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Un technicien de 43 ans se suicide aux Dernières Nouvelles d’Alsace

Un salarié de maintenance des Dernières Nouvelles d’Alsace s’est suicidé dans l’entreprise jeudi matin, en sautant du 4e étage. L’entreprise est sous le coup d’une restructuration depuis plusieurs mois.

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Il avait 43 ans et s’était présenté normalement ce jeudi matin à sa réunion d’équipe à 7h30. Mais à l’issue, Régis, technicien de maintenance des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) n’a pas rejoint son poste. Il s’est rendu au 4e étage du bâtiment donnant rue de la Fonderie et s’est jeté au sol.

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Le siège des Dernières Nouvelles d’Alsace, rue de la Nuée Bleue à Strasbourg. (photo Pazit Polak / Wikimedias commons / cc)

La direction d’Ebra, le groupe de presse du Crédit Mutuel dont les DNA font partie, s’est rendue sur place et un comité social et économique (CSE) extraordinaire a été organisé entre 11h et 12h30. Une minute de silence s’est tenue dans la cour de la rue de la Nuée-Bleue à midi. Le quotidien, en deuil, ne paraîtra pas vendredi.

Les employés des DNA présents sont tous extrêmement choqués par ce suicide sur le lieu de travail, alors que l’entreprise est sous le coup d’une restructuration depuis que le Crédit Mutuel en a pris le contrôle fin 2011. Les employés ont dû d’abord subir un management autoritaire et un rapprochement forcé avec L’Alsace sous le patronage de Michel Lucas, qui était président du Crédit Mutuel et d’Ebra (décédé en 2016).

Une restructuration très dure

Depuis 2017, le Crédit Mutuel a confié la direction d’Ebra à Philippe Carli avec comme objectif le retour à l’équilibre de cet ensemble lourdement déficitaire (60 millions d’euros de pertes en 2017, 15 en 2019). La nouvelle direction s’est alors attachée à regrouper de nombreuses fonctions au sein des titres, entraînant un plan social avec la suppression de 386 postes.

En outre, une structure de support doit être créée, Ebra Services, pour externaliser les fonctions des 386 salariés qui travaillent actuellement au sein des titres. Mais cette structure n’embauchera que 286 personnes, et avec une convention collective moins-disante sur le plan social et une augmentation du temps de travail. Cette mesure doit permettre à Ebra de réaliser 9,4 millions d’euros d’économies.

Nombreuses alertes du CHSCT

Selon les premiers témoignages recueillis, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a depuis de nombreux mois alerté la direction sur les risques psycho-sociaux au sein des DNA, sans pour autant recevoir de retours.

Lors du CSE extraordinaire, la direction a refusé de revenir sur les restructurations en cours et a demandé aux représentants syndicaux de « l’alerter lorsqu’il y avait des problèmes. » Une phrase qui a fait bondir Nadia Slimani, déléguée syndicale de la Filpac-CGT :

« On a envoyé des quantités d’alertes depuis des mois ! Ils n’en font rien du tout. Personne ne nous écoute. C’est une nouvelle forme de mépris que vient de nous renvoyer cette direction. »

Selon plusieurs témoignages, Régis aurait laissé une lettre avant de se donner la mort. Elle a été récupérée par la police, en charge de l’enquête sur ce drame. S’il était sous pression comme les autres employés des DNA, rien ne laissait supposer son geste. Il a participé à la fête de Noël des salariés le samedi précédent, avec ses deux enfants.


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