Ici, le chien s’appelle Zad. Félix Zirgel nous accueille chez lui ce jeudi 1er juillet. Le militant de 32 ans vit avec sa famille dans trois petites maisons aux volets bleus à une vingtaine de kilomètres de Remiremont (Vosges). Constatant notre désarroi face à l’absence de réseau, l’hôte de ces lieux paisibles annonce avec fierté : « Ici, c’est une zone blanche ! » À une table posée au bord d’un chemin fleuri, en surplomb d’un terrain en zone Natura 2000, Félix verse le café. Il roule sa première clope avant de prendre ses notes manuscrites. Il ne lui faut pas cinq minutes pour prononcer le mot de colère :
« Fin mai 2025, j’ai perdu l’accès à mes comptes bancaires. Le Crédit Mutuel a mis fin aux codes envoyés par SMS pour la double authentification des paiements en ligne. On a fini par trouver une solution avec le Digipass donc je suis moins en colère. Mais je sais que petit à petit, ça va être de plus en plus dur de vivre sans smartphone. »


Du numérique à l’Holocauste
Félix abhorre cette société qui a fait du smartphone une propriété évidente. Militant pour la décroissance depuis 2015, le lecteur du journal éponyme décrit l’appareil comme « la quintessence même du capitalisme, une symbiose entre le monde de la tech et le complexe militaro-industriel ». Le discours est rodé, la pensée construite. Félix pourrait ainsi parler des heures dans son débit un peu saccadé. Puis il s’excuse après avoir évoqué le lien entre la société d’informatique américaine IBM, le début du numérique et l’Holocauste : « Ça va, je ne me disperse pas trop ? »

Chez Félix, la lutte contre le smartphone est existentielle. Elle puise ses origines dès l’enfance passée en périphérie de Colmar. Fils d’une institutrice et d’un principal de collège, le petit Alsacien n’a pas le droit aux jeux vidéo. Il se souvient des cabanes construites dans la forêt, près d’une rivière. Il raconte ces amis qui mentaient quand il toquait à leur porte : « Certains disaient qu’ils avaient des devoirs. Mais je savais qu’ils étaient devant leur écran. » « Je me sentais très seul », conclut-il.
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