
« Tout ça pour ça ? » : les anti-GCO pointent les faibles effets bénéfiques de l’autoroute
Alors que la préfecture vante la fluidité du trafic liée au GCO, les opposants à l’autoroute dénoncent une communication trompeuse. Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole, indique que le nombre de voitures n’a baissé que de 2% sur la M35 depuis l’ouverture du contournement.
La préfecture a annoncé, mardi 30 août, que l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO) avait, depuis son ouverture en décembre 2021, attiré une partie des poids lourds (PL, au dessus de 3,5 tonnes) et donc fluidifié le trafic à Strasbourg. En comparant les périodes de janvier à juin 2019, avant l’exploitation du GCO, et de janvier à juin 2022, après son ouverture, l’État estime que les usagers ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Bruno Dalpra, membre du collectif GCO Non merci, conteste cette version des faits :
« Il est impossible d’attribuer cette meilleure fluidité au GCO. De janvier à mars 2022, il y a notamment eu des directives pour maximiser le télétravail, cela fausse leurs chiffres. C’est depuis la crise sanitaire qu’il y a moins de bouchons, parce qu’il y a eu une baisse du trafic. La saturation de l’A35 risque de devenir plus fréquente si le télétravail diminue. Surtout, il n’y a aucun effet bénéfique sur la pollution de l’air à Strasbourg, or c’était l’un des principaux arguments des promoteurs de l’autoroute. De l’autre côté, le GCO provoque des nuisances sonores très importantes pour les riverains, et vraisemblablement une pollution de l’air aux abords du tracé. »

Alain Jund : « Tout ça pour ça ? »
Alain Jund (EELV), vice-président de l’Eurométropole en charge des transports, objecte aussi l’utilité de l’autoroute de contournement, avec les chiffres du Service d’information et de régulation automatique de la circulation (Sirac) à l’appui :
« En juin 2019, avant l’ouverture du GCO, on avait 162 000 véhicules légers (VL, en dessous de 3,5 tonnes, NDLR) qui passaient à Cronenbourg sur l’A35 tous les jours. En juin 2022, après l’ouverture, on est à 159 000 VL, tous les jours, au même endroit. Cela représente 3 000 voitures de moins seulement, soit une baisse de 2%. Et peut-être que cette très légère baisse est encore liée au télétravail. J’ai envie de dire : tout ça pour ça ? Ce chantier a couté 560 millions d’euros, pour des impacts très limités, à part ceux sur la biodiversité et les terres agricoles malheureusement… »
Augmentation globale du nombre de camions
Yves Laugel, directeur du Sirac, explique qu’en moyenne il y a « 7 000 camions de moins tous les jours sur l’A35 », ce qui correspond au nombre de poids lourds qui circulent sur le GCO : « On avait plus de 20 000 camions par jour avant l’ouverture, maintenant on est à 14 000. »
Alain Jund analyse : « Seul un tiers des poids lourds sont donc reportés sur le GCO. Les porteurs du projet avaient pour objectif d’en avoir la moitié. » Bruno Dalpra craint en plus une arrivée de camions de transit supplémentaires en Alsace, qui seraient séduits par la possibilité de contourner Strasbourg rapidement.
Des solutions proposées par les opposants
« Le GCO reste une mauvaise solution à un vrai problème », martèle Bruno Dalpra. Pour réduire les bouchons et les effets néfastes de la circulation routière, GCO Non merci propose depuis de nombreuses années des dispositifs de transport collectif et la mise en place d’une écotaxe en Alsace, pour que le passage dans la région coûte plus cher aux camions, comme c’est le cas en Allemagne. Pour l’instant, les camions sont incités à passer du côté alsacien pour réduire les coûts.

C’est également la ligne d’Alain Jund. Le vice-président de l’Eurométropole explique œuvrer pour l’augmentation de l’offre en transport collectif « en lien avec la Région Grand Est » :
« Nous avons longtemps travaillé sur le Réseau express métropolitain européen (REME, une forte augmentation de la cadence de trains, NDLR), qui entrera en service le 11 décembre. Nous voulons améliorer les tracés et les fréquences sur le réseau des bus interurbains. Ce sera le cas, à l’horizon 2025 pour la ligne 220, qui relie le Kochersberg et Strasbourg par exemple.
Le but est aussi de développer des transports en site propre (une voie dédiée uniquement aux bus qui réduit fortement le temps de trajet, NDLR), comme c’est le cas pour la ligne 230 de Wasselonne à Strasbourg. Elle est devenue la plus utilisée du département avec 700 000 voyageurs par an. C’est ce type de solutions que nous avons toujours défendues et que nous mettons en œuvre aujourd’hui, malgré le GCO, pour réduire l’usage de la voiture individuelle et les embouteillages. »
Alain Jund a bien des défauts, mais il ne fait ici que dresser un constat concernant la fréquentation de l'A35, rebaptisée M35 sur sa zone de traversée de l'Eurométropole.
A la vue des chiffres, le problème était bien les poids lourds donc le GCO sert à quelque chose. Dommage qu'il ne fut pas construit il y a plusieurs dizaines d'années, il aurait été gratuit et plus de véhicules l'auraient empruntés...
Rappel: transports = 1er émetteur de gaz à effet de serre en France.
Chaque km parcouru en voiture, c'est environ 150g de CO2 rejeté dans l'atmosphère.
A méditer pendant vos 25 minutes de trajet.
...À moins qu'entre temps, l'augmentation des prix des carburants, le changement des usages l'éjection d'une part des usagers par l'application de la ZFE et la mise en circulation du REM et des nouvelles lignes de tram réduisent par eux-même ce trafic routier.
À ce moment là, on aura peut-être compris que le monde ne tourne pas obligatoirement du tout-routier. 560 millions qui auraient pû être investis pertinemment dans l'amélioration de l'offre de transports en commun et d'intermodalités, à l'heure où on parle tant d'économies d'énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre...
Faudrait savoir! Soit vous êtes d'accord, soit vous ne l'êtes pas!
Le reste, ce sont des objections spécieuses.
Comme sur d'autres sujets, l'histoire d'un présumé manque de chauffeurs de bus est largement surjouée et ne correspond pas à la réalité. De fait, les bus circulent, et la "pénurie" est très limitée. Que des salaires et conditions de travail correctes soient proposées aux gens, et comme par magie, la question du manque de main d'oeuvre est vite réglée.
Sur les grèves, c'est pareil: Si vous n'en voulez pas, il suffit de satisfaire les demandeurs. En fait, à chaque fois, on voit que les problèmes se règlent dès l'instant où les dirigeants acceptent de prendre en considération les revendications salariales et de conditions de travail.
Bonne journée.
« En juin 2019, avant l’ouverture du GCO, on avait 162 000 véhicules légers (VL, en dessous de 3,5 tonnes, NDLR) qui passaient à Cronenbourg sur l’A35 tous les jours. En juin 2022, après l’ouverture, on est à 159 000 VL, tous les jours, au même endroit. Cela représente 3 000 voitures de moins seulement, soit une baisse de 2%. Et peut-être que cette très légère baisse est encore liée au télétravail. J’ai envie de dire : tout ça pour ça ? Ce chantier a couté 560 millions d’euros,
pour des impacts très limités, à part ceux sur la biodiversité et les terres agricoles malheureusement… »
Germaine ( Schell)*, ne nous laisse pas seuls face à tant de gâchis et d'absurdité.
Pierre, veille sur nous **
Pourquoi ne pas consacrer une partie de ces budgets pharamineux
à l'hébergement d'urgence et plus durables des personnes vulnérables?
Sachant que l'on peut essayer de réduire le nombre de nuitées d’hôtel, qui représentent une solution d’hébergement très coûteuse pour l’Etat et non adaptée aux besoins des familles et favoriser les hébergements "familiaux" et pérennes.
En effet,
" Le coût moyen d’une journée d’hébergement avec assistance sociale est estimé à 23 euros TTC
( https://www.banquedesterritoires.fr/plus-de-3500-places-dhebergement-durgence-seront-creees-en-5-ans-dans-danciens-hotels)
https://www.youtube.com/watch?v=vIFNtqYDU5I&ab_channel=France3GrandEst
** https://gcononmerci.org/tag/pierre-rosenzweig/
En économie il y un principe qui s'appelle celui du passager clandestin, et c'est sans doute le cas ici. Par exemple j'utilise le train, avec l'ouverture du GCO, j'abandonne le train et ses contraintes (promiscuité, horaires fixes imposés, retards éventuels), je (re) prends ma voiture et j'emprunte la M35 en espérant que les bouchons aient disparu à cause du report de trafic vers le GCO. Je bénéficie des conséquences du GCO sans en supporter les coûts...
Il serait intéressant de connaître l'évolution du nombre d'abonnement travail SNCF depuis l'ouverture du GCO. Les chiffres sont sans doute à analyser car les formules d'abonnement n'ont pas été adaptées (à ma connaissance) au télétravail, rendant de fait les coûts de la voiture plus faibles.