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Trois syndicalistes de France Bleu assignés en justice par leur direction

C’est peu dire que le dialogue social se tend à France Bleu… Mardi, trois élus du Comité social d’entreprise « Est » de la radio locale publique sont convoqués devant le tribunal de grande instance de Strasbourg pour avoir demandé une évaluation des risques psycho-sociaux.

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Trois syndicalistes de France Bleu assignés en justice par leur direction

« Je travaille depuis 30 ans dans cette entreprise… J’étais d’ailleurs à la radio quand l’huissier a déposé mon assignation à mon fils de 15 ans. » Frédérique Brun, animatrice de France Bleu Sud Lorraine, n’en revient toujours pas d’être assignée par sa direction devant le tribunal de grande instance de Strasbourg, mardi 10 septembre.

« Je n’ai jamais mis les pieds dans un tribunal bordel ! » Son crime ? Avoir voté, comme tous les autres élus du comité social d’entreprise (CSE) « Est » de France Bleu, que soit commandée une évaluation des risques psychosociaux au sein des antennes régionales de l’Est, suite à une enquête sur le harcèlement au sein de Radio France parue dans Télérama.

Frédérique Brun est furieuse :

« On savait que la direction était opposée à cette résolution mais on ne se doutait pas qu’elle la contesterait en justice, sans même nous en parler avant ! D’autant qu’on se place dans la continuité de France Bleu Sud Méditerranée, où une enquête similaire et avec le même cabinet a débuté au printemps… »

La direction de Radio France considère que la demande d’expertise du CSE est « abusive », qu’il n’existe pas de « risques graves pour la sécurité ou la santé des salariés » et demande le retrait de cette résolution. En outre, elle demande au tribunal de condamner le CSE aux dépens des frais de justice et à payer 3 000€.

Trois élus devant le juge

Deux autres élus sont assignés de la même manière, dont le secrétaire du CSE Est, Manuel Houssais. Pour ce dernier, également élu au CSE central de Radio France, cette stratégie de durcissement s’inscrit dans un contexte global :

« On demande 60 millions d’euros d’économies alors que nos métiers, avec le numérique et le rapprochement avec les télévisions locales, sont radicalement transformés. Résultat : les salariés sont à bout, certains craquent… On n’est pas loin d’un syndrome d’entreprise comme ce qu’il s’est passé à Orange. Plus de 80 cadres de Radio France sur 122 ont envoyé une lettre à la direction. »

Dans cette lettre, les 86 cadres signataires dénoncent « des modifications de grille importantes et stratégiques [sont] annoncées [par mail], sans aucun partage, sans aucune écoute, sans discussion préalable, sans ménagement et au contraire avec brutalité et mépris. »

Le plan stratégique d’économies de Radio France prévoit la suppression de 390 postes jusqu’en 2022, sur environ 4 000, après une première vague qui a vu la suppression de 270 postes.


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