
Face au Parlement, Osmose : des bureaux à prendre ou à laisser par les institutions européennes
Les collectivités locales (Ville de Strasbourg, Eurométropole, Département du Bas-Rhin et Région Grand Est) financent ces deux bâtiments à parts égales et « à blanc », c’est-à-dire sans garantie qu’ils seront occupés par les administrations de l’Union européenne.

Le parvis permettra une avancée piétonne du Parlement européen. La rue Lucien Fèbvre vers la Cité Ungemach disparaîtrait. (image Yam Studio / David Roulin / doc remis)
Le Parlement européen, ou une autre institution des 27 États membres de l’Union (Conseil européen, Commission européenne, conseil des ministres européens, etc) peut s’en saisir. Si passés six mois après son achèvement, le bâtiment n’est pas pourvu, le constructeur pourra alors le proposer à d’autres entreprises du secteur privé.
Ne pas concurrencer, mais compléter le Parlement
La conception a été confiée à l’architecte belge David Roulin de l’agence Art And Build qui avait déjà dessiné la Pharmacopée et l’Agora pour le Conseil de l’Europe au début du siècle. Il travaillera avec le cabinet Oslo Architectes, qui a conçu les bâtiments voisins d’Adidas et d’Euroinformation, filiale informatique du Crédit mutuel (le « lot 1 » du quartier). La promotion est assurée par Icade.
Avec l’avancée du Parlement, la rue Lucien Febvre vers la Cité Ungemach sera remplacée par une zone piétonne. À ce sujet, « il faut plus de porosité entre les citoyens et les autorités », estime David Roulin. Le Parlement fait en ce moment un choix inverse en fermant la piste cyclable le long du bâtiment principal et celle sur les berges en face lors des sessions, ainsi qu’en avançant son parvis sur l’espace public. « C’est une façade sobre, tel un fruit avec une enveloppe protectrice et un intérieur végétal », ajoute l’architecte.
Enfin une liaison souterraine avec le bâtiment Louise Weiss (IPE IV) où se trouvent l’hémicycle et des bureaux sera possible. C’est le bâtiment face au Parlement, le moins élevé, qui sera construit en premier. « Il fallait un bâtiment qui viennent non pas concurrencer le Parlement architecturalement, mais le compléter », ajoute pour sa part le maire Roland Ries (PS).

Vue du futur bâtiment réservé au Parlement européen de Strasbourg, toisé par bâtiment d’Euroinformation à droite. (image Yam Studio /)
En conseil municipal, le maire de Strasbourg Roland Ries a laissé entendre qu’il existait des marques d’intérêt en provenance du président du Parlement, Antonio Tajani (PPE, centre-droit), mais que ce sera aux eurodéputés élus en mai 2019 de prendre une décision.
Le Parlement de Strasbourg ne reçoit pas plus de soutien que cela de la part de la France (qui a entérinée la double localisation) et on a loupé le coche de l'Agence Européenne du Médicament alors que la Pharmacopée était déjà présente. Maintenant, on va attendre 2019 pour que les (nouveaux) députés européens décident s'ils sont intéressés ou non par 15.000 m² en plus des 280.000m² des 4 IPE alors que rien que le Spaak et le Spinelli de Bruxelles offrent 360.000m² (et c'est sans parler des autres bâtiments). Même avec les 40.000m² de la seconde tranche (espérés pour quelle année ?), c'est ridicule d'espérer quelque chose de cette opération.
On continue de faire un pont d'or au Parlement Européen alors que même les média français s'acharnent à parler de "Bruxelles" quand ils évoquent le PE. Voilà plus de 10 ans que la guerre du siège unique est ouverte, l'union européenne va devoir revoir son mode de fonctionnement suite à la montée des populistes et du Brexit, et à Strasbourg on fonce tête baissée dans un projet immobilier qui n'est pas une réponse à la question du siège du PE.
Alors après avoir vendu les bâtiments 445 millions en 2003 pour l'IPE IV et 143 millions en 2006 pour les 3 autres, pourquoi ne pas les racheter au lieu de s'entêter. La cour des comptes européenne estimait en 2014, les IPE de Strasbourg à 616 millions. C'est un énorme investissement mais on n'a pas besoin de le faire du jour au lendemain. Prévoyons cette dépense pour la fin de la mandature européenne 2019-2024 en nous mettant d'accord avec l'UE. Le PE rentre à Bruxelles dans 5 ans, on garde les institutions du conseil européen et on arrête de dépenser de l'argent dans des lobbying inefficaces et des projets coûteux sans avenir.
Certes, ce sera malheureux d'abandonner la place de Strasbourg dans l'Union Européenne. Strasbourg c'est le symbole de la construction européenne au lendemain de la guerre. Mais le symbole a beau être fort, il nous parle surtout à nous alsaciens. C'est pour cela que l'on est profondément européen et attaché à ce siège. Mais ce n'est pas Strasbourg qui fait la solidité de l'UE ni l'UE qui fait la solidité de Strasbourg. Nous en avons vu d'autres !
Ces bâtiments pourront parfaitement avoir d'autres fonctions. On pourrait y regrouper le centre administratif, la cité administrative et le département. Cela libérerait beaucoup d'espace à l'esplanade pour l'université et de disponibilité foncière pour les hôpitaux universitaires. Ou plus ambitieux encore, réutilisons ces bâtiments pour créer un nouveau campus. La cité universitaire est déjà attenante, l'école européenne aussi, ce serait une belle opportunité de porter l'UDS à un plus haut niveau. Voilà un beau moyen de rayonner en Europe et dans le monde en se tournant vers l'avenir.
Un double site est une aberration, aussi bien pratique que financière.
Stop !!