
Les dirigeants de l’association du Wagon Souk ont reçu une lettre du propriétaire des lieux, remise par un huissier de justice, début septembre. Selon les termes de cette mise en demeure, le hangar festif agrémenté d’une terrasse situé au parc Gruber à Koenigshoffen devra fermer ses portes début octobre.
En colère, Mohamed Zahi, le président de l’association qui gère le Wagon Souk, a déchiré la lettre remise par huissier le vendredi 3 septembre. Le propriétaire de ce local situé dans la partie inférieure du parc Gruber à Koenigshoffen, ordonne au Wagon Souk de cesser de recevoir du public, entre autres griefs.
Installé dans une cave depuis novembre 2018, le Wagon Souk a développé une programmation de soirées festives, des petits concerts ainsi qu’une série d’activités en solidarité avec les personnes précaires ou migrantes, notamment une cantine à prix libre, une friperie, etc.
Mais cette galerie à moitié enterrée a été initialement louée à l’association uniquement comme entrepôt. Le propriétaire, qui avait trouvé avec le Wagon Souk un preneur pour cette cave ancienne et sombre, exige que le Wagon Souk se conforme aux conditions initiales du bail d’ici le 3 octobre. Le Wagon Souk doit donc mettre fin à toutes ses activités festives et ranger les tables et chaises posées sur la terrasse devant le local.
Paul Fischer, propriétaire du local, ne voit pas comment le Wagon Souk pourrait respecter ces clauses en si peu de temps :
« Le Wagon Souk, c’est un organisateur d’événements festifs, ce qui n’entre pas dans la destination de ces locaux. Je suis ouvert à la discussion, mais les difficultés durent depuis deux ans. On n’est pas sur une voie d’apaisement. Début octobre, on demandera au tribunal la résiliation du bail et l’expulsion des occupants du local. »
L’accueil du public doit cesser immédiatement
Car les griefs listés dans la lettre remise par l’huissier de justice sont nombreux. Le responsable de l’association gestionnaire du Wagon Souk est accusé d’occuper et d’encombrer les voies d’accès et de circulation extérieure de façon permanente. Les activités, notamment festives, suscitent des plaintes du voisinage du fait des nuisances sonores. Le courrier ordonne aussi de présenter des justificatifs d’assurance du lieu.

« À chaque fois, les voisins ou le proprio se plaignent de quelque chose d’autre »
Pour Hélène Humbert, trésorière de l’association Sauver le monde, gestionnaire du Wagon Souk, le propriétaire du local est fermé au dialogue. La coordinatrice artistique du lieu affirme qu’un courriel a été envoyé à Paul Fischer pour adapter le contrat de location lorsque l’association s’est mise à organiser des événements publics : « On n’a jamais eu de réponse », regrette-t-elle. La bénévole veut aussi prouver que l’association s’est toujours pliée aux contraintes du propriétaire :
« En novembre 2020, on a eu un rendez-vous avec deux adjoints à la maire de Strasbourg, Pierre Ozenne et Guillaume Libsig (l’un en charge du quartier Koenigshoffen, l’autre de la vie associative et de l’animation urbaine). Ils nous ont dit que le lieu n’est pas adapté pour accueillir du public. Depuis, on a arrêté les événements en intérieur. On a commencé à réfléchir à des formats en extérieur. On essaye de trouver des solutions, mais à chaque fois, les voisins ou le proprio se plaignent de quelque chose de nouveau. »

Un lieu de moins pour les personnes précaires
Mohamed Zahi, alias Zaï Mo, regrette la fin de ce lieu qui permettait « de valoriser culturellement ce patrimoine du parc Gruber, avec et pour les précaires. » À l’appui de ses propos, il cite les acteurs du Wagon Souk : « Je suis artiste et jardinier, issu de l’immigration, Adama, cuisinière et sans papier de 62 ans, il y a aussi Jamel, et Jean-Paul, un SDF qui errait dans les rues de Strasbourg… » Pour Zaï Mo, le Wagon Souk était une œuvre d’art vivante, « on voulait inverser les choses, ces personnes qu’on discrimine d’habitude, elles sont maintenant des acteurs d’un lieu. »
Le président de l’association Sauver le monde analyse, désabusé :
« Quand on observe les gens qui doivent quitter le parc Gruber, on trouve le Wagon Souk et l’Hôtel de la rue. La réalité est toujours la même : avec l’embourgeoisement, les premiers qui partent sont les précaires et les gens issus de l’immigration… Ceux qui dérangent. »
Comme Zaï Mo, Hélène Humbert estime que « ce n’est plus vivable de rester ici. De toutes façons, le Wagon Souk ne dépend pas d’un espace, si on veut le faire ailleurs, on le fera ailleurs. »
C'est le reflet de la vitalité et de l'inattendu qui est parfois difficile à supporter par ceux ( une grande partie d'entre nous probablement) qui
s'emploient ( jusqu'à l'épuisement) à construire une vie ordonnée.
Ce serait dommage de le transplanter maintenant que le tram permet d'y accéder aussi mais le propriétaire ne peut pas être critiqué parce qu'il n'aurait pas vocation à être un bon samaritain.
"Le Wagon Souk, accessible par le 91, route des Romains, à côté de la voie de chemin de fer tout en bas à gauche. C’est un lieu autogéré par une association à but non lucratif et dédié au montage et à l’accompagnement de projets solidaires, citoyens et artistiques. S’y trouve une cantine solidaire avec des plats à prix libre à partir de 3 €. Vous pouvez vous faire couper les cheveux et vous faire des tresses à prix libres à partir respectivement de 3 et 10 €. Y sont organisés des concerts, des soirées, locations de salle …
0767381471 lawagonsouk@gmail.com"
J' y ai vu l'année dernière
"Les enfants du Marais".
Magnifique documentaire saisissant et percutant tourné à Caen par de jeunes journalistes formés au CUEJ de Strasbourg.
Le documentaire nous fait découvrir une lutte sociale exemplaire, peu connue et médiatisée jusque là, malgré son exemplarité et son dynamisme.
Il présente d’extraordinaires personnages incroyables de résilience et de résistance psychiques.
Qui sont comme le modèle de ce à quoi nous pourrions aspirer, tous et chacun, dans nos propres vies.
Ils donnent envie de se battre pour eux …et pour nous-mêmes.
Le squat fini par être démantelé mais on comprend bien que toute l’énergie dépensée ( nous) servira dans les luttes prochaines pour nous permettre d’être encore plus présents, vigilants et engagés.
Le Collectif des sans papiers d'Alsace y avait présenté sa marche vers l' Elysée.
Il fait echo aux mots et à la conclusion d'Hélène dans l'article... on peut le faire ailleurs si ce tiers lieu ne plaît pas à tout les autres autour... et entre la fermeture annoncée et à venir de l'hôtel de la rue d'une part, si le wagon souk est amené à devoir fermer ses portes voire à déménager.. on pourra dire que le parc gruber s'est réorganisé autour de ses activités mieux valorisées et vues ou entendues...