de la Coop. Là encore, le bâtiment n’offre aucun intérêt particulier vu de l’extérieur, mais l’architecte note qu’il est équipé de systèmes d’évacuation des poussières, parfaits pour transformer le lieu en « fablab », c’est à dire un espace dédié à la pratique créatrice avec une mutualisation des outils.

… et comment Alexandre Chemetoff voir la suite, en « atelier des métiers » (dessin Alexandre Chemetoff / doc remis)
Une grande brasserie dans l’ancienne usine d’embouteillage
L’imposant bâtiment de la cave à vins et de l’usine d’embouteillage, construit en 1911, pourrait être utilisé comme salle d’exposition, pouvant accueillir ponctuellement des festivals, comme Ososphère ou d’autres événements spéciaux.
Pour les étages supérieurs, Alexandre Chemetoff propose d’utiliser l’exceptionnelle verrière pour accueillir une immense brasserie, capable de servir plus de mille couverts ! Il est vrai que le lieu est unique, mais il faudra attendre de nombreuses années avant que l’urbanisation ait produit suffisamment de résidents et de lieux de travail pour qu’une telle brasserie trouve sa rentabilité… La municipalité prévoit de monter graduellement en puissance.

L’usine d’embouteillage bénéficie d’une lumière naturelle exceptionnelle… (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)

La grande brasserie pourrait accueillir plus de 1000 couverts (dessin Alexandre Chemetoff / doc remis)
Le bâtiment en face, appelé « l’union sociale », qui abritait le bar durant l’Ososphère, sera également conservé. Il devrait accueillir une partie des collections des musées de la Ville, qui l’utiliseront comme espace de stockage et de conservation.
Dans les bâtiments administratifs, les plus récemment occupés par la Coop, Alexandre Chemetoff propose de les réutiliser pour y installer des logements, dont les habitants auront un projet coopératif, par exemple via une opération d’autopromotion. Un espace de co-working et des structures de l’économie sociale et solidaire devraient aussi s’y installer, elles se sont regroupées au sein d’une association idoine, appelée Kaléidoscoop. On compte Alsace Active et la Maison de l’emploi parmi ses membres.

Les appels à projets pour l’utilisation de cette ancienne salle de contrôle sont les bienvenus… (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)
« La culture ne doit pas fossiliser les bâtiments »
Pour Alexandre Chemetoff, la culture a tendance à fossiliser les politiques architecturales :
« En général, dès qu’on a des bâtiments patrimoniaux comme ceux de la Coop, on les dédie à la culture et on y touche plus. Mais dans un espace public préservé, il peut se passer des choses, les gens peuvent vivre et s’y rencontrer. C’est ainsi qu’on conçoit cet ensemble, donc beaucoup d’éléments précieux sont réutilisables, comme des verrières ou des sols en pierres polies, qui seraient hors d’atteinte si on devait se les payer ! »
L’idée d’Alexandre Chemetoff, suivie par la municipalité, est d’assigner des fonctions générales aux bâtiments après des opérations de conservation. Des appels à projets vont être lancés dès cet automne, afin que ces bâtiments trouvent la meilleure exploitation possible. Dans les deux ans, la municipalité espère ouvrir le café-concert dans l’ancien garage, le fablab dans l’ancienne menuiserie, les ateliers d’artistes qui accueilleront notamment ceux actuellement installés à la Semencerie, et une partie des bureaux pour l’économie solidaire.
Celà me rappelle une friche industrielle à Bâle, en Suisse.quartier "Gundeldinger Feld".
Plus d'infos :http://www.alsace.developpement-durable.gouv.fr/experiences-suisses-journee-terrain-du-club-a1597.html
Par contre il doit bien y avoir d'autres espaces possibles pour répondre aux légitimes demandes nombreuses des différents artistes...Il y a une bétonisation infernale partout, pour construire des logements, mais toujours avec les mêmes erreurs, sans espaces et lieux de cultures, d'arts et d'éducations, éléments indispensables du vivre ensemble.
Installer "une machine à culture "près du port pourquoi pas, ( une idée de campagne électorale en plus !)
Le mieux ce serait plusieurs lieux dans des territoires différents pour créer une dynamique des quartiers.
Il faudrait profiter de ces changements de cap pour répertorier les lieux possibles et travailler à leur utilisation avec un minimum de transformations, ( seulement des mises au normes électricité, accès,etc quitte à ce que les futurs utilisateurs participent aux mise aux normes ) finances obligent d'une part et d'autres choix pour d'autres façons de travailler d'autre part.
On ne peut pas dire le budget de la ville est de 29.87 millions d'Euros et laisser en rade un tas de monde: les artistes, les créateurs, la jeunesse, les habitants, qui ne profitent pas de : l'opéra, de l'orchestre, du TNS...dans leurs quartiers.
Ceci n'est qu'un point de vue citoyen.
Merci.
Les Meyer et ceux du 10 ?????
Puis entre l'Euro2016 rejeté car on a pas d'argent, les extensions de tram vers Koniegshoffen et Bischheim annulé ou raboté de 90%, le PEX reporté aux calendes grecs, la nouvelle salle de spectacle encore annulé, le tram train annulé, on se demande bien où passent l'argent des impôts pour qu'on voit depuis 10ans pratiquement aucun projet sortir de terre ? Strasbourg en panne d'ambition ? Quand je vois les autres villes Européennes qui se modernisent, avec des constructions partout pendant que nous on se contente de reconstruire les HLM des années 60, j'ai mal à ma ville.
Si je puis me permettre une suggestion à notre municipalité, ce serait d'initier un partenariat avec le musée zoologique, on pourrait ainsi faire une salle avec d'anciens salariés de la coop empaillés pour l'occasion.
Et pour trouver des candidats c'est facile, ils sont toujours à l’endroit ou nos élus locaux les ont laissé... dans le fossé, au chômage ou en galère...
Plus sérieusement, à quel moment faut-il rappeler que plusieurs projets de repreneurs avaient été soumis à la CUS par la Coop? Que ces projets auraient permis de vendre le port du Rhin autour des 20 millions d'euros (contre les 4,6 que la CUS a "généreusement" concédé au final), et donc de sauver la Coop et ses salariés...
Que la seule condition était de modifier le POS, chose que la municipalité nous disait impossible à faire... mais apparemment impossible n'est pas CUS, surtout quand une belle plus value est à réaliser à la clef et tant pis si elle se fait sur le dos des salariés de la Coop.
Heureusement ceci n'est que votre avis !
Alors vous devez sûrement savourer la sensibilité des promoteurs dont les projets pullulent en face de vos bureaux ?
Allez, comme punition, citez moi au moins 3 projets architecturaux transcendants ou non quelconques à Strasbourg en dehors de la Cathédrale, de la Médiathèque Malraux et du Parlement Européen.
Bonne chance ;-)