Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Violences sexistes chez les jeunes communistes : les organisations réagissent

L’article sur les violences sexistes a suscité des réactions opposées de la part des deux organisations communistes bas-rhinoises, le PCF 67 et le MCJF 67.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Les militantes dénoncent une ambiance sexiste et des jeunes femmes considérées comme "un vivier sexuel" par leurs camarades masculins dans l'organisation de jeunesse (Photo Ruby and Peter Skitterians / Pixabay / cc)

Rue89 Strasbourg s’en doutait, l’enquête sur la gestion d’un cas présumé d’agression sexuelle chez les communistes du Bas-Rhin suscite des réactions. Les deux organisations départementales, le mouvement des jeunes communistes français (MJCF 67) et la fédération du Parti communiste français (PCF 67) se sont exprimées via des communiqués.

Les deux textes apportent peu d’informations supplémentaires, ni ne contredisent les affirmations de l’article, mais elles attestent des tensions entre les deux organisations. Une « totale rupture » avec la direction, selon la MJCF 67, qui pointe aussi, comme nous l’expliquions par ailleurs, des différends sur la ligne politique (« marxiste-léniniste » pour le MCJF 67 contre « réformiste » pour le PCF 67) et les priorités.

« Déformations de la réalité »

Du côté du PCF 67, le parti constate que « le témoignage de la victime ne correspond pas à celui qu’elle a recueilli en 2016 », sans expliquer en quoi il diffère. Et de charger la direction du mouvement de jeunesse :

« Dans une telle situation, chaque adhérent du PCF comme du MJCF se doit de transmettre les éléments en sa possession aux dirigeants des organisations au niveau local ou national. Le choix de certains de n’avoir pas porté une parole claire et d’avoir laissé place à la suspicion, engage leur responsabilité.

Toutes les interprétations et sous-entendus cités dans l’article de Rue89 Strasbourg concernant des positions de la direction départementale du PCF constituent une accusation d’une extrême gravité. Ces déformations de la réalité portent de plus atteinte à la dignité de chacun des adhérents et membres de cette direction. »

Les militantes dénoncent une ambiance sexiste et des jeunes femmes considérées comme "un vivier sexuel" par leurs camarades masculins dans l'organisation de jeunesse (Photo Ruby and Peter Skitterians / Pixabay / cc)
Les militantes dénoncent une ambiance sexiste et des jeunes femmes considérées comme « un vivier sexuel » par leurs camarades masculins dans l’organisation de jeunesse (Photo Ruby and Peter Skitterians / Pixabay / cc)

« Justice bourgeoise » et « dégénérescence »

Pour le MJCF 67, la non-exclusion de l’adhérent mis en cause (exclu par le MJCF 67 mais pas par le PCF 67 ni par le MJCF national) n’est pas justifiée. Il pointe deux événements (Fête de l’Humanité 67 et distribution de tracts) où il était présent et affirme qu’il était déjà peu investi dans les instances représentatives avant ce signalement. Demander un recours à la « justice bourgeoise » pour prendre des sanctions en interne et pointer qu’il s’agisse du « cadre privé » est critiqué. En outre le MJCF pose la question de ceux qui ont « couvert » les actes.

Selon l’organisation de jeunesse, les réponses « montrent bien l’épilepsie fébrile et myope de ces organisations (PCF67 et MJCF, ndlr) » qui liste ses reproches :

« Décharge de responsabilité des uns aux autres ; demandes aux victimes de fournir des preuves tangibles de leurs accusations ; menaces de porter plainte pour diffamation contre les victimes d’abord, puis affirmation de soutien inconditionnel à leur égard ; incapacité de définir qui a couvert quoi et qui aurait dû faire quoi ; mise en place d’instances exclusivement au niveau national (tandis que c’est au niveau local que la plupart de violences ont lieu et que s’opère l’isolement des victimes, la couverture des agresseurs et la création autour d’eux d’un cercle compact de soutiens prêts à témoigner en leur faveur, à menacer les victimes, à garder le silence face aux questionnements légitimes d’autres adhérents). »

Cet épisode convainc la MJCF 67 de la « dégénérescence idéologique » de la direction, « qui les mène à accepter et à défendre des agresseurs sexuels. » Le MJFC 67 ajoute que « les témoignages se multiplient » avec la révélation récente de ce cas daté de 2016.

Comme dans notre article, le PCF 67 rappelle que des nouvelles règles ont été mises en place mi-mars 2019 pour la gestion de ces cas au niveau du parti national. Dans le Bas-Rhin, cela ne suffira pas à réconcilier les deux organes de militants, qui ont pourtant tous deux réaffirmé leur « soutien inconditionnel » à la victime.


#parti communiste

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options