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Malgré les annulations, les festivals alsaciens devraient survivre au coronavirus

Aucun festival ne pourra se tenir avant « au moins » mi-juillet. Mises à mal par l’épidémie de Covid-19, les associations culturelles font désormais leur possible pour assurer leur survie et celles de leurs manifestations. À Strasbourg, Pelpass et Contre-Temps tiendront grâce à leur longévité.

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Malgré les annulations, les festivals alsaciens devraient survivre au coronavirus

Dans le Bas-Rhin, certains rendez-vous culturels sont cochés sur le calendrier des mélomanes et autres fêtards depuis plusieurs mois. Pelpass Festival en mai, Contre-Temps en juin, Décibulles en juillet… D’ordinaire, ces rendez-vous de musiques actuelles rythment la fin du printemps et le début de l’été. Il faudra faire sans en 2020.

À Strasbourg, l’association Pelpass devait ouvrir le bal avec la quatrième édition de son festival éponyme au Jardin des Deux-Rives, du jeudi 21 au samedi 23 mai. Un coup dur pour les bénévoles, même si les organisateurs avaient anticipé les dernières annonces du chef de l’État, comme l’explique Jérémie Fallecker, le directeur artistique :

« On avait une réflexion avec les membres du bureau de l’asso depuis déjà trois semaines. Pendant un temps, on a même envisagé un report au mois de septembre, mais c’était trop compliqué ! Certaines personnes clés étaient indisponibles, le calendrier était surchargé… On s’est dit qu’il valait mieux passer notre tour pour mieux revenir l’an prochain. »

Près de 43 000 € avancés

Contrairement à d’autres association culturelles dont la pérennité repose sur la tenue d’un évènement unique, Pelpass s’appuie sur des concerts et des festivals (Paye ton Noël, Fanfar’o’doï, Ind’hip’hop) qu’elle organise tout au long de la saison. « Le festival en lui-même paye une partie du fonctionnement de l’année : les salaires, la location des bureaux, des espaces de stockage », énumère Jérémie Fallecker.

En 15 ans d’activité, Pelpass a réussi à sécuriser sa trésorerie pour assurer sa survie dans le paysage associatif strasbourgeois, « à condition que la crise du coronavirus s’arrête à la fin de l’été » et qu’elle « ne revienne pas tous les ans ». Pour l’édition 2020, près de 43 000 euros ont tout de même été avancés : 20 000€ d’acomptes aux artistes, 15 000€ de salaires, ainsi que 8 000€ pour l’impression de flyers et d’affiches, des encarts publicitaires, des billets de train et d’avion :

« On a perdu 8 000€, toute la comm’ était là, prête à être distribuée. C’est un peu frustrant mais désormais, l’objectif est de négocier avec les tourneurs pour reprogrammer en 2021, les artistes prévus cette année… Histoire de ne pas perdre en plus tout l’argent versé. »

Jérémie Fallecker, directeur artistique du Pelpass Festival
L’un des deux chapiteaux du Pelpass Festival lors de l’édition 2019 (Photo Sophigraphie)

« Tout le monde est très compréhensif »

Étalé la deuxième quinzaine de juin, Contre-Temps a pu retarder au maximum ses premières dépenses. Passé le « flou artistique » du début de confinement, Stefan Robinot, le programmateur du festival et son équipe se concentrent à présent sur la phase d’annulation :

« Au moins on est fixés ! Notre timing faisait en sorte qu’on devait commencer à engranger les premières dépenses importantes à la mi-mars. On avait volontairement tout mis en stand-by en disant : On ne va pas se mettre en péril, on verra mi-avril et on refera le point. Mais globalement, tout le monde est très compréhensif. »

À Décibulles en 2019 (Photo Laurent Khrâm Longvixay / doc remis)

Seul salarié de l’association Dodekazz qui organise Contre-Temps, Stefan Robinot espère maintenir « à minima les Pelouses Sonores » , en les reprogrammant à la rentrée, au mois de septembre. Côté finances, le festival qui compte 16 éditions se relèvera grâce à « une gestion saine » et à « un peu de trésorerie qui [nous] permet d’appréhender sereinement l’annulation ».

Comme le Pelpass Festival et les Décibulles, Contre-Temps pourra en outre compter sur le versement des subventions publiques de la Région et du Département. La Ville de Strasbourg devait encore établir sa « doctrine » pour les événements d’été dans la semaine. Les deux associations de la capitale alsacienne envisagent également de placer à présent leur personnel (3 employés pour Pelpass, 1 pour Contre-Temps) au chômage partiel.

Final Beat de Contre-Temps 2018 (Photo Nagifero / doc remis)
Final Beat de Contre-Temps 2018 (Photo Nagifero / Document remis)

Une « absence de ligne claire »

Pour la Région Grand Est d’abord, le maintien des subventions en direction des associations employeuses est « une évidence », comme le détaille Pascal Mangin (LR), président de la commission Culture :

« Les associations qui ont une masse salariale en permanence sont les plus pénalisées, car elles doivent se concentrer sur le démontage de leur festival et ne peuvent pas encore demander de chômage partiel. Dans le Grand Est, la plupart des festivals sont indépendants et c’est tant mieux. On peut imaginer que le mécénat sera moindre cette année, ce qui rend le soutien de la Région encore plus précieux. »

L’élu régional regrette néanmoins « l’absence d’une ligne claire » de la part du gouvernement, en ce qui concerne la tenue ou non de certaines manifestations cet été : Qu’en est-il des petits festivals ? Des manifestations prévues après la mi-juillet ? Il cite l’exemple du voisin allemand, où « tous les événements de masse ont été annulés jusqu’au 31 août ». Ainsi qu’adviendra-t-il du Cabaret Vert à Charlevilles-Mézières prévu du 20 au 24 août ? Cette grande manifestation des Ardennes a déjà annoncé sa programmation et reçoit nombre de festivaliers de Belgique et d’Allemagne.

Des prêts bancaires à taux 0%

Même position pour le président du Conseil département du Bas-Rhin Frédéric Bierry (LR), pour qui la Culture jouera « un rôle encore plus important après la crise du Covid-19, au regard du lien social qu’elle génère ». C’est pourquoi, il a été voté en commission permanente le versement de l’ensemble des subventions prévues pour le volet fonctionnement annuel. L’élu départemental développe :

« Nous avons immédiatement débloqué toutes les subventions pour les associations que nous accompagnons tout a long de l’année. Pour les autres, celles que le Département accompagne pour l’organisation d’un événement précis, nous allons faire en sorte qu’elles ne soient pas en difficulté et puisse couvrir les frais non-recouvrables. »

Et Frédéric Bierry d’inviter toutes les associations qui embauchent à faire valoir leur droit au chômage partiel, qui sera versé par l’État. Enfin dernière mesure, en partenariat avec les conseils départementaux, la Région Grand Est a créé « Résistance », un fonds de 44 millions d’euros destiné à soutenir les petites entreprises et associations (de 1 à 20 salariés) qui auraient vu leur activité baisser de moitié. Il permet l’attribution de prêts bancaires à taux 0 %, jusqu’à 30 000€.


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