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Deux manifestations d’agriculteurs devant le Parlement européen mardi 6 février

Dans la continuité des blocages initiés mi-janvier, la Coordination rurale appelait à manifester devant le Parlement européen mardi 6 février. À quelques mètres, la Confédération paysanne et des organisations écologistes se rassemblaient pour dénoncer un projet de dérégulation des OGM.

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Deux manifestations d’agriculteurs devant le Parlement européen mardi 6 février

Deux mobilisations d’agriculteurs ont lieu à quelques mètres l’une de l’autre devant le Parlement européen mardi 6 février. D’un côté, la Coordination rurale. De l’autre, la Confédération paysanne accompagnée d’organisations écologistes. Tous souhaitent interpeller les députés qui siègent en session plénière du 5 au 8 février à Strasbourg.

La Coordination rurale pour une uniformisation des normes

La Coordination rurale rassemble, sur la journée, 200 agriculteurs venus d’Alsace, de Moselle, des Vosges et des Allemands devant l’entrée du Parlement européen. « C’est juste une mobilisation fixe, sans procession, mais certains rejoignent la manifestation en tracteur », précise Mathilde Roussi, animatrice du syndicat pour la Région Grand Est. Paul Fritsch, président de la Coordination Rurale du Bas-Rhin, entend se concentrer sur « le volet européen » des revendications de son syndicat :

« Nous ne sommes pas contre les normes environnementales, au contraire. Mais on ne peut pas nous imposer des contraintes tout en acceptant des produits d’importation qui ne respectent pas ces normes. C’est une concurrence déloyale. Donc ce qu’on demande à l’Europe, c’est d’uniformiser les choses et d’interdire les produits qui ne respectent pas nos standards. C’est aussi une question de santé publique. Regardez tous les cancers qu’il y a aujourd’hui. Ils ne viennent pas de nulle part. »

La Coordination rurale a envoyé une invitation « à chaque eurodéputé » pour exposer ses doléances. Pour l’instant, seuls des rendez-vous avec les élus du Rassemblement national Virginie Joron et Gilles Lebreton sont prévus. « Après on va nous dire que nous sommes d’extrême droite », regrette Paul Fritsch : « Moi je suis plutôt du côté des verts en réalité. J’aimerais aussi discuter avec Anne Sander (eurodéputée LR), c’est une Alsacienne qui se dit à l’écoute des agriculteurs alors ça serait la moindre des choses. »

La Confédération paysanne contre l’autorisation d’OGM

À partir de 12h, la Confédération paysanne manifeste sur le parvis du Parlement européen avec 12 autres organisations dont les Amis de la Terre et Générations Futures. Le même jour, les députés doivent débattre d’une proposition de déréglementation des OGM initiée par la Commission européenne. Cette dernière souhaite supprimer la traçabilité et l’étiquetage des OGM issus des nouvelles techniques génomiques. Ces OGM seraient ainsi considérés comme des variétés conventionnelles.

La Confédération paysanne avait déjà organisé un rassemblement à Sélestat mardi 30 janvier, pour défendre sa vision de l’agriculture.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

« L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’est prononcée contre cette déréglementation », souligne Pierre-Luc Laemmel, porte parole de la Confédération paysanne en Alsace. Dans un communiqué, le syndicat agricole estime que « la Commission européenne renie le principe de précaution et le droit de cultiver et de consommer sans OGM » :

« Cette suppression annonce la contamination et donc la disparition de l’agriculture biologique et sans OGM, ainsi que la confiscation de toutes les semences paysannes et traditionnelles par les brevets d’une poignée de société multinationale qui seront seules à décider de ce que nous aurons le droit de cultiver et de manger. »

La Confédération paysanne invite les eurodéputés à expliquer publiquement leur position et leur vote à partir de 14h.

Deux drones déployés

Dans un arrêté du vendredi 2 février, la préfecture du Bas-Rhin a décidé d’autoriser « la captation, l’enregistrement et la transmission d’images au moyen de caméras installées sur des aéronefs » au-dessus de ces manifestations. La police nationale peut donc utiliser deux drones de 8h à 19h « dans le périmètre géographique constitué par les voies et places suivantes : boulevard de Dresde, boulevard Pierre Pflimlin, rue René Cassin, avenue des droits de l’Homme, boulevard de Dordogne, boulevard Jacques Preiss, rue Ohmacht, place de Bordeaux et avenue Schutzenberger ».

Ce dispositif est notamment justifié, selon la préfecture, par « un risque sérieux de troubles à l’ordre public » et par « la configuration particulière des lieux avec de nombreuses rues qui permettent aux individus violents de se déplacer de manière très mobile et dispersée ». « On en a discuté avec la Confédération paysanne parce qu’on était étonné », souffle Paul Fritsch, de la Coordination rurale : « Je ne comprends pas à quoi ça leur sert. »


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