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Au Syndicat Potentiel, les normes et injonctions du genre féminin en question

Jusqu’au 6 avril au Syndicat Potentiel à Strasbourg, Elsa Naude et d’autres artistes partagent leurs questionnements et leur révolte sur ce qu’entraîne l’attribution de l’étiquette « femme ». L’exposition propose des temps de discussions, de performances ainsi que des ateliers d’écriture.

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Au Syndicat Potentiel, les normes et injonctions du genre féminin en question
Vue de l’exposition «Celles pour lesquelles je n’ai pas encore les mots»

« Je veux crier au monde ce que ça fait. Que le monde sache comment elle corrode, l’étiquette [femme]. » À la veille du 8 mars – journée internationale de lutte pour les droits des femmes – s’est tenu le vernissage de l’exposition Celles pour lesquelles je n’ai pas encore les mots.

Ce projet collectif présente les oeuvres d’Elsa Naude et de six autres artistes, qui questionnent les injonctions et les violences liées au genre féminin. La scénographie intimiste a été imaginée par Elsa Naude, en collaboration avec Nina Ballay et Orlane Laage.

Des lettres jamais envoyées

Les premières oeuvres que l’on peut voir en entrant dans la salle sont des gravures réalisées par Elsa Naude. Chacune est accompagnée d’une lettre, disponible à la lecture dans le livret d’exposition. Elle s’adresse à différentes personnes de son entourage, avec amour ou colère pour leur transmettre ce qu’elle ne leur a pas encore dit, et ne leur dira peut-être jamais. Les lettres n’ont pas été envoyées, mais l’artiste rend possible leur lecture par les destinataires grâce au livret d’exposition. 

Les autres œuvres de la pièce contiennent aussi une dimension intime : on y retrouve des questionnements sur le corps, l’identité de genre et les possibilités d’émancipation. Par cette exposition, les artistes se libèrent des injonctions au silence, à la décence et à la pudeur.

Si l’exposition offre des outils de réflexions, les événements qui l’entourent sont tout aussi importants. On peut notamment citer l’atelier d’initiation à l’auto-défense qui se déroulera le 23 mars. Dans une volonté d’accessibilité, une visite guidée en présence d’une traductrice en langue des signes française aura lieu le 20 mars, à 18h. 

Une performance autour du partage de la parole

Temps fort de l’exposition : la performance Confessions tournées de l’artiste strasbourgeoise Valentine Cotte. Dans une ambiance de confessionnal, elle accueille une personne du public et écoute ce qu’elle souhaite lui partager, tout en réalisant un contenant en céramique, tournée au tour de potier. L’objet qui se forme en tournant exerce une sorte d’hypnose libératrice. Une fois le pot terminé, la confession y est enfermée. La parole est à la fois libérée et protégée.

Cette performance participative se déroulera les 16 et 23 mars, sur inscription. Cette dernière peut se faire via la page Instagram de l’exposition : @celles_pour_lesquelles. 

Le fanzine (res)source

Au rez-de-chaussée du bâtiment, on retrouve le fanzine (res)source. Imaginé par Elsa Naude, Hélène Bléhaut et Salomé Macquet, il se présente sous la forme de plusieurs pages indépendantes à assembler selon ses envies. Sur chacune d’entre elles, on retrouve une référence  – un livre, un podcast, un film,… – choisie parce qu’importante dans le développement de la pensée féministe des auteurs et autrices. Des petits textes expliquent par ailleurs les raisons de ce choix.

Les premières pages ont été remplies par des proches des artistes, le projet est voué à être enrichi tout au long de l’exposition, et même après. En effet, des petites fiches sont laissées à disposition du public afin que chaque personne puisse contribuer à cet outil d’émancipation. 

Des ateliers de lecture-écriture auront lieu en lien avec le fanzine : le premier se déroulera le mercredi 13 mars, encadré par l’artiste-auteure Leïla Chaix, et sera suivi d’un temps de lecture de ses poèmes. Le 16 mars, elle animera un second atelier, concentré cette fois autour des textes d’Audre Lorde. Le 27 mars, c’est l’artiste Tamos le Thermos qui animera le dernier atelier. 

Le fanzine, augmenté des participations des visiteurs et visiteuses, sera déployé lors du finissage de l’exposition, le 6 avril. 

En ce mois de lutte, le Syndicat Potentiel accueille des moments de sororité essentiels. L’exposition offre des ressources féministes et intersectionnelles, et permet d’enrichir les réflexions. Que ce soit par les œuvres, le fanzine ou les ateliers, elle se veut accessible. 


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