
Mercredi 16 octobre, un accident de TER dans les Ardennes en donnait un énième exemple: de plus en plus de trains n’ont plus de contrôleurs à bord. Ils sont ponctuellement remplacés par des agents de la Lutte Anti-Fraude. À cela s’ajoute les nouvelles règles de tarification à bord des TER Grand Est… Un contrôleur raconte le malaise croissant au sein de sa profession.
Stacy, 16 ans, monte dans le train à Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin). En la voyant chercher le contrôleur, Alex (le prénom a été modifié) connait déjà la suite. Dans sa gare, l’adolescente n’a aucun moyen d’acheter un billet de train : pas de distributeur de billet, pas de guichet. PANG, en langage SNCF, signifie Point d’Accueil Non Géré. « L’application ne fonctionne pas… », s’excuse la jeune fille. Au lieu de payer son billet 3,70 euros, elle doit payer au minimum 10 euros, selon les nouvelles règles de tarification à bord, en vigueur depuis le 20 mars. Stacy n’a pas assez d’argent. Alors l’agent SNCF ferme les yeux et bricole un tarif permettant à la lycéenne d’éviter une amende de 100 euros… « Je ne vais pas pouvoir faire ça longtemps », annonce l’agent de Service Commercial Train (ASCT).
Jeunes et vieux en difficulté
Le train redémarre, direction Strasbourg. Il tangue parfois au milieu des forêts vosgiennes. Alex regarde le paysage défiler :
« Les usagers prennent ça pour du racket. C’est normal. Les personnes âgées n’ont pas internet, les mineurs n’ont pas de carte bancaire… Comment est-ce qu’ils doivent faire pour avoir un billet si même leur gare n’en propose pas ? »
Depuis mars, la SNCF applique une tolérance zéro pour les usagers du TER Grand Est sans billet. La nouvelle a pris les contrôleurs de court. Sans annonce préalable, une nouvelle tarification à bord est entrée en vigueur. Les agents de contrôle étaient en première ligne… « Tout est fait pour dissuader le voyageur de prendre un billet dans le train, explique Alex. Avec notre nouvel outil, il est impossible de faire payer le même tarif qu’au guichet. On peut utiliser un tarif exceptionnel mais on doit le justifier par la suite… »

« Nous rendre inutiles… »
Alex craint la généralisation des trains EAS, pour Equipement Agent Seul. Ces trois lettres symbolisent la fin progressive du métier de contrôleur classique. Car un train EAS peut circuler avec pour seul personnel à son bord le conducteur du train. Depuis 2017, la région Grand Est remplace progressivement les contrôleurs par des brigades sporadiques, la LAF, pour Lutte Anti-Fraude. « Tout ce qui est fait actuellement vise à nous rendre inutiles dans les trains », souffle le contrôleur.

Les portes automatiques se referment après un arrêt en gare d’Urmatt. Au départ du train, Alex doit vérifier que la sécurité des passagers est garantie. Il arpente le long couloir, vérifie la présence d’extincteurs, s’assure que personne n’a fait un malaise aux toilettes ou qu’aucun usager n’importune les autres voyageurs. « Dans les trains, il y a souvent des voyageurs qui s’imposent à des jeunes filles qui n’osent rien dire. C’est aussi mon boulot de les protéger », explique-t-il.
Sécurité au rabais ?
Alex s’inquiète aussi pour la sécurité des usagers. Lorsque tous les trains fonctionneront sans contrôleur, que feront les voyageurs en cas d’accident ou d’agression ? Le contrôleur répond avec un rire jaune, en montrant une affiche fraîchement collée dans le train : « Un danger ou un malaise (…) signalez-le : 3117 » Plus sérieuse, l’agent SNCF continue :
« En cas de retard, nous appelons la gare pour assurer des correspondances. En cas d’accident, nous sommes là pour poser des plots de sécurité, rassurer les voyageurs… Vous voyez un conducteur avec toutes ces responsabilités en plus ? »

Un problème en Alsace aussi
Le 16 octobre 2019, un TER percutait un poids lourd dans les Ardennes. L’accident a fait 11 blessés. Mais le vrai problème, selon le syndicat CGT : le conducteur était le seul agent à bord. Pour Arnaud Feltmann, secrétaire CGT des cheminots en Alsace, le problème touche aussi la région alsacienne :
« Ici aussi, plusieurs accident auraient déjà pu avoir lieu, suite aux trains sans contrôleur et problème d’alerte radio GSMR qui normalement permet d’arrêter tous les trains d’une zone en urgence. En cas d’accident, le contrôleur est formé à la sécurité ferroviaire, pour stopper les circulations, et aussi prendre en charge les voyageurs choqués et ou blessés. »
Anne Corbé, porte-parole de la SNCF, se veut rassurante. Elle évoque tout d’abord les RER en Île-de-France, qui « circule depuis des décennies sans contrôleur à bord. » Puis la responsable communication rappelle la « validation sécuritaire en amont » des trajets. Communication par interphonie du conducteur en cabine aux passagers, voire communication de la gare dans le train directement, pictogrammes invitant à composer le numéro 3117 en cas d’urgence… Selon la communicante, le contrôleur ne garantirait aucun supplémentaire dans le train : « La solution magique n’est pas qu’il y ait un contrôleur en plus dans chaque train. On pourrait très bien imaginer qu’un contrôleur soit touché aussi dans ce genre de situation. »
Mobilisation incertaine
Alex espère qu’une mobilisation reprendra à la rentrée 2019. Mais la dernière grève laisse un souvenir douloureux pour les cheminots. Ils se sont battus pendant des mois contre « des attaques d’une importance sans précédent » sans obtenir gain de cause…
Une autre menace selon le contrôleur : le recours de plus en plus régulier aux intérimaires… « Dans la vente, sur les quais mais aussi pour le contrôle de billets, assure-t-elle, à Nancy, j’ai vu ces jeunes en chasuble violette à la sortie du train. Ils faisaient les premiers contrôles pour rediriger les voyageurs sans billet vers des agents titulaires de la Lutte Anti-Fraude… » Et la femme de conclure : « C’est avec des CDD et des intérims qu’une entreprise rend la grève plus difficile. Les collègues peuvent subir un chantage à l’emploi. »
Il est inadmissible de pénaliser des dizaines de milliers de voyageurs qui dépendent du train pour des questions syndicales.
Ce n'est comme ça que la population prendra fait et cause pour les cheminots, en grève perpétuelle. Ce sont parmi les derniers en France à arrêter le travail plusieurs fois par an, et ceci depuis la seconde guerre mondiale !
Un contrôleur dans le train c'est bien, un train sur lequel je peux compter, c'est mieux.
Comment défendre le "service public" dans ces conditions ?
Les cheminots voudraient précipiter la privatisation du rail qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.
Honte aux syndicats jusqu'aux boutistes, qui condamnent la SNCF et la décrédibilisent de la sorte.
- plus de grèves à répétition pendant les vacances, les fêtes ou les examens
- des tarifs compétitifs car déconnectés du statut social XXème siècle des cheminots
- des interlocuteurs stables et professionnels pour les entreprises et leurs problématiques logistiques
- un personnel davantage soucieux du client que de syndicalisme militant...
et ce n'est pas demain la veille que je vais l'abandonner pour ces voleurs de la SNCF !!!!
pour info je susi parti à 58ans et neuf mois à la retraité et non à 55ans!
- on ferme des lignes, des gares,
- Plus de personnel pour d'adresse en urgence dans les trains,
- De moins en moins de fret, de + en + ce camions sur les routes,
- "dépersonnalisation" de la sncf avec la clientèle,
- Le ferroutage est merdique, agonisant alors qu'en Suisse il est florissant et OBLIGATOIRE de par la loi.
- Les belles gares de campagnes délaissées tombent en ruine, donc perte de patrimoine,
- Le Grand pEste n'est là que pour casser encore davantage le transport par rail et soutient les autoroutes,
Cette infrastructure dont le pays "était" fier sera volontairement appelée à enrichir des magnas du transport plutôt que servir les bonnes causes : - environnement et et service public.
Visiblement cette pratique ne semble pas se limiter au Grand Est. Je sors d'un TER Pays de la Loire et j'ai remarqué que la même affichette concernant les tarifs applicables aux personnes dépourvues de titre de transport était collée bien en évidence sur les portes d'accès au train.
Pour l'anecdote, ici aussi ils adoptent un nom fumeux comme notre "Fluo Grand Est" : TER Pays de la Loire devient...Aléop en TER Région Pays de la Loire !
Merci de ne pas propager vos informations devenue obsolètes depuis le 20 mars 2019, le tarif "distribution" que vous nommez n'a jamais existé, et depuis fin mars vous payerez plus cher à bord et ce quelque soit le contexte. Si vous doutez de les paroles je vous renvoie aux conditions générales présentées sur le site du TER Grand Est et affichées dans les trains.
Bonne journée ;-)
- Insuffisance de perception : 60€
- Indemnité forfaitaire : 80€
- Frais de dossier : 50€
Aucune réclamation possible, et si il ne paye pas sous 2 mois 375€ à la clef. Un véritable scandale, aucune boite du privé n’agirait ainsi.
C'est inacceptable et ne fait que décrédibiliser la SNCF.
Vous pouvez décider de passer votre chemin, après tout le pauvre il a l'air bien ennuyé. Là c'est simple, vous n'avez pas fait votre travail, celui pour lequel vous êtes mandaté et payé, vous avez violé le serment prêté au tribunal, et pire, vous vous êtes octroyé seule un pouvoir que personne ne vous a accordé, celui de décider qui est honnête ou non, et ça c'est grave.
La seule option que vous avez est de verbaliser, le "mauvais parcours" est une fraude courante, et le contrôleur assermenté n'a pas le droit de fermer les yeux.
Ça m'arrive plus souvent qu'à mon tour de décider que l'être humain n'est pas encore totalement pervers et perdu, et de passer l'éponge plusieurs fois par semaine. Toutefois mon employeur me signale de plus en plus fréquemment que mon comportement n'est pas en adéquation avec le travail attendu, et que vu ce qui se profile à la SNCF et sa privatisation, j'ai plutôt intérêt à rentrer dans le rang sinon gare au chômage.
Au delà de la pression de l'entreprise qui attend un travail précis, je pourrai également vous narrez les nombreuses fois où je n'ai pas été capable de faire mon job, devant des discours sur la pauvreté ou la précarité qui m'ont éteint le coeur, pour finalement se terminer sur le quai par un bras d'honneur et "je t'ai bien niqué bouffon", ce qui, là aussi, vous éteint peu à peu le coeur.
Je suis navré pour la facture que vous devez assumer, j'aurai préféré que des agents d'accueil soit encore présents sur le quai pour aiguiller vos enfants et éviter les erreurs de ce genre, mais c'est un autre débat.
Grâce à ce que vous partagez mon envie de monter au créneau retombe, preuve s'il en fallait encore que nous avons tous intérêt à ouvrir les yeux sur les réalités de chacun, et que laisser la parole à ceux qui sont accusés à tord est sans aucun doute la seule façon de sortir des divisions entre les citoyens.
Et pour vendre plus chère, il faut démontrer la rentabilité des lignes. Ce qui est en opposition au service public subventionné.
Par contre on est en droit de s’interroger sur la retraite à 53 ans pour les conducteurs et 57 pour les sédentaires mais aussi les billets gratuits (ou dérisoire) pour toute la famille.
Mais arretons les généralités de bas étage!