Attaque de manifestants contre la loi sécurité globale, appel à la chasse aux juifs, bagarre organisée au centre d’un village… Depuis 2019, Rue89 Strasbourg a chroniqué les violences du groupuscule de hooligans de Strasbourg Offender. Lundi 8 septembre, un décret ministériel prononçant la dissolution de ce « groupement de faits » a été publié. Sans existence officielle, les Strasbourg Offender se réunissaient derrière une banderole à leur nom en tribune Ouest du stade de la Meinau. Ils communiquaient régulièrement les résultats de leurs combats contre d’autres hooligans sur des canaux Telegram comme GruppaOf ou OuestCasual.
C’est la fin d’un long feuilleton lors duquel une trentaine d’hommes violents ont pu afficher leur idéologie néonazie et commettre leurs violences au sein du stade de la Meinau ainsi qu’à l’extérieur. Le décret relate une longue liste des faits reprochés aux membres de Strasbourg Offender. Entre novembre 2021 et mars 2022, plusieurs bagarres ont eu lieu avec des hooligans des MesOs de Reims, parfois suivies de rixe devant le domicile du meneur des MesOs à Reims. Le texte évoque aussi une attaque révélée par Rue89 Strasbourg visant des supporteurs du Paris Saint-Germain. Parmi les victimes de cette altercation figurait un proche de l’ex-joueur titulaire du Racing Club de Strasbourg Alsace, Jean-Ricner Bellegarde.
Saluts nazis et « chasse aux juifs »
Le premier fait d’armes des hooligans alsaciens remonte à juillet 2019. Le groupuscule publie une photo sur Telegram où plusieurs membres effectuent un salut nazi sur fond de drapeau à croix gammée et de bannière des Strasbourg Offender. En marge de la rencontre opposant le RCSA et le club du Maccabi Haïfa, les hooligans agressent une dizaine de supporters israéliens. Ils s’affichent ensuite sur Telegram en brûlant des écharpes du club de football d’Haïfa. La veille, une douzaine de membres du groupuscule avait appelé à une « chasse aux juifs » dans les rues du centre-ville strasbourgeois. « Un membre de « Strasbourg Offender » a été interpellé la veille du match pour avoir appelé l’hôtel Ibis Strasbourg Centre Halles en se faisant passer pour un policier dans le but d’obtenir « des informations sur des Israéliens », précise le décret concernant le volet antisémite du groupuscule.
L’antisémitisme se trouve aux racines du groupement. Le décret évoque aussi le passé du leader des hooligans de Strasbourg Offender. « M. A » est un ancien « Elsass Korps », du nom du groupuscule fondé en 1993 et lui-même dissous administrativement car impliqué dans la profanation de cimetières juifs en Alsace. Selon nos informations, M. A est un ancien membre d’une liste du Front National présentée aux élections municipales de 2014 à Haguenau.
Un drapeau algérien brûlé
Concernant la xénophobie des hooligans strasbourgeois, le décret établit que les Strasbourg Offender « commettent et légitiment des actes incitant à la haine envers des individus en raison de leur origine, de leur appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Le texte mentionne aussi un fait plus récent :
« Le 7 janvier 2025, un membre des « Strasbourg Offender » a été condamné à 500 euros d’amende assorti d’une interdiction de stade de trois ans pour avoir brûlé, en tribune, un drapeau algérien, le 29 septembre 2024, à Marseille, durant la rencontre entre le Racing Club de Strasbourg Alsace et l’Olympique de Marseille. »
Le décret ministériel n’évoque pas la « patrouille » organisée par les hooligans néonazis en décembre 2023 en marge de la demi-finale de la coupe du monde opposant la France au Maroc. Il omet aussi de mentionner la mise en examen pour trafic d’armes illégal d’un des membres du groupuscule en juin 2022.
Bonne nouvelle pour les ultras ?
Il est désormais interdit aux Strasbourg Offender d’arborer leur drapeau et d’organiser des événements. Leur bannière, encore visible à plusieurs reprises en 2025 au stade de la Meinau, ne devrait plus être accrochée en tribune Ouest. Cette dissolution pourrait être une bonne nouvelle pour les ultras strasbourgeois. Ces derniers subissent depuis de nombreuses années une répression liée aux violences commises par les hooligans. Encore faudrait-il que la répression étatique ne s’abatte pas indistinctement sur les supporters et les hooligans. Ces derniers entachent aussi la réputation des ultras, régulièrement confondus avec des hooligans.



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