Albert Hasimi vient de rentrer du travail. Le jeune de 24 ans a passé la matinée à s’occuper du jardin de quelques propriétaires aisés du côté d’Illkirch-Graffenstaden ou de Bischwiller. En début d’après-midi ce lundi 28 octobre, le Strasbourgeois accueille dans un appartement mis à disposition par l’association Caritas Alsace. Il témoigne pour alerter celles et ceux qu’il a rencontrés à Strasbourg : mardi 29 octobre, Albert sera au tribunal administratif à partir de 13h30. Il espère y faire annuler une obligation de quitter le territoire français (OQTF) datée du 18 octobre 2024.
« Je suis bien intégré ici »
« Si j’étais un délinquant, je comprendrais qu’on cherche à me renvoyer. Mais je suis bien intégré ici. J’ai deux promesses d’embauche et une quinzaine de lettres de soutien », plaide Albert. Il témoigne volontiers de son passage par la maison des adolescents et son dispositif « James ». Le projet lui a permis d’accéder à des ateliers et à des stages dans des structures associatives strasbourgeoises. Ainsi le jeune homme souriant et volontaire a découvert la soudure à la Fabrique à Koenigshoffen. Il a aussi aidé à la construction de décors pour le festival Gibouloff au Molodoï.
Ophélie Aline-Meyer était la référente du jeune homme à la Maison des adolescents. Elle se souvient d’un jeune « toujours force de proposition, très doué sur le plan intellectuel, avec une grande imagination et une capacité à comprendre et s’adapter ». Après avoir appris qu’Albert se trouve sous OQTF, elle cherche à mobiliser celles et ceux qui ont croisé le jeune pour le soutenir lors de son audience devant le tribunal administratif.
« Où peuvent-ils m’envoyer si je suis apatride ? »
Albert Hasimi
Sur son téléphone, Albert Hasimi montre une attestation consulaire de la République du Kosovo comme son seul viatique. Le document, établi en avril 2023, affirme que le Strasbourgeois de 24 ans « ne figure pas dans les registres d’état civil de la République du Kosovo ». Et le jeune homme de se demander : « Où peuvent-ils m’envoyer si je suis apatride ? »
« Tout ce que je veux, c’est la liberté »
Dans la famille d’Albert, une première OQTF a été appliquée en 2023. Après deux demandes d’asile refusées, son père a été renvoyé au Kosovo. Albert raconte le choc lié à ce départ forcé :
« Pour mon père déjà, c’est dur. Il n’a plus de famille au Kosovo. Donc il doit dormir chez un ami. Il veut revenir mais il n’en a pas le droit. Pour ma mère, c’est très dur aussi. Cette OQTF et la mienne maintenant, ça la stresse énormément. Maintenant, c’est moi l’homme de la maison. J’arrive difficilement à ramener 700 euros chaque mois. Mais heureusement que Caritas et les Restos du coeur sont là. C’est grâce à eux qu’on vit. »
Albert espère obtenir l’annulation de son OQTF par le tribunal administratif de Strasbourg. Une telle décision serait un premier pas vers une régularisation de sa situation : « Mon avocat m’a dit qu’ensuite je pourrai faire une demande d’autorisation de travail. Tout ce que je veux, c’est avoir la liberté de me déplacer, de passer mon permis et de travailler. »
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