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En Alsace, une amélioration significative de la qualité de l’air en 2023

L’association surveillant la qualité de l’air du Grand Est (Atmo Grand-Est) a présenté son bilan annuel sur la pollution atmosphérique. Si elle note une amélioration en 2023, l’air des villes alsaciennes reste de moins bonne qualité que celui des autres agglomérations du Grand Est.

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En Alsace, une amélioration significative de la qualité de l’air en 2023

« C’est encourageant, il faut continuer dans cette voie. » Le directeur général d’Atmo Grand Est, Étienne Koszul, estime que « nous sommes dans une tendance globale de diminution de la concentration de polluants. 2023 a été une année d’amélioration significative ».

Comment expliquer ces bonnes nouvelles ? Un parc de véhicules électriques qui se développe, un changement dans les comportements, une rénovation énergétique des logements qui progresse, mais surtout des « éléments plus conjoncturels comme la mise en service du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg ou des épisodes de précipitations qui ont lessivé l’air », avance-t-il.

Une baisse de presque tous les polluants

En 2023, la concentration des polluants, les gaz comme les particules, a donc diminué dans le Grand Est sauf pour l’ozone. « On peut l’expliquer par l’augmentation des températures liées au réchauffement climatique. L’ozone a besoin de rayonnement solaire pour se former », souligne Étienne Koszul.

Autre conséquence du réchauffement climatique, l’indice pollinique annuel (le nombre de grains de pollens) a fortement augmenté. Il est 1,75 fois plus élevé en 2023 qu’en 2007 dans la région. Sur le site de Strasbourg, il est même quatre fois plus élevé en 2023 qu’en 2007. Une donnée « inquiétante » d’autant que les estimations prévoient que 50 % des Français y seront allergiques en 2050, du fait d’un printemps qui « commence plus tôt, dès la mi-février ».

L’indice de qualité de l’air moins bon en Alsace

Le cas du pollen n’est qu’un exemple des résultats alsaciens plus mauvais que le reste de la région. Selon l’indice Atmo, la ville de Strasbourg n’a connu que trois jours d’indice « bon » sur l’année, pour 249 jours « moyens », 55 jours « dégradé », 58 jours « mauvais » et zéro jour « très mauvais à extrêmement mauvais ». À Haguenau (3, 256 jours moyens, 63, 43, 0, 0), Colmar (3, 251 jours moyens, 65, 46, 0, 0), Mulhouse (3, 261 jours moyens, 61, 40, 0, 0) et dans l’agglomération de Saint Louis (2, 259 jours moyens, 61, 43, 0, 0), les chiffres restent plus faibles que le reste de la région où l’indice « bon » tourne autour de dix jours et l’indice « mauvais », autour de vingt jours.

Une différence qu’Étienne Koszul explique par la topographie de l’Alsace :

« La façade alsacienne possède un air de moins bonne qualité, car il y a une stagnation des polluants dans un couloir Nord-Sud. Les Vosges à l’Ouest et la Forêt-Noire à l’Est, sont deux barrières naturelles qui empêchent la circulation de l’air. Si on rajoute à ça l’aspect transfrontalier et la densité géographique, on obtient ce résultat. »

Étienne Koszul, directeur général d’Atmo Grand Est

En 2023, les valeurs cibles en quantité de polluants dans l’air n’ont été dépassées que six fois pour de l’ozone. Les sites concernés sont ceux d’Haguenau, Starsbourg par deux fois, Colmar, Mulhouse et dans les Vosges du Nord.

Vers une nouvelle réglementation européenne

Si ces chiffres paraissent inquiétants, la qualité de l’air est globalement en progrès en Alsace. « Il y a une amélioration mais il ne faut pas relâcher la pression », résume Étienne Koszul. Un conseil suivi par l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Si Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a annoncé mardi que Strasbourg ne figurait plus parmi les Zones à faibles émissions censées interdire les véhicules Crit’Air 3 à partir du 1erjanvier 2025, l’exécutif de l’EMS a choisi de maintenir son calendrier d’interdiction des véhicules les plus polluants. Strasbourg, comme Mulhouse, deviendra un territoire de vigilance ZFE à partir du 1er janvier 2025.

Étienne Koszul rappelle toutefois que si la ville est passée en moyenne sous le seuil des 40 microgrammes par mètre cube de dioxyde d’azote, elle est encore loin de la valeur guide de l’Organisation mondiale de la santé (10µg/m3). 

Une nouvelle réglementation doit être adoptée par l’Union européenne avant les élections de juin et prévoit de rendre les valeurs cibles plus strictes à l’horizon 2030. Par exemple, pour le dioxyde d’azote, les valeurs limites annuelles doivent être réduites de plus de moitié, passant de 40 μg/m3 à 20 μg/m3. Avec cette réglementation, près de 225 000 habitants du Grand Est vivraient dans une zone dépassant les valeurs limites en dioxyde d’azote contre moins de 500 en 2023.


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